Le mardi 26 juillet 2022 à 12:03
Un Japonais de 39 ans condamné à mort pour avoir tué sept personnes dans les rues d'Akihabara, quartier de l'électronique à Tokyo en juin 2008, a été exécuté par pendaison mardi, a annoncé le ministère de la Justice nippon.
Âgé de 25 ans au moment des faits, Tomohiro Kato avait foncé en plein jour sur des passants avec un camion de deux tonnes avant de sortir du véhicule et de poignarder des gens au hasard dans la foule avec une lame à double tranchant, faisant sept morts et dix blessés.
Il avait déclaré à la police qu'il était "fatigué de vivre" et qu'il était venu "pour tuer, n'importe qui". Son acte avait été le résultat de "préparatifs méticuleux" et M. Kato avait montré "une intention délibérée de tuer", a déclaré le ministre de la Justice, Yoshihisa Furukawa, lors d'une conférence de presse mardi à Tokyo.
"La peine de mort a été confirmée par des délibérations suffisantes lors des procès. Sur cette base, j'ai approuvé l'exécution après un examen minutieux", a-t-il ajouté. "C'est une affaire très douloureuse qui avait entraîné des conséquences extrêmement graves et a choqué la société", a encore estimé le ministre.
De nombreux messages sur internet
La peine capitale avait été confirmée par la Cour d'appel en septembre 2012 après un verdict de première instance prononcé en mars 2011, et la Cour suprême du Japon avait rejeté l'appel de M. Kato en 2015, rendant la peine définitive.
Fils d'un banquier, M. Kato a grandi à Aomori, étudiant dans le meilleur lycée de ce département du nord-est du Japon, puis opté pour une filière professionnelle afin de travailler dans l'automobile. Au moment des faits, il était travailleur temporaire dans une usine de fabrication de pièces d'automobiles d'une petite ville japonaise, et avait appris peu avant le massacre que son contrat allait se terminer fin juin 2008. Logé par son employeur, il allait également perdre son appartement et avait confié sur internet craindre de devenir sans domicile fixe.
Avant de passer à l'acte, il avait envoyé des dizaines de messages sur un forum internet, via son téléphone portable, en décrivant par le menu ses intentions. "Je vais tuer des gens à Akihabara. Je vais précipiter mon véhicule sur la foule et s'il devient inutile, j'utiliserai un couteau. Au revoir à tous", avait-il écrit quelques heures avant l'attaque.
Réglementation sur les armes
Tomohiro Kato avait aussi expliqué avoir commis ce crime en raison de critiques dont il avait été l'objet sur internet.
Selon les procureurs, son amour-propre avait également souffert lorsqu'une femme avec qui il communiquait en ligne avait cessé de lui écrire, après qu'il lui eut envoyé une photographie de lui.
Après son arrestation sur les lieux de l'attaque, M. Kato avait écrit à un chauffeur de taxi de 56 ans blessé dans l'attaque pour exprimer ses regrets, et avait également présenté des excuses lors de son procès.
A la suite de ce crime, survenu sept ans jour pour jour après le massacre commis par un homme armé d'un couteau de boucher dans une école élémentaire à Osaka (ouest), les autorités nippones avaient interdit la possession de poignards à double tranchant dont la lame dépasse 5,5 centimètres.
L'exécution de M. Kato est la première application de la peine capitale au Japon depuis décembre dernier, quand trois condamnés à mort pour des meurtres avaient été exécutés par pendaison le même jour.
Le Japon est, avec les États-Unis, l'un des derniers pays industrialisés et démocratiques à recourir encore à la peine capitale, une sentence largement soutenue par l'opinion publique nippone. Le gouvernement japonais pense qu'il n'est "pas approprié" d'abolir la peine de mort, tenu compte du fait que "des crimes odieux comme les tueries de masse et les meurtres lors de vols à main armée se produisent encore fréquemment", a souligné mardi le ministre de la Justice.
"Ce serait mieux si (la peine de mort) n'existait pas, mais si elle peut apporter la justice aux proches de la victime, je pense que c'est bien qu'il y ait ce genre de système", a estimé Junichi Kuwabara, un habitant de Tokyo de 54 ans interrogé mardi par l'AFP. "Je pense à ce que doivent ressentir les familles. Il aurait été préférable que la procédure" aille plus vite, a-t-il ajouté.