Le mercredi 16 février 2022 à 19:01
La Cour de cassation a rejeté mercredi un pourvoi de la famille du Chinois Liu Shaoyao, tué en 2017 par un policier lors d'une intervention à son domicile à Paris, rendant définitif le non-lieu pour le fonctionnaire, selon une décision consultée par l'AFP.
La chambre criminelle de la plus haute juridiction judiciaire française n'a pas admis le pourvoi de la famille Liu qui contestait le non-lieu accordé au policier en juillet 2019, confirmé en novembre 2020 en appel, le fonctionnaire bénéficiant de la légitime défense. La mort de M. Liu avait déclenché la colère de la communauté chinoise lors de plusieurs manifestations d'une ampleur inédite.
"Après avoir examiné tant la recevabilité du recours que les pièces de procédure, la Cour de cassation constate qu'il n'existe, en l'espèce, aucun moyen de nature à permettre l'admission du pourvoi", selon cette décision.
"Il me plante !"
Le 26 mars 2017 peu après 20H00, la police s'était rendue dans une cité du XIXe arrondissement de Paris, alertée par un voisin qui avait signalé la présence de M. Liu, très agité et tenant à la main ce qu'il croyait être un couteau. Craignant un danger, les policiers, deux hommes et une femme équipés d'un fusil d'assaut et de pistolets, avaient enfoncé la porte du domicile. Une poignée de secondes plus tard, Damien V. tirait un coup de feu, touchant mortellement au cœur M. Liu, 56 ans, sous les yeux de ses enfants.
Selon la version des policiers, M. Liu venait d'agresser avec ses ciseaux le porteur du fusil d'assaut. "Il me plante !" aurait crié ce dernier, provoquant le tir de riposte de son collègue. Pour les enfants Liu, jamais leur père n'a porté la main sur personne: la lame était une paire de ciseaux, qui lui servait à écailler du poisson. Un voisin, témoin depuis le couloir, assure qu'il n'a jamais entendu les policiers crier "il me plante" avant le coup de feu.
Interrogé par l'AFP, le témoin avait décrit une "intervention extrêmement violente et en décalage total avec la situation", par des policiers "peu en maîtrise". Sollicités par l'AFP, ni l'avocate du policier, Me Anne-Laure Compoint, ni celui de la famille, Me Pierre Lumbroso, n'avaient réagi dans l'immédiat.