Le mercredi 21 décembre 2022 à 14:57 - MAJ mercredi 21 décembre 2022 à 15:14
Le CHU de Nantes a été condamné mercredi par le tribunal administratif à verser plus de 61 000 euros à un patient pour des "manquements fautifs" ayant conduit à "une ablation totale de la verge" du malade, a-t-on appris auprès du tribunal administratif. La défense du patient, qui réclamait près d'un million d'euros, a annoncé qu'elle fera appel de cette décision.
La prise en charge du patient, âgé de 30 ans en 2014 lors de la première intervention chirurgicale suite à un diagnostic de carcinome (un type de cancer, ndlr), "a été caractérisée par des manquements fautifs de nature à engager la responsabilité du CHU", écrit le tribunal de Nantes. L'erreur du CHU a fait perdre au patient "70% de chance d'éviter la récidive (du carcinome) ayant conduit à une ablation totale de la verge" du malade lors de nouvelles opérations les années suivantes jusque juin 2017, selon la décision dont l'AFP a eu connaissance.
La somme de 61 376 euros que le CHU devra verser au patient couvre les différents préjudices pris en compte par le tribunal dont "les souffrances endurées" (12 000 euros), le "déficit fonctionnel permanent" (16 000 euros) ainsi que le "préjudice sexuel" (31 500 euros). Le patient demandait au CHU une somme totale de 976 000 euros en réparation des préjudices subis.
«Je ne leur permettrai pas de m'humilier»
"Nous faisons appel et nous gagnerons", a déclaré la victime dans une réaction transmise par son avocat. "Je ne leur permettrai pas de m'humilier". Évoquant la "mort sociale" de son client, l'avocat, Me Georges Parastatis, a déclaré : "Cet homme a subi une première mort psychologique par la faute médicale et une deuxième aujourd'hui par ce jugement dénigrant pour la dignité humaine".
"Bien entendu, nous allons faire appel en espérant que la cour d'appel regardera ce dossier de manière plus humaine et non intellectuellement rigide", a poursuivi l'avocat. Il déplore que, dans le jugement rendu mercredi, la "souffrance physique et psychologique" n'ait été prise en compte pour l'indemnisation demandée "que dans un cadre strict de nomenclatures préétablies par des énarques".