Le dimanche 20 novembre 2022 à 13:05
Un médecin français comparaît aux assises de Paris à partir de lundi, accusé d'avoir violé plusieurs adolescents vietnamiens entre 2011 et 2013 à Hanoï où il travaillait comme gastroentérologue à l'Hôpital français. Neuf d'entre eux, âgés d'une quinzaine d'années au moment de faits, se sont constitués parties civiles et ont été reconnus, en grande partie, sur des vidéos filmées par l'accusé. Plusieurs autres victimes ont été recensées sans pouvoir être identifiées.
Pendant l'enquête, l'accusé, Olivier Larroque, 60 ans, a contesté tout acte de contrainte et demandé, en vain, la requalification des faits en recours à la prostitution de mineurs. Contactée par l'AFP, son avocate n'a pas donné suite. C'est un signalement adressé à l'ambassade de France au Vietnam début 2013 qui a déclenché les investigations. Une association locale y rapportait les témoignages d'enfants des rues âgés de 13 à 15 ans accusant ce médecin de les avoir contraints à des actes sexuels.
Une carte mémoire SD dérobée par un de ces adolescents et jointe au courrier contenait des dizaines de vidéos et de photographies mettant en scène des relations sexuelles entre de jeunes garçons asiatiques et M. Larroque.
Une enquête menée avec les autorités vietnamiennes
Une enquête était alors ouverte en France, conduisant à l'arrestation de M. Larroque en juillet 2013 à l'Hôpital français d'Hanoï, où il travaillait depuis fin 2011. Expulsé vers la France pendant l'été 2013, il était interpellé à sa sortie d'avion. Menées avec les autorités vietnamiennes et s'appuyant notamment sur le matériel informatique saisi chez l'accusé, les investigations de l'Office central pour la répression des violences aux personnes (OCRVP) ont permis de recueillir les témoignages de neuf adolescents.
Tous décrivent un mode opératoire semblable : Olivier Larroque les aurait abordés aux abords d'un lac d'Hanoï où gravitent des enfants vagabonds, les aurait fait venir dans un hôtel ou à son domicile et aurait abusé d'eux devant l'objectif de son appareil photo. Il leur donnait ensuite 100 000 dongs, soit 4 euros au moment des faits.
Il affirme qu'il ignorait l'âge des victimes
Confrontés à ces témoignages, M. Larroque avait nié toute contrainte, disait ignorer l'âge de ses accusateurs et s'était décrit comme un simple client de prostitués dans un pays où les barrières morales liées aux relations avec les mineurs seraient abolies. La juge d'instruction a considéré que l'accusé avait bien exercé une contrainte morale sur ces jeunes garçons en proie à une grande misère, en profitant de son statut d'homme riche et occidental.
"Ce dossier revêt un caractère exceptionnel du fait de la profession de l'accusé et du nombre de victimes", a déclaré à l'AFP Me Emmanuel Daoud, au nom de l'ONG End Child Prostitution and Trafficking, partie civile. "Démonstration est faite que lorsqu'il existe une coopération internationale, on peut déférer devant la justice ceux à qui il est reproché des viols à l'étranger". Autre partie civile, Agir contre la prostitution des enfants a déploré "la lourdeur de l’instruction" qui aurait permis à M. Larroque de jouir d’une "impunité pendant tant d’années".
Le verdict est attendu vendredi après des débats qui pourraient se tenir à huis clos.