Pays-Bas : Perpétuité requise pour l'assassinat du célèbre journaliste Peter Rudolf de Vries

Peter Rudolf de Vries a été tué d'une balle dans la tête en pleine rue, à Amsterdam, le 6 juillet 2021, alors qu'il sortait d'un studio de télévision. Son décès avait bouleversé les Pays-Bas.
Pays-Bas : Perpétuité requise pour l'assassinat du célèbre journaliste Peter Rudolf de Vries
Peter de Vries dans une émission de télé en 2016. (capture écran/VTBL)
Par Actu17 avec AFP
Le mardi 7 juin 2022 à 20:14

La réclusion criminelle à perpétuité a été requise mardi à Amsterdam à l'encontre des deux suspects, au premier jour du procès de l'assassinat il y a moins d'un an d'un célèbre journaliste néerlandais dont la mort avait bouleversé les Pays-Bas. Peter Rudolf de Vries, dit Peter R. de Vries, avait été abattu en plein jour à Amsterdam, un assassinat que la justice soupçonne d'avoir pu être commandité par un baron de la drogue.

La première journée du procès a été marquée par le témoignage des enfants du journaliste, face aux deux suspects poursuivis pour homicide et détention illégale d'armes à feu. Le premier, néerlandais, Delano G., 22 ans, est accusé d'avoir tiré sur Peter R. de Vries alors que ce dernier venait de sortir d'un studio de télévision après avoir été invité dans une émission, en plein centre d'Amsterdam, le 6 juillet 2021.

Le second, un ressortissant polonais, Kamil E., 36 ans, est accusé d'avoir conduit la voiture utilisée pour fuir et d'avoir effectué une opération de reconnaissance des lieux avant le crime. "Delano, je te regarde comme tu n'as pas osé regarder mon père quand tu lui as tiré dessus par derrière", a déclaré la fille de Peter R. de Vries, Kelly, lors de son témoignage devant la cour.

Elle a interrogé les deux suspects sur leur mobile. "Pourquoi ? Parce que vous n'étiez pas d'accord avec lui ? Parce que quelqu'un vous a proposé de l'argent ?", leur a-t-elle lancé.

La victime aurait «payé pour son rôle de conseiller confidentiel du témoin clé du procès Marengo»

Selon le parquet, il s'agit d'un assassinat commandité, mais le procès actuel se concentre uniquement sur les deux exécutants présumés. "L'enquête sur les commanditaires ou les autres parties impliquées est toujours en cours et est menée par une autre équipe", a expliqué le parquet, pour lequel l'assassinat est probablement lié au procès de Ridouan Taghi, un baron de la drogue. "Il semble que Peter R. de Vries ait dû payer pour son rôle de conseiller confidentiel du témoin clé du procès Marengo", a déclaré l'accusation mardi.

Depuis 2020, Peter R. de Vries, spécialiste des affaires criminelles, était le conseiller et confident du principal témoin à charge dans le procès de Ridouan Taghi, qualifié avant son arrestation en 2019 à Dubaï de criminel le plus recherché des Pays-Bas, notamment pour une importante affaire de drogue. Taghi, qui fait face à des accusations de meurtre, était, selon l'accusation, à la tête d'un réseau comparé à une machine à tuer.

«Je vous déteste profondément»

Peter R. de Vries, 64 ans, qui s'était fait connaître pour son travail sur l'enlèvement en 1983 du millionnaire Freddy Heineken, est décédé à l'hôpital neuf jours après la fusillade. Sa mort avait choqué les Pays-Bas et suscité des condamnations dans toute l'Europe.

"Je vous déteste profondément", a lancé mardi sa fille Kelly à l'adresse des suspects, qui sont restés impassibles.

Le tribunal a confronté les deux accusés à des images de caméras de surveillance les montrant se promenant dans le quartier peu avant que le journaliste ne soit abattu. Les images montrent plus tard Peter R. de Vries traverser une rue, une silhouette courant derrière lui, puis le moment où, touché, il tombe au sol.

«La balle lui a traversé la tête»

"Êtes-vous l'homme qui a tiré sur Peter R. de Vries ?", a demandé le juge Gert Oldekamp au tireur présumé. Ce dernier a invoqué son droit au silence pour ne pas répondre. "Je n'ai pas tué cet homme", a, lui, déclaré Kamil E. en polonais.

Le juge a également lu la transcription d'un échange de messages envoyés quelques minutes après la fusillade depuis un téléphone sur lequel a été trouvé l'ADN de Delano G. "Il est mort". "La balle lui a traversé la tête. Tout a jailli. Tout le monde criait", est-il écrit.

Les suspects avaient été arrêtés moins d'une heure après les faits à bord d'une voiture près de La Haye. Quatre douilles trouvées sur les lieux du meurtre proviendraient d'une arme trouvée dans le véhicule comportant l'ADN de Delano G.

Le verdict est attendu le 14 juillet.