Le jeudi 6 mars 2025 à 20:54
Deux prisons françaises vont être dédiées à l’incarcération des détenus les plus dangereux, avec un régime carcéral d’isolement extrêmement strict. Le ministre de la Justice, Gérald Darmanin, a annoncé ce jeudi soir au JT de France 2 que les établissements de Vendin-le-Vieil (Pas-de-Calais) et d’Alençon-Condé-sur-Sarthe (Orne) ont été retenus pour ce projet.
Les 100 premiers détenus, en majorité des narcotrafiquants, intégreront la prison de Vendin-le-Vieil à partir du 31 juillet. Les 100 suivants seront transférés à Condé-sur-Sarthe dès le 15 octobre. "J’ai décidé de taper fort", a assuré Gérald Darmanin, expliquant que cette mesure vise à démontrer la "fermeté de l’État" après l’affaire Mohamed Amra. Le ministre précise que ces établissements accueilleront des "personnes dangereuses" susceptibles de "corrompre" ou de "menacer", incluant également des "terroristes islamistes".
Avant de prendre sa décision, le garde des Sceaux s’était rendu dans quatre prisons candidates : Vendin-le-Vieil, Condé-sur-Sarthe, Saint-Maur (Indre) et Arles (Bouches-du-Rhône). Finalement, les maisons centrales de Saint-Maur et d’Arles n’ont pas été retenues.
Des travaux pour sécuriser les établissements
Avant l’ouverture officielle de la prison de Vendin-le-Vieil sous ce nouveau régime, des aménagements sont prévus. "Un mois et demi de travaux" seront réalisés, notamment des "travaux technologiques pour ne pas qu’on communique vers l’extérieur", a indiqué le ministre. La mise en place effective du régime carcéral est prévue pour le 31 juillet, date à laquelle les premiers détenus arriveront.
Ce projet s’inscrit dans le cadre d’une proposition de loi sur la lutte contre le narcotrafic. Un amendement adopté mercredi par la commission des lois de l’Assemblée nationale prévoit plusieurs mesures renforçant les conditions de détention : des "fouilles intégrales après tout contact avec l’extérieur", des "parloirs équipés d’hygiaphone" et un "accès limité au téléphone". Les détenus pourront être placés sous ce régime carcéral par décision du garde des Sceaux, pour une durée de "quatre ans, renouvelable".
Une réforme critiquée
Certaines voix se sont élevées contre cette réforme. L’Observatoire international des prisons a dénoncé des mesures "attentatoires aux droits fondamentaux". Par ailleurs, le Syndicat de la magistrature a décliné l’invitation du ministre à une réunion de concertation mercredi, reprochant une absence de "consultation préalable des organisations représentatives" pour son plan "narcoprison".
En parallèle, Mohamed Amra, dont l’évasion en mai 2024 durant laquelle deux agents pénitentiaires ont été tués, a été incarcéré dans l’actuel centre ultra-sécurisé de Condé-sur-Sarthe après son extradition de Roumanie.