Attaque au couteau à Villejuif : le tueur a hurlé plusieurs fois «Allah Akbar»

La procureure de la République Laure Beccuau a donné une conférence de presse ce samedi à 17h30 et a donné plusieurs nouveaux éléments concernant l'attaque au couteau de Villejuif (Val-de-Marne) qu'elle a qualifiée "d'une extrême violence".
Attaque au couteau à Villejuif : le tueur a hurlé plusieurs fois «Allah Akbar»
L'attaque au couteau de Villejuif a fait un mort et deux blessés. (photo Christophe PETIT TESSON/EPA/Newscom/MaxPPP)
Par Actu17
Le samedi 4 janvier 2020 à 18:30 - MAJ samedi 4 janvier 2020 à 19:59

L'assaillant, Nathan Chiasson, a débuté son périple meurtrier peu avant 14 heures ce vendredi dans le Parc départemental des Hautes-Bruyères de Villejuif. Il portait une djellaba bleue et s'est dirigé vers un homme pour l'attaquer, en hurlant "Allah Akbar", a expliqué la procureure. Un cri qu'il a réitéré à plusieurs reprises lors de l'attaque.

La victime a déclaré à son agresseur qu'elle était de confession musulmane, ce qui a eu pour effet de le stopper. "Il a accosté un homme en le menaçant avec son couteau, or il a dit qu'il était musulman. L'assaillant lui a alors demandé de réciter une prière en arabe, ce qu'il a fait. L'agresseur s'est donc détourné pour s'attaquer au couple", a détaillé Laure Beccuau.

L'homme a reçu un violent coup de couteau au niveau du cœur

Visant le couple, le tueur a d'abord attaqué la femme. Son mari s'est interposé et a reçu un violent coup de couteau au niveau du cœur. Ce dernier qui était âgé de 56 ans, présentait une plaie "transfixiante" et ne pouvait être sauvé a indiqué la procureure. La femme a alors reçu un coup de couteau au niveau du cou, lui causant une importante blessure.

L'assaillant a poursuivi son parcours et s'est ensuite attaqué à une joggeuse à l'extérieur du parc, sur une route qui le longeait. La victime a été touchée à plusieurs reprises au niveau du dos mais ne présentait que des blessures "superficielles".

Plusieurs autres personnes ont été attaquées par l'assaillant. "Hormis l'homme épargné après avoir fait état de sa religion, la gardienne du parc et un SDF ont aussi été menacés" a expliqué Laure Beccuau, ajoutant qu'aucune autre victime n'avait été identifiée à ce stade.

Des gestes laissant penser qu'il avait une ceinture d'explosifs

Les policiers ont abattu l'agresseur alors qu'il a refusé d'obtempérer aux injonctions des forces de l'ordre, se montrant "menaçant". De plus, Nathan Chiasson a fait des gestes, laissant penser qu'il était porteur d'une ceinture d'explosifs. Son décès a été constaté à 14h45. Un robot a ensuite été déployé par les démineurs afin qu'ils s'assurent que le tueur n'avait aucun engin explosif sur lui. Ce qui a été confirmé par la suite.

Nathan Chiasson était âgé de 22 ans. (DR)

"Quelques ouvrages qu'on peut qualifiés de salafistes" et une lettre "testamentaire"

Dans son sac à dos, qui aurait été retrouvé dans le parc selon une source policière, les enquêteurs ont découvert un Coran, des ouvrages divers sur la religion musulmane ainsi que "quelques ouvrages qu'on peut qualifiés de salafistes". Une lettre "testamentaire" a aussi été découverte.

Laure Beccuau a qualifié le parcours du tueur « d'une extrême violence » et d'une « extrême détermination ». Les victimes ont décrit un homme qui agissait avec un "calme apparent". La magistrate a également précisé que l'assaillant souffrait de problèmes psychiatriques et qu'il était converti à l'islam en mai ou en juillet 2017, selon ses proches.

Le parquet national antiterroriste pourrait être saisi

La procureure de la République a précisé que la saisie du parquet national antiterroriste n'était "pas du tout à exclure" à ce stade. Le caractère de préméditation et celui de la radicalisation du tueur peuvent encore faire évoluer l'enquête a-t-elle expliqué.

La procureure a par ailleurs rappelé qu'il n'était "pas connu au niveau des fichiers spécialisés". L'homme était connu de la police pour usage de stupéfiants lorsqu'il était mineur, ainsi que pour des violences légères lors des manifestations de "Nuit debout". Un délit qui n'avait pas donné lieu à des poursuites pénales, l'infraction n'ayant "pas été assez caractérisée".

Nathan Chiasson avait été repéré comme étant un garçon "avec de hautes capacités intellectuelles" mais ce dernier souffrait de problèmes psychiatriques depuis l'âge de 5 ans selon ses proches.

Hospitalisé à la demande de ses parents qui vivent dans le XIVe arrondissement, comme leur fils, l'assaillant était sorti du dernier établissement qu'il a fréquenté, en mai 2019. Ce dernier avait un traitement médicamenteux qu'il a cessé de prendre à partir du mois suivant a mentionné la procureure.

Des troubles psychiatriques dont souffrait l'assaillant, qui ne suffisent pas à exclure qu'il ait commis un acte terroriste a rappelé la magistrate.