Le vendredi 17 septembre 2021 à 18:31
L'affaire fait grincer des dents les policiers. Un jeune majeur de 18 ans qui est bien connu de leurs services a été relaxé ce mercredi par le tribunal correctionnel de Bobigny. Il était jugé en comparution immédiate pour avoir utilisé des mortiers d'artifice contre des policiers, blessant deux fonctionnaires qui se sont vu attribuer respectivement 2 et 5 jours d'Incapacité totale de travail (ITT). La justice a estimé qu'il n'y avait pas de preuves vidéo démontrant l'implication du prévenu. "Une décision incompréhensible et écœurante", lâche une source policière.
Le jour des faits, samedi 11 septembre, une patrouille de quatre policiers du commissariat de Noisy-le-Grand est passée dans la cité du Pavé-Neuf vers 14 heures, connu pour abriter un trafic de stupéfiants. Comme souvent, l'accueil a été tendu. Les policiers ont reçu plusieurs projectiles sur leur voiture et ont tenté de retrouver les auteurs, en vain. Un peu plus loin, les fonctionnaires ont procédé au contrôle d'un automobiliste qui venait de leur ordonner de quitter le quartier. "Cassez-vous, vous n'avez rien à faire ici !", aurait-il lancé.
Blessé à la cheville et brûlé à la jambe
L'homme a fait l'objet de vérifications. Au même moment, quatre individus virulents ont surgi. Ils n'ont pas tardé à faire comprendre aux policiers qu'ils étaient de trop et qu'ils les dérangeaient. Les forces de l'ordre leur ont demandé de rester à l'écart du contrôle et de s'éloigner. Le ton est monté : les policiers ont été insultés et les auteurs auraient appelé d'autres jeunes du quartier à les rejoindre. Deux autres individus sont arrivés à leur tour. Une fois à hauteur des policiers, l'un d'entre eux a exhibé des mortiers d'artifice qu'il a utilisés sur les fonctionnaires. Deux agents ont été blessés. Des renforts ont mis en fuite le groupe d'individus. L'une des victimes, touchée à une cheville, a reçu un certificat mentionnant 5 jours d'ITT. Son collègue, légèrement brûlé à la jambe droite, s'est vu attribuer 2 jours d'ITT.
Les deux policiers blessés ont vu le visage de leur agresseur, Mamadou, qui se trouvait seulement à quelques mètres d'eux, ainsi que celui de deux de ses complices, venus en découdre. Les trois suspects âgés de 18, 19 et 21 ans sont en effet déjà connus de leurs services. Deux d'entre eux ont été interpellés quelques heures plus tard. Une intervention qui a donné lieu à de nouveaux jets de projectiles. Le troisième mis en cause a été arrêté le lendemain, dimanche. Placés en garde à vue, ils ont tous nié être les auteurs de ces actes indique une source proche de l'enquête. Les quatre policiers agressés ont quant à eux déposé plainte pour violences sur personnes dépositaire de l'autorité publique et outrages.
Connu pour une cinquantaine de délits
Le suspect le plus âgé a été remis en liberté sans faire l'objet de poursuites. Le second qui a 19 ans a fait l'objet d'une ordonnance pénale avant d'être laissé libre, tandis que Mamadou a été déféré. Ce n'est pas la première fois qu'il se retrouve face à la justice. "Son nom est associé à une cinquantaine de faits dans le fichier de traitement des antécédents judiciaires, notamment pour des vols, des violences, des faits liés aux stupéfiants ou pour refus d'obtempérer", souffle cette même source.
Le jeune majeur a été jugé dans le cadre d'une comparution immédiate ce mercredi. Le tribunal n'a pas retenu la plainte des deux policiers n'ayant pas été blessé, puis a décidé de relaxer Mamadou au terme des débats. "Le juge a estimé qu'il n'avait pas suffisamment d'éléments pour condamner le prévenu, notamment vidéos, malgré les déclarations formelles des policiers qui ont été blessés", déplore cette même source. "La parole d'un policier vaut-elle encore quelque chose sans une caméra ? Elle est une fois de plus décrédibilisée", s’agace un policier du département. Les victimes ont décidé de faire appel de cette décision.
Hasard du calendrier, Mamadou était également jugé ce mercredi pour des faits de « participation à un attroupement armé » à Noisy-le-Grand, en avril dernier. Il a également été relaxé dans cette affaire, avant de ressortir libre du tribunal.