Le jeudi 23 novembre 2023 à 22:51 - MAJ jeudi 23 novembre 2023 à 23:44
Stupeur dans les rangs de la police aux frontières (PAF) ce mercredi. Trois policiers chargés de raccompagner un ressortissant tunisien, en Tunisie, ont été interpellés à leur arrivée dans le pays vers 17 heures. Ils ont finalement été laissés libres au milieu de la nuit, après avoir été interrogés.
Ces trois escorteurs étaient chargés de reconduire un Tunisien de 48 ans, visé par une obligation de quitter le territoire (OQTF), dans son pays. Une OQTF délivrée à l'encontre de cet homme suite à des faits de "violences volontaires avec arme" et d'"apologie du terrorisme", selon une source proche de l'affaire.
Deux vidéos
L'embarquement à l'aéroport de Marseille-Provence se serait mal passé. Au moment de monter dans l'avion, le quadragénaire se serait rebellé afin d'empêcher son expulsion. "Plusieurs policiers l'ont maîtrisé et il a été embarqué dans cet avion", précise une source policière. "Ce type de situation arrive fréquemment et les policiers y sont habitués mais aussi formés". La situation se serait apaisée dans l'avion.
Peu après l'atterrissage, à Tunis-Carthage, vers 17 heures, les trois policiers français ont été arrêtés et placés sur un banc devant le poste de police local. "Les policiers tunisiens ont récupéré leur passeport de service", souligne la même source proche de l'affaire. Les forces de l'ordre tunisiennes ont alors affirmé qu'elles avaient récupéré une vidéo, filmée lors de l'embarquement à Marseille "par une avocate", montrant un policier français donner un coup de poing à l'homme devant être expulsé. Un membre de l'équipage aurait de son côté fourni une autre vidéo sur laquelle on aperçoit les policiers maîtriser le quadragénaire, jusqu'à l'embarquement.
«Que se cache derrière cette interpellation arbitraire de policiers français ?»
Les policiers tunisiens ont ensuite précisé à leurs homologues français qu'une juge "avait été saisie" et avait ordonné qu'ils soient auditionnés. Les trois fonctionnaires ont été laissés libres peu après minuit, au terme de leur interrogatoire et leur passeport leur a été restitué. Ils ont ensuite pu rejoindre leur hôtel.
Alors qu’ils reconduisaient un OQTF violent en Tunisie, des policiers français ont été arbitrairement interpellés par leurs homologues tunisiens.
Prochaine étape : le risque de prison pour les policiers en guise de rétorsion diplomatique ?
Le récit ici➡️ https://t.co/7wQfqxn1Ft https://t.co/jZiaT6vY2d
— Linda Kebbab (@LindaKebbab) November 23, 2023
"L’événement n’est pas anodin. Que se cache derrière cette interpellation arbitraire de policiers français ?", s'interroge Linda Kebbab, déléguée nationale du syndicat Unité SGP Police FO, que nous avons sollicité suite à sa publication sur le réseau social X. "Il n’est pas acceptable qu’un pays étranger prenne mes collègues en otages, et s'en serve comme moyen de pression et de rétorsion afin d'influer sur la politique de notre ministre de tutelle au sujet des OQTF".
"C'est évidemment scandaleux et inacceptable", déplore de son côté, Éric Henry, délégué national du syndicat Alliance Police Nationale. "Reconduire un OQTF c’est déjà difficile mais devenir prisonnier du pays d’origine quand on parvient à les ramener, c'est encore plus compliqué ! Il ne faut pas que cela se reproduise. Les policiers ne font qu’appliquer la loi et les instructions reçues en escortant les reconduites frontières. La politique étrangère est une chose, l'exécution légitime des ordres par les policiers est autre chose".