Le dimanche 5 avril 2020 à 16:42
Des policiers en intervention ont été attaqués par une cinquantaine d'individus qui ont fait s'abattre sur eux une pluie de projectiles. Au cours de l'affrontement, une enfant a été grièvement blessée.
Une véritable émeute a éclaté, ce samedi en soirée, dans le quartier du Noé à Chanteloup-les-Vignes (Yvelines). Vers 18 heures, un équipage de la Compagnie de sécurisation et d'intervention (CSI 78) a été requis par un homme qui venait de repérer sa moto-cross qui lui avait été volée. Des jeunes étaient en train de s'adonner à un rodéo sauvage.
Une cinquantaine d'individus agressent les forces de l'ordre
À la vue des fonctionnaires, le suspect juché sur le deux-roues a fait demi-tour et a tenté de fuir à toute allure, grillant un feu rouge. Les policiers l'ont suivi et l'ont vu caler. Ils en ont profité pour l'interpeller alors qu'il venait d'abandonner la moto.
L'intervention se déroulait dans le calme, lorsque subitement une cinquantaine d'assaillants ont caillassé les policiers. La situation a totalement dégénéré en violences urbaines. Une pluie de projectiles et de pavés s'est abattue sur les fonctionnaires, qui ont répliqué par des tirs de lanceur de balles de défense (LBD). Ils ont aussi été contraints d'utiliser des grenades de désencerclement et de gaz lacrymogène pour se protéger.
Les violences ont été filmées par plusieurs témoins qui ont publié des vidéos en ligne, que nous avons pu authentifier. Selon nos informations, la moto-cross volée n'a pas pu être saisie par les policiers.
Des policiers pris en embuscade à Chanteloup-Les-vignes. Je me demande si ce n’est pas cette affaire : https://t.co/EYAFi3A87t pic.twitter.com/GlSAgTXumX
— Damien Rieu (@DamienRieu) April 5, 2020
Des véhicules de police ont été endommagés durant la violente attaque, qualifiée de « guet-apens » par le syndicat Alliance des Yvelines. Un policier a même reçu un projectile qui a impacté la culasse de son arme de service. Deux fonctionnaires ont été blessés, l'un à une épaule, l'autre à une cheville.
Une fillette de 5 ans reçoit un projectile à la tête
Durant ces violents affrontements, une fillette de 5 ans qui se trouvait là a été blessée grièvement à la tête par un projectile. Sa mère a alerté les pompiers en précisant que son enfant se promenait avec son père lorsqu'elle aurait été touchée par un tir de LBD.
Les secours l'ont prise en charge et emmenée à l'hôpital de Poissy où les médecins lui ont décelé un traumatisme crânien. Elle a été transférée à l'hôpital Necker de Paris (XVème) où elle devait être opérée. La fillette s'y trouvait toujours ce dimanche matin, dans un état jugé très préoccupant, précise le quotidien francilien.
Deux enquêtes sont en cours
Le parquet de Versailles a ouvert une enquête pour faire la lumière sur les conditions d'emploi du LBD par les policiers et « potentiellement les blessures de l'enfant », a indiqué la procureure de la République Maryvonne Caillibotte. Les investigations ont été confiées à l'Inspection générale de la police nationale (IGPN).
On ne sait pas à l'heure actuelle si les blessures de la fillettes sont consécutives à un tir policier ou à un jet de projectile, et le parquet appelle à la prudence concernant ces faits supposés. Une seconde enquête est en cours concernant les violences commises sur les fonctionnaires de police.
« Le confinement n'est pas respecté »
« À Chanteloup-les-Vignes et dans le quartier de La Noé, plus particulièrement, les gens ne respectent pas les règles de confinement à leurs risques et périls, et au détriment de ceux qui les entourent », a souligné la procureure de la République.
Les syndicats de police dénoncent aussi cet état de fait. « Malgré l'état d'urgence, le confinement n'est pas respecté », déplore Steve Pozar, du syndicat UNSA. Les policiers interviennent avec beaucoup de difficulté sur la commune, alors même que les habitants devraient respecter le confinement, regrette Julien Le Cam, du syndicat Alliance Police Nationale, qui évoque la possible préméditation de cette émeute, relate Le Parisien.
11 véhicules incendiés
Vers 1 heure du matin, onze voitures a été incendiées sur la commune, à quelques centaines de mètres du lieu de l'émeute, a indiqué le maire de Chanteloup-les-Vignes, Catherine Arenou. Elles étaient stationnées au niveau de la place Saint-Roch.