Le mercredi 3 janvier 2024 à 12:10
Khassanbek Tourchaev, un homme de 53 ans d'origine tchétchène, naturalisé français en 2008, vient de perdre cette nationalité française suite à un décret publié ce mercredi 3 janvier au Journal officiel. Cette décision fait suite à sa condamnation en 2019 par la cour d’assises spéciale de Paris : il avait alors écopé de dix ans de prison, assortie de la sûreté aux deux tiers, pour des accusations liées au djihadisme.
L'affaire Khassanbek Tourchaev est complexe et controversée. Lors de son procès, il avait reconnu s'être rendu en Syrie entre 2013 et 2014, pour une durée d'environ trois mois. Son objectif, selon ses dires, était de retrouver ses frères, et non de participer au conflit armé : "pas pour faire la guerre", avait-il insisté. Toutefois, les accusations pesant sur lui étaient graves : il était soupçonné d'avoir pris part à des combats en Syrie, de s'être impliqué dans la formation d'autres combattants en explosifs, et d'avoir assumé le rôle d'"émir" au sein d'un groupe djihadiste affilié à l'Emirat du Caucase, Ahrar Al-Cham, et au Front islamique. Il avait été surnommé le "sniper de Daech".
«Aujourd’hui, je suis sur la voie d’Allah»
Khassanbek Tourchaev, qui a grandi à Grozny en Tchétchénie, a été forcé de fuir son pays natal en raison de la guerre, cherchant refuge et asile en France. Détecté par les services de renseignement français dès 2005 pour son extrémisme religieux, il se décrit lui-même comme salafiste. "Aujourd’hui, je suis sur la voie d’Allah", avait-il proclamé durant son procès, tout en affirmant que "la Syrie [était] un sujet clos" pour lui.
Sa vie personnelle a également été scrutée lors du procès. Tourchaev, qui vit en situation de polygamie, est père de plusieurs enfants résidant en Alsace. "La prison a changé beaucoup de choses en moi. Ce dont j’ai besoin, c’est ma famille", avait-il exprimé, soulignant l'impact de son incarcération sur sa perspective et ses priorités.
La déchéance de la nationalité française de Khassanbek Tourchaev s'inscrit dans un cadre plus large : entre 2019 et 2023, la France a prononcé au moins une vingtaine de déchéances de nationalité pour des motifs liés au terrorisme. Cette mesure, applicable uniquement aux binationaux qui ne sont pas nés en France, est habituellement réservée aux cas d'atteinte aux intérêts fondamentaux de la nation ou de condamnation pour infraction terroriste. De plus, la récente loi sur l'immigration, adoptée en décembre et faisant l'objet de débats houleux, prévoit d'élargir les conditions de cette déchéance aux binationaux reconnus coupables d'homicide volontaire contre des personnes dépositaires de l'autorité publique.