
La mort de la présidente de l’association « Mobilisation des Policiers en Colère » (MPC) Maggy Biskupski, a été un choc dans le monde des forces de l’ordre, mais également dans l’opinion publique et dans le monde politique.
L’association MPC a décidé de rendre hommage à sa présidente qui s’est donnée la mort ce lundi soir, à son domicile de Carrières-sous-Poissy (Yvelines), avec son arme de service. « La patronne s’en est allée à la manière de ceux qu’elle aurait tant voulu protéger » écrit l’association dans un communiqué diffusé sur Facebook et Twitter.
Une marche blanche qui se déroulera à Paris au Trocadéro, le samedi 24 novembre à 14 heures.
« Venez revêtus de votre tristesse, mais aussi de vos sourires, de vos rires, de votre colère et de votre hargne ! JUSTE COMME MAGGY ! Montrons à Maggy qui était notre voix, qu’elle n’était pas seule, et qu’elle ne l’est toujours pas ! » explique le communiqué.
📛 Notre deuil doit être notre force.
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🕊️ La patronne s’en est allée à la manière de ceux qu’elle aurait tant voulu protéger.
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📢🌹 Une marche blanche pour lui rendre hommage le SAMEDI 24 NOVEMBRE 2018 à 14h00 – PLACE DU TROCADERO A PARIS.#police #policiers #Maggy pic.twitter.com/K5lyQqYVSN— Association MPC (@association_mpc) 14 novembre 2018
De l’anonymat aux plateaux de télévision
L’association MPC est née au lendemain de l’attaque des policiers à Viry-Châtillon (Essonne), en octobre 2016. Une attaque au cocktail molotov où deux policiers avaient été très gravement blessés. Après cette attaque, des centaines de policiers avaient bravé leur devoir de réserve et avaient défilé dans les rues de Paris mais également dans de nombreuses villes de province, pour dénoncer leur malaise, leur ras-le-bol et leur manque de moyens.
Maggy Biskupski, 36 ans, policière de la BAC de nuit de Sartrouville (Yvelines) était la présidente de cette association de policiers en colère et apparaissait régulièrement sur les plateaux de télévision, souvent en compagnie de son adjoint Guillaume Lebeau. Connue pour son caractère bien trempé, elle était devenue le visage des « policiers en colère ». Sa volonté de dénoncer la situation difficile voir parfois catastrophique des policiers en France, l’avait conduite jusqu’au Sénat, où elle avait été auditionnée avec Guillaume Lebeau, dans le cadre de la commission d’enquête sur l’état des forces de sécurité intérieure, le 7 février dernier.
Réécouter ces mots de #MaggyBiskupski, après avoir pris connaissance de la nouvelle tragique de son suicide…
Il y a des causes et des combats qu’il ne faut pas laisser mourir, mais qu’il faut au contraire, contribuer à perpétuer. 🙏🏼 #Hommage #Police pic.twitter.com/TbA7Z9ZFYz
— Alisa (@alskova) 12 novembre 2018
Maggy Biskupski était l’une des policières présentes face à Yann Moix, lorsque ce dernier avait dérapé sur le plateau de Thierry Hardisson, accusant les policiers de « chier dans leur froc ».
Plus récemment, elle était intervenue sur le plateau de « Balance ton post » le vendredi 19 octobre, en compagnie de Guillaume Lebeau, après avoir été invités par Cyril Hanouna. Les deux policiers s’étaient retrouvés face à Théo Luhaka et la fondatrice du collectif « urgence notre police assassine » Amal Bentounsi, dans un échange très direct.
Je suis très choqué et profondément triste de la disparition de #MaggyBiskupski cette policière qui aimait tant son métier.J ai eu la chance de la rencontrer c était une personne sincère et qui voulait faire bouger les choses.Grosse pensée pr sa https://t.co/sv2LXJqrzU suis si 😢
— Cyril Hanouna (@Cyrilhanouna) 12 novembre 2018
Les deux fonctionnaires faisaient également l’objet d’une enquête de l’Inspection générale de la police nationale (IGPN) pour «manquements» au devoir de réserve.
« L’impression d’emmerder le citoyen lambda qui s’est mal garé plutôt que les vrais délinquants »
Longuement interrogée par Le Figaro en janvier dernier, Maggy Biskupski n’y était pas allée par quatre chemins, évoquant « les pièges à souris » dans son commissariat, « les locaux à moitié inondés quand il pleut », « l’odeur d’égouts infâme dans le vestiaire », mais surtout « le manque d’effectifs et de véhicules ».
Dénonçant la politique du chiffre, elle avait expliqué qu’elle « avait l’impression d’emmerder le citoyen lambda qui s’est mal garé plutôt que les vrais délinquants ». « Tu finis par t’habituer à ce qu’une partie de la population te déteste » avait-t-elle ajouté.
Le parquet a ouvert deux enquêtes
Deux enquêtes ont été ouvertes par le parquet de Versailles après le suicide de la présidente de l’association MPC, l’une pour déterminer les circonstances exactes de la mort, la seconde contre X, pour « abus de confiance ». Maggy Biskupski aurait avoué à ses collègues policiers avoir détourné quelques milliers d’euros des caisses de l’association.