Meurtre de Vanesa Campos : 15 et 20 ans de réclusion requis contre les principaux accusés

Des peines requises qui sont à la hauteur de la "gravité des faits" a appuyé l'avocat général.
Meurtre de Vanesa Campos : 15 et 20 ans de réclusion requis contre les principaux accusés
Croquis d'audience du procès de neuf Égyptiens accusés du meurtre en août 2018 de Vanesa Campos, le 11 janvier 2022 à la cour d'assises de Paris. (AFP)
Par Actu17
Le jeudi 27 janvier 2022 à 17:12

La victime était seule face à une "meute" : l'accusation a requis jeudi à Paris des peines de quinze à vingt ans de réclusion à l'encontre de deux hommes accusés du meurtre "sordide" au bois de Boulogne en 2018 de Vanesa Campos, travailleuse du sexe transgenre sans-papier.

L'avocat général Olivier Auféril a demandé la plus lourde peine, vingt ans de réclusion criminelle, pour Mahmoud Kadri, 24 ans, désigné par l'ensemble de ses coaccusés comme celui qui avait tiré sur Vanesa Campos dans la nuit du 16 au 17 août 2018, ce qu'il conteste. A l'encontre de Karim Ibrahim, 29 ans, également renvoyé devant la cour d'assises de Paris pour "meurtre en bande organisée", le représentant de l'accusation a sollicité une requalification en "complicité de meurtre" et une peine de quinze ans de réclusion.

L'avocat général a par ailleurs requis des peines de cinq ans d'emprisonnement, dont l'une assortie du sursis, contre six autres accusés âgés de 23 à 34 ans, pour leur participation à l'expédition punitive ayant conduit au meurtre ou pour le vol de l'arme du crime. L'accusation a demandé que ces peines soient assorties pour les huit hommes d'origine égyptienne d'une interdiction de port d'arme et une interdiction, d'une durée de dix ans ou définitive, du territoire français.

"Galvanisés par un sentiment de toute-puissance"

Ces peines sont, selon le ministère public, à la hauteur de la "gravité des faits" : le meurtre "dans des conditions sordides" de Vanesa Campos, Péruvienne de 36 ans tuée près de son lieu de travail, dans l'un des endroits les plus reculés du bois de Boulogne. Le soir des faits, cette travailleuse du sexe transgenre s'était retrouvée "nue, sans défense, face à l'arrivée (d'une) meute", un groupe d'au moins une dizaine de jeunes hommes, armés et "galvanisés par un sentiment de toute-puissance", a souligné Olivier Auféril.

Ces voleurs détroussaient depuis plusieurs années les clients de travailleuses du sexe trans sud-américaines, ce qui les avaient contraintes à engager des hommes pour les protéger. Cette bande voulait "reprendre la maîtrise du territoire en faisant cesser la résistance des prostituées", a pointé l'avocat général.

"Versions contradictoires"

Dans cette affaire où "plusieurs versions s'affrontent", des "versions contradictoires, évolutives, incompatibles avec les constatations" des enquêteurs sur les lieux, le représentant de l'accusation a indiqué procéder "par déductions". "La scène a commencé avec des violences avec des armes blanches sur Vanesa"Campos, puis "Karim Ibrahim l'a frappée" avec une matraque, a-t-il avancé.

Qui a tiré avec le pistolet dérobé une semaine avant dans la voiture d'un policier alors qu'il se trouvait avec une prostituée ? Est-ce Karim Ibrahim, comme l'affirme - et il est le seul - Mahmoud Kadri, pour qui ses coaccusés "se sont mis d'accord" pour le désigner coupable ? Cette "théorie du complot m'apparaît peu crédible", a balayé l'avocat général, pour qui "Mahmoud Kadri est le tireur" et Karim Ibrahim, qui a "eu un rôle moteur dans l'organisation de l'expédition", son "complice".

Olivier Auféril a demandé que l'accusation de "meurtre en bande organisée" reprochée à un troisième homme, Aymen Dib, soit requalifiée en participation à une association de malfaiteurs, "aucun élément" n'ayant selon lui confirmé qu'il avait bien porté un coup de couteau à la victime.

Verdict ce samedi

L'enquête sur le meurtre de Vanesa Campos n'a pas été "complète, parfaite", a reconnu l'avocat général, certains des participants à l'expédition du 16 août 2018 étant "passés entre les mailles du filet""Mais ce n'est pas une raison pour désarmer la répression à l'égard" des huit hommes renvoyés devant la cour, en situation irrégulière en France et dont certains ont des antécédents judiciaires, a appuyé M. Auféril.

Son réquisitoire de deux heures et demi, après quinze jours d'une audience chaotique et marquée par divers incidents, a été interrompu par les insultes à son égard d'un des accusés, Mahmed A., qui a été expulsé une nouvelle fois du box. L'audience a repris en début d'après-midi avec les premières plaidoiries de la défense. Verdict attendu samedi.