Un policier renvoyé aux assises pour des tirs mortels sur un automobiliste, Olivio Gomes, en 2020

Un policier, membre d'une brigade anticriminalité (BAC) de nuit parisienne, sera jugé pour le meurtre d'Olivio Gomes, tué par balles en 2020 à Poissy après une filature. L'ordonnance de mise en accusation remet en question la proportionnalité de l'usage de l'arme par le fonctionnaire.
Un policier renvoyé aux assises pour des tirs mortels sur un automobiliste, Olivio Gomes, en 2020
Illustration. (Guillaume Bonnefont/Ip3 Press/Maxppp)
Par Actu17
Le lundi 29 janvier 2024 à 23:59

Un policier sera jugé devant une cour d'assises pour meurtre. Ce fonctionnaire, affecté au moment des faits dans une brigade anticriminalité (BAC) de nuit parisienne, a été renvoyé ce lundi 29 janvier en procès pour avoir tué par balles Olivio Gomes, un automobiliste qu'il avait pris en filature, en 2020 jusqu'à Poissy (Yvelines).

Le policier est soupçonné d'avoir tué ce conducteur après l'avoir pris en filature jusqu'en bas de chez lui, dans la cité Beauregard, dans la nuit du 16 au 17 octobre 2020. Durant l'instruction, le mis en cause a reconnu être l'auteur des tirs mais a nié toute intention de meurtre.

Olivio Gomes, qui se trouvait avec deux passagers de 29 et 33 ans, avait été repéré par le policier, âgé de 29 ans au moment des faits, et deux de ses collègues de la BAC, alors qu'il faisait "des embardées entre les voies au milieu d'une circulation importante" sur le boulevard périphérique parisien, selon les déclarations des policiers à l'inspection générale de la police nationale (IGPN), citées dans l'ordonnance de mise en accusation consultée par l'AFP.

Les forces de l'ordre ont discrètement suivi la voiture des trois hommes, tous originaires des Yvelines, sur le périphérique puis sur l'autoroute A13. Dans leurs auditions, les fonctionnaires avaient évoqué initialement un refus d'obtempérer de la part de l'automobiliste. Mais leur version a été contredite par l'exploitation des vidéosurveillance du boulevard périphérique. Selon l'ordonnance de mise en accusation, bien que roulant vite, le véhicule d'Olivio Gomes ne commettait aucune infraction au code de la route.

Touché par trois tirs

Peu après, le conducteur, sans permis, sous l'empire de la drogue et ayant consommé de l'alcool, a immobilisé sa voiture à Poissy, au pied de son domicile. Expliquant que le conducteur a redémarré et lui a foncé dessus, le policier en cause a indiqué avoir ouvert le feu. Olivio Gomes a été touché par trois tirs : à l'épaule, au cou et à l'omoplate gauche, ce qui a conduit à l'ouverture d'une information judiciaire pour meurtre, le 21 octobre 2020. Le policier avait alors été mis en examen puis placé sous contrôle judiciaire.

Le fonctionnaire a assuré avoir ouvert le feu "pour protéger sa vie", est-il précisé dans l'ordonnance de mise en accusation. Selon les conclusions de la juge d'instruction, ces trois tirs n'étaient pas une solution "proportionnée". L'analyse des trajectoires des deux derniers tirs, "de profil par rapport au conducteur" puis "d'arrière en avant", "démontre très clairement que le véhicule passait devant lui et qu'il ne se trouvait pas sur la trajectoire d'un véhicule lancé à vive allure contre lui qui s'apprêtait à le percuter".

«Aucun élément objectif» ne démontrait la dangerosité du conducteur

Les faits ne sont pas intervenus "à l'issue d'une course-poursuite" et "aucun élément objectif" ne démontrait la dangerosité du conducteur ou des passagers. La situation "ne paraît pas alors être génératrice d'un stress anormal ou (...) supérieur à ce qu'un policier normalement entraîné doit être capable d'affronter", peut-on également lire. "Rompu au maniement des armes, il [le policier] a délibérément fait feu à trois reprises sur Olivio Gomes avec une arme létale, à courte distance, en visant et atteignant le torse de la victime, ce dont il peut être déduit qu'il était animé d'une intention homicide au moment des faits", est-il écrit dans l'ordonnance de mise en accusation.