Le vendredi 21 mars 2025 à 23:35
Deux hommes de 19 et 24 ans, soupçonnés d'avoir voulu rejoindre la brigade d'Omar Diaby en Syrie, ont été mis en examen ce vendredi à Paris par un juge antiterroriste pour "association de malfaiteurs terroriste en vue de la préparation d’un ou plusieurs crimes d’atteinte aux personnes visés au 1° de l'article 421-1 du code pénal". Une information judiciaire a été ouverte dans le même temps, indique le parquet national antiterroriste (PNAT), confirmant une information du Parisien. Le suspect de 19 ans, né en 2005 et de nationalité turque, a été placé en détention provisoire, tandis que le Français de 24 ans, né en 2000, a été placé sous contrôle judiciaire.
Les deux suspects, décrits comme radicalisés et fréquentant les réseaux sociaux pro-djihadistes, avaient prévu de rejoindre la Syrie par une liaison aérienne depuis la Turquie ou la Jordanie. Leur projet consistait principalement à réaliser leur "hijra" (émigration, ndlr) vers une terre d'islam. Selon l'avocat du jeune Turc, Me Réda Ghilaci, "la volonté d'aller en Syrie n'inclut pas automatiquement et de manière péremptoire celle d'y combattre. L'instruction se chargera de caractériser son projet et son intention avec précision et sans fantasmes".
Interpellés dans l'Ain
Les deux hommes ont été interpellés mardi dans l'Ain. Très actif sur Telegram, le suspect turc administrait un canal diffusant des contenus pro-djihadistes. Il venait d’obtenir un nouveau passeport récupéré au consulat de Turquie à Lyon (Rhône) lorsqu'il a été arrêté par les enquêteurs de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI). Son complice présumé de 24 ans semblait davantage influencé par son ami dans ce projet de départ vers la Syrie.
Les investigations ont révélé que les deux hommes étaient en contact direct, via des messageries chiffrées, avec Bilal Diaby, fils d’Omar Diaby, afin d'organiser leur départ en Syrie. Âgé de 24 ans, Bilal Diaby vit en Syrie depuis onze ans, ayant été emmené encore mineur en 2013 par son père, avec d'autres membres de la famille et des individus radicalisés de la région niçoise (Alpes-Maritimes). Durant l'incarcération de son père par Hayat Tahrir al-Cham (HTC) entre 2020 et 2021, Bilal avait assuré la gestion de la brigade, notamment sur la propagande et le recrutement. Depuis la libération de son père, il semble avoir conservé un rôle actif dans la communication avec des recrues potentielles.
Omar Diaby, qualifié de «terroriste international» par les États-Unis
Omar Diaby, ancien délinquant franco-sénégalais devenu prêcheur radical via Internet, s'est fait connaître comme l'un des recruteurs francophones les plus prolifiques après son départ de Nice en 2013 pour rejoindre la Syrie. Il dirige depuis la brigade "Firqatul Guraba" ("la brigade des étrangers"), composée principalement de jeunes Français originaires de la région niçoise. Ce groupe est installé à Harem, près de la frontière turque, dans une zone sécurisée à l’abri des conflits politiques.
Omar Diaby, qualifié de "terroriste international" par les États-Unis en 2016, a été incarcéré par HTC entre 2020 et 2021 en raison de dissensions religieuses.
Le PNAT poursuit l'instruction pour déterminer la nature exacte des projets des deux hommes et établir si leur intention d'aller en Syrie correspondait bien à une volonté de combattre ou non.