Le plus grand narcotrafiquant de Colombie «Otoniel» extradé vers les États-Unis

"Otoniel", présenté comme le "trafiquant de drogue le plus dangereux du monde", est poursuivi pour trafic de drogue depuis 2009 devant un tribunal de New York et sa tête était mise à prix 5 millions de dollars par les États-Unis.
Le plus grand narcotrafiquant de Colombie «Otoniel» extradé vers les États-Unis
Le narcotrafiquant Antonio Usuga, alias "Otoniel", lors de son transfert à l'aéroport de Bogota mercredi 4 mai 2022 pour être extradé aux États-Unis où il doit être jugé par un tribunal de New York. (Colombian Presidency/AFP)
Par Actu17 avec AFP
Le jeudi 5 mai 2022 à 11:06

Le plus grand narcotrafiquant de Colombie, "Otoniel", chef du Clan del Golfo, a été extradé mercredi vers les États-Unis où il est réclamé par un tribunal de New-York, a triomphalement annoncé le président colombien Ivan Duque. "Je tiens à informer que Dairo Antonio Usuga, alias Otoniel, a été extradé", a déclaré dans la soirée le président colombien sur Twitter, estimant que "ce criminel ne peut être comparé qu'à Pablo Escobar", célèbre narcotrafiquant co-fondateur du tristement célèbre Cartel de Medellin, abattu par la police en 1993.

Narcotrafiquant le plus recherché de Colombie, "Otoniel", âgé de 50 ans, avait été arrêté le 23 octobre dans le nord-ouest du pays lors d'une vaste opération militaire. Il est poursuivi pour trafic de drogue depuis 2009 devant un tribunal de New York et sa tête était mise à prix 5 millions de dollars par les États-Unis. "Il s'agit du trafiquant de drogue le plus dangereux du monde, du meurtrier de leaders sociaux et de policiers, d'un violeur d'enfants et d'adolescents. Aujourd'hui, la légalité, l'État de droit, la force publique et la justice triomphent", s'est félicité le chef de l’État colombien.

Les médias locaux ont diffusé les images d'un convoi d'imposants véhicules blindés, escortés de policiers lourdement armés, se rendant vers l'aéroport de Bogota. La présidence a également publié des photos d'"Otoniel", menotté et veste grise, à bord d'un jet, peu avant le décollage de l'appareil. Des proches des victimes d'Otoniel avaient demandé une "suspension" de l'extradition, estimant que cette procédure allait "soustraire à la justice un chef paramilitaire qui a commis des crimes contre l'humanité dans notre pays". Ils invoquaient leur droit de connaître la vérité et de recevoir des réparations.

Mais la justice colombienne a finalement donné son feu vert à son extradition, a indiqué à l'AFP l'équipe de défense de M. Usuga. Et une fois sa peine accomplie aux États-Unis, le chef du Clan del Golfo "reviendra en Colombie payer pour tous ses crimes commis dans notre pays", a assuré mercredi le chef de l’État colombien.

«Qui a peur d'Otoniel»

Le président Duque a "remercié" la Cour suprême, le Conseil d’État ainsi que la JEP (une juridiction spéciale enquête sur le conflit armé en Colombie) "pour avoir évité les manipulations intentionnelles de ce criminel pour tenter d'éviter cette extradition". La détention sous haute surveillance à Bogota du baron de la drogue a été marquée par plusieurs incidents et polémiques. Des enregistrements de ses témoignages devant la Commission de la vérité, instance qui enquête sur les violations des droits humains pendant le conflit armé en Colombie jusqu'à la signature de l'accord de paix de 2016, ont été volés par des inconnus.

La police colombienne avait également interrompu une audition d'"Otoniel", disant soupçonner une tentative d'évasion. "Qui a peur d'Otoniel", avait notamment titré le média en ligne indépendant Cambio, estimant que certains voulaient faire taire le narcotrafiquant, qui aurait déclaré durant ses auditions que l'armée continuait à travailler en complicité avec des paramilitaires d'extrême droite dans certaines régions du pays.

Selon la presse, citant un document de la JEP, "Otoniel" aurait mis en cause 63 personnes, prétendument liées au Clan de Golfo, dont un ancien ministre, un ancien directeur national des services de renseignements, six anciens gouverneurs et quatre anciens membres du Parlement.