Le jeudi 8 décembre 2022 à 13:41
Gérald Darmanin a interdit la venue en France d'un prédicateur yéménite salafiste qui devait participer durant trois jours à des conférences à la mosquée de Chilly-Mazarin (Essonne), a-t-on appris mercredi soir auprès du ministère de l'Intérieur.
Le cheikh Al-Mohammedi devait prendre part vendredi, samedi et dimanche à des conférences dans cette mosquée, dans le cadre d'une tournée européenne qui l'a mené à Rotterdam, Cologne et Molenbeeck, ville de Belgique où il donne mercredi soir une conférence, a précisé le ministère.
Le ministre de l'Intérieur a prononcé une interdiction administrative de territoire pour empêcher sa venue. Pour expliquer cette décision, le ministère a mis l'accent sur les "propos prêtés à ce prédicateur salafiste, ou du moins les hadiths [recueil des actes et paroles de Mahomet et de ses compagnons] qu'il utilise à l'appui de ses interventions".
C'est ainsi que, selon l'Intérieur, les juifs et les chrétiens sont "qualifiés de corrupteurs (hadith qu'il utilise)" par le prêcheur. A propos des femmes, ce prédicateur "cite des hadiths stipulant qu'un homme doit fermer les yeux quand il croise une femme et que la source de tout mal provient des femmes".
«Un encouragement au séparatisme et au repli communautaire»
Le prédicateur cite également des hadiths recommandant les "châtiments corporels pour ceux qui ne respectent pas les préceptes religieux pour les voleurs". Selon l'Intérieur, il appelle en outre "les musulmans à quitter les pays non-musulmans pour pouvoir respecter les préceptes de leur religion" et "à ne rien partager avec les non-musulmans".
Beauvau a fait valoir que ces propos "tenus en 2020" s'apparentaient "clairement à un encouragement au séparatisme et au repli communautaire".
Contactée par l'AFP, la maire de Chilly-Mazarin, Rafika Rezgui, a indiqué avoir signé jeudi matin un arrêté pour interdire la tenue de ces conférences. "C'est ma responsabilité de maire, je ne veux pas m'y dérober", a expliqué l'élue socialiste. "Le préfet de l'Essonne m'a contactée mercredi pour me signaler (ces) conférence(s). Il me paraît essentiel de réaffirmer que ce type de propos n'a pas sa place sur le territoire de la République", a-t-elle ajouté.