Mort d'Elisa Pilarski tuée par son chien : procès requis contre son compagnon Christophe Ellul

Christophe Ellul pourrait être jugé pour "homicide involontaire" après la mort de sa compagne Elisa Pilarski, attaquée par son chien en novembre 2019. Le parquet de Soissons a requis son renvoi en correctionnelle, mettant en avant des éléments accablants le visant.
Mort d'Elisa Pilarski tuée par son chien : procès requis contre son compagnon Christophe Ellul
Élisa Pilarski était âgée de 29 ans lorsqu'elle a été tuée. (DR)
Par La Rédaction
Le vendredi 24 mai 2024 à 20:34

Le parquet de Soissons a requis ce vendredi le renvoi en correctionnelle de Christophe Ellul pour "homicide involontaire" après la mort de sa compagne Elisa Pilarski, décédée des suites de morsures canines dans une forêt de l’Aisne en novembre 2019.

L’instruction a permis de "réunir des charges suffisantes" pour identifier le seul animal à l’origine des blessures ayant causé la mort de la victime, à savoir "le chien Curtis, appartenant à M. Christophe Ellul", écrit le parquet dans un communiqué. Elisa Pilarski, âgée de 29 ans et enceinte de six mois, avait été retrouvée morte le 16 novembre 2019 dans une forêt de l’Aisne, à Saint-Pierre-d’Aigle (Aisne), où elle promenait Curtis à proximité d’une chasse à courre, après une "hémorragie consécutive à plusieurs morsures", selon l’autopsie.

Le parquet a souligné que les éléments de l’information judiciaire "ont permis d’écarter l’hypothèse d’une attaque de la jeune femme par les chiens de la chasse à courre". Christophe Ellul a toujours clamé l’innocence de son chien, désigné par l’accusation comme un "American Pitbull Terrier, provenant d’un élevage des Pays-Bas et introduit illégalement en France par son acquéreur". Il avait été mis en examen en mars 2021 "pour avoir par maladresse, imprudence, inattention, négligence ou manquement à une obligation de prudence ou de sécurité (...) involontairement causé la mort" de sa compagne.

Un «chien dangereux, alors qu'elle n'en connaissait pas pleinement le comportement»

Le procureur a précisé que les réquisitions se basent sur des éléments "issus des échanges téléphoniques entre Christophe Ellul et Elisa Pilarski, des témoignages et des éléments objectifs communiqués par les participants à la chasse à courre". Des analyses ADN et la comparaison des mâchoires des différents animaux avec les lésions retrouvées sur le corps d’Elisa Pilarski ont également été déterminantes.

Selon le parquet, le mis en cause a "laissé à la garde" de la victime un "chien dangereux, alors que celle-ci était enceinte et qu’elle n’en connaissait pas pleinement le comportement", lui faisant ainsi courir "un risque grave". La "détention irrégulière d’un chien dangereux" et ses "modalités de dressage" pouvant être assimilées à une forme de "maltraitance", apparaissent constitutives de "circonstances aggravantes".

Me Xavier Terquem-Adoue, l’avocat de la famille d’Elisa Pilarski, a réagi auprès de France 3, et a relevé ces circonstances aggravantes : "Pour un homicide involontaire, la peine encourue est de cinq ans. Avec une circonstance aggravante, c’est sept ans, avec plus de deux circonstances aggravantes, c’est dix ans. Et j’en ai douze !". Parmi elles, le fait que Curtis ait été illégalement importé en France, ne portait pas de muselière, que son maître ne possédait pas de permis de détention pour un tel chien, ni n’ait procédé à une évaluation comportementale de son animal. Curtis, qui n’était pas stérilisé, avait été dressé au mordant.

La famille soupçonne Christophe Ellul d'avoir modifié la scène de découverte

La famille de la victime s’interroge sur plusieurs points, notamment le délai d'1 heure 40 entre le moment où Elisa Pilarski, alors attaquée par Curtis, a appelé son compagnon à l’aide, et le moment où celui-ci a appelé les secours. La famille le soupçonne d’avoir modifié la scène de découverte du corps avant leur arrivée. Pour ces faits, Me Terquem-Ardoue a déposé deux recours devant la chambre d’instruction de la cour d’appel.

Les réquisitions du parquet étant définitives, le juge d’instruction a désormais pour charge de rendre une ordonnance de règlement, et d’opter soit pour un renvoi devant le tribunal correctionnel, soit pour un non-lieu.