Le lundi 14 février 2022 à 13:55
Nordahl Lelandais a répété lundi reconnaître "tous les faits" qui lui sont "reprochés" à son procès pour le meurtre de la petite Maëlys, ce qu'il se refusait à faire jusqu'à vendredi. "Je confirme mes propos de vendredi : je reconnais tous les faits qui me sont reprochés", a-t-il déclaré en ouverture de la troisième et dernière semaine de son procès à Grenoble, sur sollicitation de la présidente Valérie Blain.
L'ancien militaire de 38 ans est jugé depuis le 31 janvier par la cour d'assises de l'Isère pour le meurtre de l'enfant fin 2017, précédé d'enlèvement et de séquestration, ainsi que pour des agressions sexuelles contre deux petites-cousines âgées de 4 et 6 ans au cours du même été. L'accusé nie tout mobile sexuel en ce qui concerne Maëlys. La qualification de viol n'avait pas été retenue pour le procès faute d'élément matériel. Les avocats des parties civiles se disent quant à eux convaincus qu'il a enlevé la petite fille pour la violer. L'état très dégradé du corps, retrouvé six mois après les faits, n'a pas permis de l'affirmer ou de l'infirmer.
Jusqu'à vendredi soir, l'accusé avait toujours affirmé que Maëlys était montée de son plein gré dans sa voiture et qu'il l'avait tuée de manière involontaire. Il l'avait encore réitéré avec force détails lors d'un très long interrogatoire vendredi après-midi. Ce n'est que lorsque son avocat Me Alain Jakubowicz l'a questionné, au terme de cinq heures d'interrogatoire, qu'il a finalement admis avoir enlevé et tué "volontairement" la fillette.
C'est il y a quatre ans pile, le 14 février 2018, que Nordahl Lelandais, confondu par la découverte d'une trace de sang dans sa voiture, avait fini par avouer qu'il avait tué la fillette avant de conduire les enquêteurs dans le massif de la Chartreuse où il s'était débarrassé du corps.
"Pas de sadisme"
L'accusé encourt la réclusion criminelle à perpétuité, avec un verdict attendu vendredi. Les journées de lundi et mardi sont consacrées à l'audition d'experts psychologues et psychiatres. Selon la psychologue clinicienne Magali Ravit, sa personnalité fonctionne "par facettes", n'est "pas homogène et réagit sur un mode tout-puissant lorsqu’il se sent en situation de vulnérabilité". Sa vie affective est "organisée avec une bouée de femmes. Il n'est pas un collectionneur, mais a toujours autour de lui une seconde au cas où. Toujours l’idée qu’il est menacé par la perte", relève-t-elle.
Revenant sur l'épisode des coups portés à Maëlys, lors duquel Nordahl Lelandais a déclaré avoir vu en "hallucination" le visage du caporal Arthur Noyer qu'il avait tué quelques mois plus tôt, l'experte estime qu'il "est dans une autre réalité à ce moment-là, tout en étant tout à fait conscient". "Cette dissociation est peut-être organisée par une scène traumatique. Les coups sur Maëlys viennent effacer l’angoisse dans laquelle il est plongé. Il n’y a pas de sadisme", souligne-t-elle.
"Comment voir le visage d’un homme qu’on a tué devant celui d'une petite fille de 9 ans ? Cela paraît très surprenant. Pour ma part, je n’y crois pas", a réagi peu après Me Yves Crespin, avocat de deux associations d'aide à l'enfance. Pour lui, "on est en face d’une personnalité très atypique". Il n'est "pas certain qu’au bout du compte, et après toutes ces expertises, on n’en saura beaucoup plus sur le fonctionnement de Nordahl Lelandais".