Le mercredi 15 mars 2023 à 12:31
Le parquet a requis ce lundi des sanctions sévères contre Agnès Naudin, policière et auteure, pour violation du secret professionnel, dans un livre publié en 2018 dans lequel elle évoque des enquêtes en cours. Les réquisitions comprennent une interdiction définitive d'exercer, une peine de trois mois de prison avec sursis et une amende de 15 000 euros, dont 5000 avec sursis.
Le procureur de la République a déclaré lors du procès devant le tribunal correctionnel de Nanterre qu'Agnès Naudin ne semblait pas comprendre l'importance du secret professionnel. Selon le magistrat, si elle était réintégrée dans la police, elle pourrait "continuer à écrire sur des affaires en cours". L'autrice de plusieurs livres et actuelle porte-parole du syndicat FSU Intérieur, évoque trois enquêtes dans son livre "Affaires de famille" publié en 2018, dont un cas de viol incestueux.
Dans cet ouvrage, Agnès Naudin, alors capitaine de police à la Sûreté territoriale des Hauts-de-Seine (ST 92), qualifie l'adolescente victime de "garce" qui "mentait". La policière de 38 ans a assuré à la barre qu'elle avait cherché à être transparente et montrer que les policiers peuvent parfois avoir des réactions indignes de leur fonction.
Peur de «trahir la réalité»
Le livre mentionne également une enquête sur un bébé secoué. La présidente du tribunal a reproché à Agnès Naudin d'avoir donné des détails sur l'identité des personnes impliquées et des déclarations d'audition. Agnès Naudin a justifié ces détails en expliquant qu'elle avait peur de "trahir la réalité" et qu'elle voulait être "au plus proche" des faits. Selon elle, ces détails ne portaient pas préjudice à l'enquête.
Le parquet a rappelé que la violation du secret professionnel dépend de la fonction exercée par la personne qui reçoit l'information, et non de la nature de l'information elle-même. Avant de publier son livre, Agnès Naudin avait demandé l'accord des personnes impliquées et avait modifié les noms ainsi que les lieux des faits. Le procureur a toutefois interrogé la validité du consentement de ces personnes. Agnès Naudin affirme avoir informé sa hiérarchie et envoyé un rapport en janvier 2018. Son avocat, Gérald Pandelon, plaide la relaxe en soulignant qu'elle n'a pas été sanctionnée administrativement. Le jugement sera rendu le 15 mai.