Le lundi 23 juin 2025 à 14:12
Deux commissaires, chefs de l'antenne marseillaise de l'Office anti-stupéfiants (OFAST), ont été placés en garde à vue ce lundi dans les locaux de l’Inspection générale de la police nationale (IGPN), dans le cadre d'une enquête pour une importation présumée frauduleuse de stupéfiants, a-t-on appris de source proche du dossier, confirmant une information du Parisien.
Le dossier, confié à des magistrats instructeurs parisiens de la Juridiction nationale de lutte contre le crime organisé (JUNLACO), porte sur une opération de livraison surveillée de cocaïne en provenance de Colombie, organisée en février 2023. À la suite d’un renseignement anonyme, une surveillance avait été décidée concernant une cargaison envoyée par conteneur au port de Marseille (Bouches-du-Rhône) et destinée à la région parisienne. La Juridiction interrégionale spécialisée (JIRS) de Marseille avait alors confié les investigations à l'OFAST.
Selon le parquet de Paris, "il avait été convenu de surveiller l'arrivée d'une cargaison de 180 à 200 kg de cocaïne ; or il s'est avéré que cette livraison a permis l'entrée sur le territoire de près de 400 kg de cocaïne". Les enquêtes ont également "révélé des échanges entre des policiers et d'autres personnes, portant sur la cession d'au moins 360 kg de cocaïne, en dehors de tout contrôle hiérarchique, et sur la dissimulation des quantités réelles arrivées sur le territoire".
Face aux divergences entre les informations reçues et les constatations sur le terrain, l'OFAST de Nanterre s’était désengagé des opérations. Plusieurs intervenants ont exprimé leur étonnement quant à la facilité avec laquelle les stupéfiants avaient été acheminés jusqu’à Marseille, laissant entendre que la surveillance policière avait été "événementée".
L’enquête initiale, clôturée en janvier 2024 sans interpellation, a conduit l’IGPN à être saisie en interne la même année pour examiner les conditions de cette importation. Des perquisitions ont été effectuées en avril 2024 dans les locaux de l'OFAST de Marseille. En septembre 2024, la JUNALCO s’est saisie de l’affaire, à la suite d’un dessaisissement du parquet de Marseille, avant de confier les investigations à deux juges d’instruction le 27 novembre.
Jusqu’à présent, trois policiers de l'OFAST de Marseille ont été mis en examen dans ce dossier : deux début avril 2024 qui ont été écroués, un troisième, capitaine de police, mi-juin. Ce dernier a été placé sous contrôle judiciaire. Deux autres personnes avaient été mises en examen en février pour importation et trafic de stupéfiants, puis placées en détention provisoire.