Le samedi 19 juin 2021 à 11:23 - MAJ samedi 19 juin 2021 à 11:39
Le procureur de la République de Limoges, Baptiste Porcher, a annoncé dans un communiqué ce vendredi l'ouverture d'une information judiciaire des chefs de "meurtre sur conjoint, meurtre accompagné d’un autre crime et tentatives de meurtres sur mineur de 15 ans" à l'encontre d'Abdelkader B. et David M., les deux auteurs présumés de ces actes d'une grande cruauté, qui encourent désormais la réclusion criminelle à perpétuité. Ils ont tous les deux été mis en examen pour ces faits commis en état de récidive légale, "les deux mis en cause ayant déjà été condamnés pour des délits graves", a précisé le magistrat. A ce stade des investigations, la prémédication n'a pas été retenue dans cette affaire.
Dans la nuit de mardi à mercredi vers 2 heures, les sapeurs-pompiers sont intervenus pour l'incendie d'une maison située sur l'avenue du général-de-Gaulle. Ils ont sauvé trois enfants de 4, 7 et 13 ans qui étaient bloqués par les flammes au premier étage. Dans les décombres, les secouristes ont découvert le corps de leur mère, Cécilia Peroux, locataire de la maison, ainsi que celui d'un voisin, Pierrick Berthier.
Le voisin était resté dans la maison pour protéger la mère de famille
Ils étaient "tous les deux manifestement décédés avant l’incendie" a indiqué le procureur. L'autopsie de la mère de famille de 33 ans a montré qu'elle avait été poignardée à trois reprises, dont deux fois au niveau de la nuque. Quant à la seconde victime âgée de 23 ans, elle a reçu de nombreux coups à l'arme blanche. "C’était quelque chose de plus violent" la concernant, a indiqué le magistrat au quotidien Le Populaire du Centre. L'homme se trouvait dans le logement car Cécilia Peroux "l'avait sollicité pour la protéger, craignant une réaction de son ancien compagnon" dont elle s'était séparée quelques jours plus tôt.
Les gendarmes ont rapidement interpellé les deux auteurs présumés, Abdelkader B., l'ex-compagnon de Cécilia Peroux et David M., son complice. « Il ressort des premiers éléments de l’enquête que les deux mis en cause ont pénétré dans l’habitation puis tué les deux victimes avant d’y mettre le feu sachant que les enfants s’y trouvaient », a détaillé le magistrat, soulignant au sujet des trois enfants qui ont échappé à la mort que "la qualité de la réaction et le sang froid de l’aînée" leur ont permis "de survivre jusqu’à l’arrivée des secours".
Les deux mis en cause sont biens connus de la justice. Abdelkader B. était suivi dans le cadre d’un sursis probatoire, suite à une condamnation datant de 2019 pour des violences conjugales commises sur une autre victime. Il respectait néanmoins les obligations et interdictions qui lui avaient été imposées précise le quotidien régional. Son complice présumé, David M., était quant à lui connu jusqu'ici pour des faits de vols, d'affaires liées aux stupéfiants, de dégradations et d'atteintes aux biens. Il avait notamment écopé en 2020 de trois ans de prison ferme pour une agression en Dordogne.
Aucune plainte, ni aucun signalement n'avait été fait par le couple avant ce terrible drame.
"C’était une personne gentille, très sincère et à l’écoute des autres. Quand on avait besoin d’elle, elle était là", raconte au Parisien, Mickaël, un ancien compagnon de Cécilia Peroux, qui est la mère de sa fille. Il a partagé la vie de la défunte de 2000 à 2008. "Elle n’a pas eu de chance avec ces deux derniers compagnons, c’étaient des hommes violents", se souvient-il. Bouleversé, il raconte qu'il avait hébergé plusieurs fois son ex-conjointe avec les enfants, comme en août dernier quand elle était encore avec son précédent compagnon violent. "Ils sont restés pendant deux jours chez moi. Après ça, elle a voulu rentrer", explique-t-il. "Elle n’a écouté ni son père, ni sa sœur, ni moi. Elle est retournée avec ce monsieur". Plus tard, Cécilia Peroux a rencontré Abdelkader B. Mickaël l'avait rencontré et les avait conviés chez lui plusieurs fois, sans rien remarquer d'anormal.
"Il avait dit que si ma sœur le quittait, il s’en prendrait à sa famille"
La sœur de Cécilia, très touchée, a réagi le lendemain du drame sur Facebook : "Je vous remercie pour vos messages de soutien. Je pense que vous êtes tous au courant ma sœur à été assassinée cette nuit par un lâche. C'est avec le cœur lourd que je vous écris ça (...) Je partage ma peine avec la famille de Pierrick". Jessica a également ouvert une cagnotte en ligne sur la plateforme Leetchi pour venir en aide aux trois enfants, "ainsi que pour les frais des funérailles" de sa petite sœur. Elle est accessible ici.
Elle a aussi rapporté au Populaire du Centre que sa sœur lui avait montré "des hématomes" qu'elle avait "sur les bras", lors d'une communication en visio, ce dimanche. Des hématomes qui faisaient suite à "une grosse dispute" au cours du week-end selon elle. Jessica Peroux affirme qu'elle avait conseillé à sa sœur d'aller déposer plainte "mais elle n’avait pas voulu". Concernant le tueur présumé, Abdelkader B., il "était très jaloux, très possessif, et il pouvait se montrer très menaçant", a-t-elle décrit. "Il avait dit que si ma sœur le quittait, il s’en prendrait à sa famille, mais on ne le croyait pas vraiment. Et il est passé à l’acte en tuant ma sœur et en voulant tuer mes neveux et nièces".
Sur Facebook, les deux derniers messages de la défunte visent son ex-compagnon et tueur présumé, ainsi qu'une autre femme. Ils ont été publiés l'après-midi avant la nuit des faits.
"Ils t’ont massacré, brulé ton corps…"
La mère de Pierrick Berthier a elle aussi réagi au drame sur Facebook, dans un message très émouvant. "Comment est-ce possible de te perdre dans de telles atrocités ? Comment deux hommes peuvent-ils être capables d’un tel acharnement sur toi ?", écrit-elle. "Tu étais là pour aider une femme qui se sentait en danger contre son ex-compagnon violent et vous y avez perdu la vie tous les deux. Ils ne t’ont pas donné la mort, non… ILS t’ont massacré, brulé ton corps… (...) Comment ne plus te serrer dans nos bras, te voir, te toucher... Tu nous manques tellement… On t’aime tellement fort".