Le mardi 23 juillet 2019 à 13:09
Le procureur de la République de Toulouse, Dominique Alzeari, a donné de plus amples informations sur les avancées de l'enquête qui concerne le meurtre d'un policier, Benjamin Q., 35 ans, à la sortie de la boite de nuit toulousaine "Esmeralda", tôt ce samedi matin. Les faits ont débuté par un échange verbal vers 05h30 du matin entre le fonctionnaire et le principal suspect.
Ce dernier faisait partie d'un groupe d'une dizaine de personnes, décrites comme solides physiquement "qui pratiquent la boxe", qui sont arrivés devant le snack où se trouvaient Benjamin et son ami, tout comme d'autres personnes qui faisaient la queue. Il n'y a eu aucun échange dans la boite de nuit entre Benjamin et ce groupe auquel appartenaient les deux mis en cause, a précisé le magistrat.
"L'individu va retourner vers le véhicule pour semble-t-il pouvoir s'emparer d'un objet dont on ne saura pas à ce stade là de quoi il s'agissait"
Puis, devant le snack, le principal suspect s'est énervé. "Il était visiblement pressé, injuriait la vendeuse, voulait passer devant tout le monde. Le policier, qui ne le connaissait pas, lui a fait une réflexion", a expliqué le procureur, ajoutant qu'« au vu des témoignages, la qualité de policier de la victime n'était pas connue ». Benjamin est alors intervenu, invitant cet homme au physique sportif et solide, connu pour pratiquer la boxe, à se calmer. Le policier affecté à la Brigade spécialisée de terrain (BST) nord de Toulouse depuis un an, était lui aussi sportif, grand, et adepte de musculation, avec un imposant gabarit.
Le suspect en colère s'est alors dirigé vers sa voiture et a ouvert le coffre. "L'individu va retourner vers le véhicule pour semble-t-il pouvoir s'emparer d'un objet dont on ne saura pas à ce stade de quoi il s'agissait, ce qui va entraîner une bousculade et surtout provoquer de la part de l'utilisateur du véhicule très vindicatif, un véritable déchaînement de violences et des coups extrêmement violents portés sur cette personne [Benjamin] qui vont provoquer sa chute puis son coma et après son décès, dû notamment au fait que cet individu est un individu semble-t-il corpulent et extrêmement costaud et musclé, d'autant plus qu'il pratique la boxe et qu'il est connu pour des faits de violences mais aussi d'autres délits, et qui en tout cas ce soir là, a montré une violence extrême", a détaillé Dominique Alzeari. Plusieurs témoignages ont affirmé que l'agresseur avait utilisé un objet contondant pour frapper la victime, les enquêteurs ne sont donc pas parvenus à le déterminer à ce stade de l'enquête.
L'ami du policier a lui aussi été frappé et n'a pu intervenir
Benjamin a alors chuté au sol et l'auteur principal de cette attaque mortelle s'est acharné, lui portant de nombreux coups à la tête. "Quand on pratique la boxe, les arts martiaux, on connaît la dangerosité des coups. Ces coups ont été donnés pour faire mal, malheureusement pour tuer", a analysé le procureur. L'ami qui se trouvait avec Benjamin a tenté d'intervenir mais ce dernier a été lui aussi frappé, par le complice de l'agresseur, mais également par l'agresseur lui même.
Les deux mis en cause ont alors pris la fuite à bord de leur voiture. Le complice s'est présenté au commissariat peu après les faits. Quant à l'auteur principal, il a rapidement été identifié et les policiers de la Brigade de recherche et d’intervention (BRI) de la police judiciaire, assistés par ceux de la Brigade anticriminalité (BAC) l'ont interpellé à son domicile quelques heures après les faits, dans le quartier du Mirail. Ce dernier, âgé de 30 ans, qui est originaire de la région parisienne, serait venu à Toulouse pour la boxe, sport qu'il pratique régulièrement.
"Il est revenu plusieurs fois porter des coups"
Le mis en cause principal a déjà été condamné à 8 reprises par la justice, notamment à une peine pour violences qui l'a conduit en prison. L'homme a reconnu les faits en garde à vue. "Il a dit qu'il a porté des coups car la situation tournait au vinaigre, mais il n'a pas pris conscience du caractère extrême de son comportement et des conséquences de ses actes", a déclaré Dominique Alzéari. "Il est revenu plusieurs fois porter des coups, des témoins ont essayé de le maîtriser. Il pratique un sport de combat et connaît sa dangerosité. Ce décès est dramatique pour une personne qui voulait défendre la population", a-t-il ajouté.
La qualification d'homicide volontaire retenue par le parquet
Ce magasinier de profession a été mis en examen ce mardi pour "homicide volontaire" et "violences en réunion" avant d'être placé en détention provisoire. L'un de ses deux avocats s'est montré surpris "du choix de la qualification la plus lourde". "On désigne ainsi un coupable avant de disposer de preuves", a-t-il déclaré à La Dépêche.
Le deuxième mis en cause a quant à lui était mis en examen pour "violences en réunion", des coups portées à l'ami de Benjamin. Il a lui aussi été placé en détention provisoire. L'instruction se poursuit a déclaré le procureur de la République.
Une cagnotte pour venir en aide à la compagne du policier
Les collègues et les proches de Benjamin ont décidé de lancer une cagnotte en ligne afin de venir en aide à la compagne du défunt, qui est enceinte. Ce mardi à la mi-journée, 161 personnes y avait déjà participé pour un montant dépassant 3 000 euros. Cette cagnotte est accessible ici.