Évasion de Mohamed Amra : «Je le sens pas ce transfert», avait confié Arnaud Garcia à sa femme

Près de dix jours après l'attaque d'un convoi pénitentiaire dans l'Eure, Mary Garcia, l'épouse d'Arnaud Garcia, l'un des agents tués lors de l'évasion de Mohamed Amra, partage sa douleur et sa colère. Fier de son métier et très attaché au secret professionnel, Arnaud Garcia avait exprimé un mauvais pressentiment avant le transfert du détenu. Le jour de l'attaque, il a été tué d'une balle en pleine tête.
Évasion de Mohamed Amra : «Je le sens pas ce transfert», avait confié Arnaud Garcia à sa femme
Arnaud Garcia. (Famille/DR)
Par Actu17
Le jeudi 23 mai 2024 à 17:03

Mary Garcia, l'épouse d'Arnaud Garcia, l'un des deux agents pénitentiaires tués lors de l'attaque du fourgon pénitentiaire dans l'Eure, a livré son témoignage à Paris Match. Elle a exprimé sa colère et a décrit les derniers moments partagés avec son mari avant sa mort.

Arnaud Garcia est parti tôt le matin du 14 mai pour sa mission de transfert de détenu. "On s'est souhaité bonne journée après notre 'Je t'aime' habituel", confie Mary Garcia. Cependant, Arnaud avait un mauvais pressentiment ce jour-là. "C'est bizarre, je le sens pas ce transfert. Je ne sais pas pourquoi, mais je le sens pas", avait-il confié à sa femme.

Mary Garcia, aide-soignante en soins palliatifs de 35 ans et actuellement enceinte, explique que son mari "était fier de travailler pour la justice" et "détestait l'injustice". Il gardait souvent les secrets de son travail, lui révélant seulement que le détenu qu'il devait transporter était "un mis en examen pour complicité d'assassinat". Elle ajoute : "Il était très attaché au secret professionnel". Arnaud Garcia avait rejoint récemment le pôle des extractions judiciaires après 15 ans en tant que surveillant de détention. "Il en avait marre de son train-train", précise Mary Garcia, mais il était habitué à transporter des personnes au lourd casier judiciaire. "Ça n'était pas la première fois qu'il transportait ce genre de prévenu".

Vers 10h50 ce mardi matin, Arnaud a envoyé un SMS à sa femme : "Tout va bien. Je serai rentré vers 17h, je t'aime".Sept minutes plus tard, le convoi pénitentiaire a été attaqué par plusieurs malfaiteurs lourdement armées. Arnaud Garcia a été abattu d'une balle en pleine tête.

«Il n’a pas eu le temps de tirer»

Mary Garcia raconte qu'elle a appelé son mari "près de 40 fois" sur son téléphone personnel et professionnel après avoir appris l'attaque du fourgon. Un collègue présent dans le deuxième convoi lui a expliqué les circonstances de l'attaque. "Il m’a raconté qu’au moment d’arriver au péage, ils décidaient de l’endroit où ils iraient déjeuner avec les autres, devant. Bref, ils ont parlé cuisine".

"Aussitôt après l’attaque du premier véhicule, Arnaud a ouvert sa portière, main sur son arme mais il n’a pas eu le temps de tirer. J’appréhendais de voir son visage, mais j’ai été rassurée", confie Mary Garcia qui considère la mort de son mari comme "un assassinat".

Arnaud Garcia a été décoré de la Légion d'honneur à titre posthume lors d'une cérémonie d'hommage ce mercredi 22 mai, aux côtés de son collègue Fabrice Moello. Le Premier ministre Gabriel Attal a rendu hommage aux deux agents, rappelant la brièveté mais l'intensité de l'attaque : "Trois minutes, c’est le temps qu’aura duré cette attaque, trois minutes et pourtant une éternité".