Législatives : Pas de consignes de vote des syndicats de police, Alliance dénonce des candidats «anti-flics notoires»

Les principaux syndicats de gardiens de la paix et gradés de la police nationale n'ont pas souhaité donner de consignes de vote à l'approche des scrutins des 30 juin et 7 juillet. Alliance Police Nationale a publié ce jeudi une lettre ouverte dans laquelle l'organisation dénonce des candidats "anti-flics notoires".
Législatives : Pas de consignes de vote des syndicats de police, Alliance dénonce des candidats «anti-flics notoires»
Illustration. (Gerard Bottino / Shutterstock)
Par La Rédaction
Le jeudi 20 juin 2024 à 22:13 - MAJ vendredi 21 juin 2024 à 10:54

À dix jours du premier tour des élections législatives anticipées, le syndicat Alliance Police Nationale dénonce, dans une lettre ouverte ce jeudi, les "anti-flics notoires", visant "certains députés sortants et candidats nouveaux prêts à racoler pour une poignée de voix", sans les citer.

L'organisation, qui affirme être un "syndicat libre, indépendant et apolitique", et qui n'a pas donné de consignes de vote, se dit "ulcérée de voir des pseudo-militants politiques s’essuyer les pieds sur les valeurs de la République alors que nous en sommes les premiers serviteurs et les derniers remparts". "'A bas les flics', 'Un flic suicidé à moitié pardonné', 'Tout le monde déteste la police', 'Police assassine', 'La Police tue' : autant de déclarations qui doivent être condamnées sans rester dans l’indifférence générale", ajoute le syndicat de gardiens de la paix et gradés.

Le syndicat "estime que la première des libertés du citoyen est sa sécurité" et que c'est "le fondement du pacte républicain dont les policiers sont les garants que certains essaient désormais de "saper" à des fins inavouables". Alliance propose ensuite à "ces mêmes élus" qui "pensent que les forces de l'ordre sont dangereuses" et qu'elles sont "des bourreaux (...), de signer une décharge de protection et de sécurité en indiquant clairement qu’ils ne veulent pas être protégés en cas de menaces avérées sur leur personne".

«Choisir l'honneur plutôt que la veulerie»

L'organisation, qui a déjà pointé du doigt à plusieurs reprises par le passé les positions de Jean-Luc Mélenchon et de La France insoumise (LFI), "met en garde les policiers, l'ensemble des forces de sécurité et tous les citoyens qui aiment leur police face à ces 'haineux'" et "continuera de soutenir tous les élus qui soutiennent leurs policiers quelle que soit leur appartenance". En conclusion, le syndicat "rappelle à certains qui pactisent avec les 'haineux' qu'il est encore temps de se désolidariser (...) et de choisir l'honneur plutôt que la veulerie".

«Alliance fait de la politique syndicale, pas politicienne»

"Nous refusons d’appeler à voter pour ou contre quelqu’un, c’est un choix individuel effectué dans le secret de l’isoloir", souligne Éric Henry, délégué national du syndicat Alliance Police Nationale, à Actu17. "Alliance fait de la politique syndicale, pas politicienne. Nous sommes apolitiques, même si certains veulent avec mauvaise foi et dogmatisme nous cataloguer. Dans la sphère privée, nos collègues, nos délégués, nos adhérents, sont des citoyens comme les autres qui font ce qu’ils veulent. Un délégué syndical de notre organisation, qui fait le choix de s’engager sur cette élection nationale, doit démissionner de son mandat conformément à la ligne fixée par notre syndicat. Notre seul objectif est de défendre les intérêts matériels et moraux de nos adhérents et des policiers. Nous n’oublions pas nos collègues qui sont pressurisés par toutes les missions dont les Jeux olympiques à venir, les risques de manifestations violentes de l'entre-deux tours ou à l’issue du scrutin".

«Les policiers n'attendent pas d'un syndicat qu'il leur dise pour qui voter»

Le syndicat UNSA Police, qui a fait liste commune avec Alliance lors des dernières élections professionnelles, n'a pas non plus donné de consignes de vote. "L'UNSA Police combat les discriminations et les injustices, c’est notre fondement syndical", réagit Thierry Clair, secrétaire général de l'organisation, à Actu17. "Nous sommes attachés aux valeurs de la République et nous ne donnons pas de consignes de vote en faveur de tel ou tel candidat. Les policiers n'attendent pas d'un syndicat qu'il leur dise pour qui voter, mais bien qu'il défende leurs conditions de travail. C'est pour cela qu'ils nous ont élus".

«L'essentiel est de rappeler que nous sommes une police républicaine au service de tous»

Même son de cloche du côté du syndicat Un1té, qui a récemment changé de nom. "Nous nous devons de rester fidèles à la charte d’Amiens en demeurant indépendants politiquement", explique Linda Kebbab, secrétaire nationale de l'organisation. "C'est d’ailleurs une des forces de notre organisation. L'essentiel est de rappeler que nous sommes une police républicaine au service de tous. Quant à ceux qui ont fait de nous un objet électoral en nous ciblant, chaque appel 17, chaque intervention auprès des victimes, chaque action de police, les fait mentir et leur impose de reconnaître que sans police, notre pays vacille".

"Nous nous sommes gardés de prendre position sur telle ou telle ligne politique durant cette campagne mais on n'a pas pu rester de marbre face à la nomination de Philippe Poutou à Trèbes (Aude)", poursuit Linda Kebbab. "Et nous avons officiellement appelé les partis politiques à se désolidariser de ce qui s’est passé samedi dernier à la manifestation parisienne". Un manifestant est venu à ce rassemblement, organisé par les partis de gauche et des organisations syndicales, avec une pancarte sur laquelle il était écrit : "1 flic qui meurt = 1 vote RN en -". "Notre confédération FO a refusé d'appeler à manifester pour ne pas déroger à l'indépendance politique, au contraire de l'UNSA et de la CFDT, mettant leurs organisations policières dans l'embarras", note Linda Kebbab.