Le mardi 29 septembre 2020 à 18:46
On en sait désormais plus sur l'homme qui a très violemment attaqué deux employés de l’agence Premières Lignes ce vendredi 25 septembre, devant les anciens locaux de la rédaction deCharlie Hebdo, rue Nicolas Appert à Paris (XIe). Le procureur de la République antiterroriste, Jean-François Ricard a donné de plus amples informations au sujet de cette enquête, lors d'une conférence de presse en début d'après-midi ce mardi. Le terroriste a agi seul et regardait régulièrement des vidéos d'un parti politique pakistanais islamiste radical.
Sur les faits, l'assaillant est passé à 11h33 devant l’ancien siège du journal satirique. Il portait des chaussures rouges, un survêtement gris et un sac à dos. Un homme de 32 ans et une femme de 28 ans, employés de l’agence Premières Lignes, se trouvaient là et fumaient une cigarette sous la fresque rendant hommage aux victimes des attentats de janvier 2015.
L'une des victimes est toujours dans un état grave
Quelques secondes plus tard, l'assaillant est revenu en arrière et a porté de nombreux violents coups avec un hachoir (une feuille de boucher plus précisément, ndlr), notamment à la tête, aux deux victimes. L'attaque a duré environ 15 secondes et a été filmée par des vidéosurveillances. La jeune femme souffre de fractures et de plusieurs plaies. Elle s'est vu attribuer 10 jours d'Incapacité totale de travail (ITT). La seconde victime souffre de son côté de plusieurs fractures au niveau du crâne. L'homme est toujours hospitalisé dans un état grave, "avec une ITT d’au moins trois mois", a mentionné le procureur.
L'assaillant a ensuite pris la fuite par le métro Richard Lenoir à 11h40. Il a été poursuivi par un homme, Youssef, âgé de 33 ans, qui a tenté de l'arrêter "avec un grand courage" a souligné Jean-François Ricard. Le trentenaire a d'abord été interpellé et placé en garde à vue dans le cadre de l'enquête et pour réaliser des vérifications, avant d'être remis en liberté.
Deux bouteilles de white-spirit
L'auteur de l'attaque a quant à lui été interpellé place de la Bastille par des policiers en civil. Sur lui, les forces de l'ordre ont découvert un couteau à cran d'arrêt et un briquet. Sur les lieux de l'attaque, les policiers ont aussi saisi la feuille de boucher que l'assaillant avait utilisé et abandonné, et qui était restée par terre. Le terroriste avait également abandonné son sac à dos dans lequel se trouvaient deux bouteilles de white-spirit, un marteau et un billet de train Paris-Annecy datant du 3 septembre au nom de Hassan Ali.
Durant sa garde à vue, l'assaillant s'est dit "en colère" et a reconnu les faits. Il a déclaré qu'il ne savait pas queCharlie Hebdo avait changé d'adresse. Le terroriste avait fait des repérages les 18, 22 et 24 septembre. "Son projet initial était de pénétrer dans les locaux du journal, si nécessaire à l’aide du marteau, avant de les incendier", en faisant usage de son liquide inflammable a expliqué Jean-François Ricard. Il aurait finalement décidé de passer à l'acte immédiatement et d'une autre façon donc, en voyant les deux victimes dans la rue.
Le procureur de la République sur l'attaque Charlie: "Son projet était de rentrer dans les ex-locaux du journal et de les incendier avec du white spirit" pic.twitter.com/y91EZm1MSA
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Au cours des perquisitions à Pantin (Seine-Saint-Denis), un second hachoir ainsi que le téléphone portable de l'assaillant ont été saisis dans son logement. Ses colocataires ont indiqué que le mis en cause regardait « abondamment » des vidéos du Tehreek-i-Labbaik Pakistan (TLP), un parti politique pakistanais islamiste radical fondé en août 2015 par Khadim Hussain Rizvi. L'homme avait notamment regardé ce mois-ci des images de manifestations au Pakistan, hostiles à la republication des caricatures de Mahomet, par Charlie Hebdo.
"Moi, aujourd'hui le 25 septembre, je vais aller me révolter"
D'autre part, le terroriste s'est mis en scène dans une vidéo de trois minutes, qui a été diffusée sur les réseaux sociaux. Il évoque notamment l'attaque à venir, parfois au bord des larmes, parfois en chantant. "Ici, en France, ils font des caricatures sur notre pur et grand bien-aimé prophète. Moi, aujourd'hui le 25 septembre, je vais aller me révolter", déclare-t-il. Néanmoins, il "ne fait allégeance à aucun groupe terroriste en particulier".
"Le mis en cause (...) ne fait allégeance à aucun groupe terroriste en particulier": le procureur de la République fait le point sur l'attaque près des anciens locaux de Charlie Hebdo pic.twitter.com/m6acdz01H8
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Durant cette séquence, il se présente comme étant Zaheer Hassan Mehmood. Il s'agit de sa véritable identité. Un passeport à son nom a été retrouvé en photo dans son téléphone portable. Il affirmait initialement s'appeler Hassan Ali et être né en 2002 au Pakistan. Une fausse identité qui lui a servi à se faire passer pour un mineur isolé, afin de bénéficier de l’aide sociale à l’enfance. Né le 25 janvier 1995, il est en fait âgé de 25 ans.
En outre, l'homme est inconnu des services de renseignement. Il est arrivé en France après être passé par l’Iran, la Turquie et l’Italie. L'assaillant a été déféré ce mardi en vue de sa mise en examen pour «tentative d’assassinats» terroristes et «association de malfaiteurs terroriste».