Le mardi 23 juin 2020 à 13:14
De son propre aveu, il a du mal à s'endormir depuis la scène qu'il a vécue il y a près d'une semaine. Ce jeune homme de 20 ans est encore ému lorsqu'il se remémore cet instant, où il a aperçu un joggeur gisant dans une rue du XVIème arrondissement de Paris. Il s'est dit « traumatisé » par l'événement et par l'absence de réaction des passants, dans un témoignage livré au journal Le Parisien. Qui ne l'aurait pas été en de telles circonstances ?
Les faits sont survenus mardi dernier, alors que le jeune homme était impatient de débuter un stage dans une start-up parisienne. Il arrivera finalement dans les locaux professionnels en larmes. Cet étudiant en Histoire et relations internationales à Londres était revenu à Paris pour y passer l'été. Le jeune homme a été confronté directement à la mort et à l'indifférence des passants, près du domicile de sa mère, dans le très chic XVIème arrondissement.
Il lui prodigue un massage cardiaque
En début d'après-midi, il rentrait d'une partie de tennis lorsqu'il a aperçu un homme inanimé allongé au sol, dans une rue très passante. Inconscient, allongé sur le ventre, l'homme âgé d'une soixantaine d'années était en tenue de joggeur avec sa casquette et ses lunettes près de lui.
Comprenant immédiatement ce qui se tramait, l'étudiant a secoué puis parlé à la victime, sans obtenir de réponse. Il a alors appelé les secours en composant le 18 sur son téléphone en mode haut-parleur, pour pouvoir garder les mains libres. Cet ancien scout a bénéficié d'une formation aux gestes de premiers secours par le passé. Il était venu le temps de mettre sa technique en pratique, pour la première fois.
L'opérateur au téléphone l'a alors guidé pour tenter de secourir le sexagénaire. « Ça se voyait sur son visage que l'homme était décédé, mais j'ai essayé de le ranimer. Je sens une côte se casser. Au bout de sept, huit ou dix minutes, je ne sais plus trop, une patrouille de police passe et s'arrête. Les policiers me demandent de continuer le massage car je suis sur ma lancée et je le fais bien a priori », raconte-t-il ému au quotidien francilien.
Il annonce la nouvelle au fils de la victime
Jusqu'à l'arrivée des pompiers et du SAMU, c'est le seul soutien qui s'est manifesté à lui, hormis une passante qui a retrouvé le téléphone de la victime. Un appareil à touches, et sans code de protection, qui a permis au jeune homme de téléphoner à son fils. « C'est dur… J'ai encore sa voix en tête », confie-t-il. Il a finalement quitté les lieux avant l'arrivée de la famille.
Triste, choqué et indigné, le jeune homme a tenu à dénoncer l'inaction des témoins. D'après son témoignage, personne n'a réagi alors qu'il y avait de nombreux badauds et qu'il appelait à l'aide. « Les gens nous contournaient », dénonce-t-il, ajoutant qu'« à 20 mètres, il y avait un arrêt de bus. Des gens et des petits qui devaient avoir 12 ans filmaient avec leurs téléphones ».
15 à 20 minutes sans que personne n'intervienne
Pire encore, lorsqu'il a été convoqué pour les besoins de l'enquête le lendemain au commissariat du XVIème arrondissement, le bon samaritain a pris connaissance d'une information qui l'a particulièrement choqué. L'exploitation de la vidéosurveillance a montré qu'il s'était écoulé 15 à 20 minutes entre le moment où la victime a eu un malaise et son arrivée sur place. Un laps de temps conséquent, durant lequel l'homme gisait inconscient au sol.
« Il y a non-assistance à personne en danger. Si quelqu'un était intervenu ou avait appelé les secours plus tôt, il aurait peut-être pu s'en sortir », dénonce l'étudiant en colère.
Le jeune homme n'exclut pas d'aller consulter un psychologue. Il n'a pas pu repasser dans la rue où s'est déroulé ce drame, le souvenir étant encore trop vif. Si ses amis le considèrent comme un héros, lui assure que ce n'est pas le cas, évoquant un réflexe naturel que tout un chacun devrait avoir et qui ne devrait pas être hors du commun.