Le vendredi 16 décembre 2022 à 21:32
Accident ? Vétusté du bâtiment ? Trafic de drogue ? L'incendie qui a fait dix morts, dont cinq enfants, et 24 blessés, dont quatre grave, à Vaulx-en-Velin (banlieue de Lyon), dans la nuit de jeudi à vendredi, soulève colère et questions. Trente-huit familles, soit une centaine de personnes, sont en "besoin urgent de relogement" après cet incendie "tragique", a indiqué la métropole de Lyon dans un communiqué.
"Tous les appartements ont été saccagés par le feu, je l'ai vu de mes propres yeux, c'est assez choquant, il n'y a pas de portes coupe-feux... pas d'extincteur", a déclaré à l'AFP Yasmine, une étudiante de 22 ans, qui a refusé de donner son nom de famille.
"Sans la rapidité des sapeurs-pompiers et leur héroïsme, il y aurait eu un bilan encore plus dramatique", a souligné le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, accouru sur place avec le ministre du Logement, Olivier Klein. Les secours "ont pu sauver 15 personnes en prenant des risques considérables pour leur propre vie, en escaladant l'immeuble de l'extérieur car on ne pouvait pas entrer de l'intérieur et en sauvant jusqu'au 7e étage des enfants, des bébés", a-t-il détaillé.
Des habitants se sont jetés dans le vide
Les flammes se sont propagées depuis le rez-de-chaussée de l'immeuble de sept étages situé dans un quartier populaire en pleine rénovation urbaine. Des résidents se sont précipités dans le vide, une mère a même jeté son fils du quatrième étage pour le sauver avant de sauter elle-même de son balcon, selon des informations recueillies par l'AFP.
#incendieA Vaulx-en-Velin, des voisins ont filmé le drame Lire ici le témoignage "un enfant jeté et rattrapé". https://t.co/AL5WVzye0n pic.twitter.com/7MCTreHjSB
— France 3 Rhône-Alpes (@F3Rhone_Alpes) December 16, 2022
"J'ai entendu des gens crier 'au secours, au secours, au secours, aidez-nous'", a déclaré à l'AFP Assed Belal, un jeune habitant du quartier. "Il y avait des gens par terre, d'autres bloqués sur les balcons et les pompiers avaient du mal à intervenir à cause des arbres".
Le parquet de Lyon a ouvert une enquête pour déterminer les causes de l'incendie en précisant n'écarter aucune hypothèse, "notamment la piste criminelle". Dans la soirée, les enquêteurs travaillaient encore à "identifier avec certitude les dix personnes décédées", selon la même source.
«C'était effroyable»
Le feu s'est déclaré peu après 03h00 et a mobilisé près de 180 pompiers et 70 engins, selon la préfecture. "C'était effroyable", a déclaré à l'AFP Mohamed, le cousin d'un habitant du 4e étage qui a réussi à s'échapper avec ses deux enfants.
Les autorités ont rapidement évacué les sinistrés dans une salle municipale, tandis que les habitants apportaient des vêtements et de la nourriture. De son côté, le président LR de la région Auvergne-Rhône-Alpes Laurent Wauquiez a annoncé qu'il mettait les 96 places de l’internat d'un lycée de Villeurbanne à disposition des sinistrés jusqu'à la fin des vacances scolaires.
"Ma cousine (est) restée coincée et reste portée disparue, on attend que les policiers et pompiers nous disent si elle est sur la liste des personnes décédées", a confié à l'AFP Murat Kara. "Un des voisins de mes parents m'a dit que sa fille de 20 ans était dans l'immeuble et qu'il n'a toujours pas de nouvelles", a déclaré Samir, professeur au lycée professionnel des Canuts.
«Beaucoup d'hypothèses»
M. Darmanin a rappelé que l'origine de l'incendie était encore inconnue, en évoquant "beaucoup d'hypothèses". "Les familles ont évoqué évidemment les points de deal", notamment un point à la fois de deal et de squat localisé dans l'immeuble, a-t-il dit, tout en rappelant qu'il était "beaucoup trop tôt pour en tirer des conclusions".
La maire socialiste de Vaulx-en-Velin, Hélène Geoffroy, "signale très souvent les immeubles de sa commune, et notamment du quartier du Mas du Taureau, qui présentent des risques en terme de sécurité", a pour sa part rappelé le député LR Alexandre Vincendet dans un communiqué. La métropole de Lyon a confirmé que l'immeuble faisait partie d'un ensemble de copropriétés "dégradées" pour lesquelles un plan de sauvegarde avait été voté en janvier.
Selon le ministre du Logement, le bâtiment touché par l'incendie est "une copropriété dans laquelle des travaux d'urgence avaient été réalisés en 2019" et "on ne peut pas incriminer à ce stade l'état de l'immeuble".
La métropole de Lyon avait lancé au début des années 2000 un programme de 100 millions d'euros pour réhabiliter le quartier du Mas du Taureau, en développant commerces de proximité et transports en commun.