Le vendredi 15 mai 2020 à 17:33
La revue britannique British Medical Journal (BMJ) a publié les résultats de deux travaux sur l'hydroxychloroquine et ses potentiels effets sur le coronavirus. « Considérés dans leur ensemble, ces résultats ne plaident pas pour une utilisation de l'hydroxychloroquine comme un traitement de routine pour les patients atteints du Covid-19 », estime-t-elle dans un communiqué publié ce jeudi.
Défendu notamment par le professeur français Didier Raoult, le traitement à base d'hydroxychloroquine est au centre des débats dans la lutte contre le nouveau coronavirus.
Toutefois, les résultats de deux études publiées ce jeudi dans la revue médicale britannique BMJ indiquent que ce dérivé de l'antipaludéen chloroquine n'est pas efficace contre le Covid-19, autant chez des patients gravement atteints, que ceux qui le sont plus légèrement.
Pas de différence avec le groupe témoin
Menée par des chercheurs français, la première étude conclut que l'hydroxychloroquine ne réduit pas significativement les risques d'admission en réanimation, ni de décès chez les patients hospitalisés avec une pneumonie due au Covid-19.
Ces travaux portent sur 181 patients adultes admis à l'hôpital avec une pneumonie due au Covid-19. Leur état nécessitait que de l'oxygène leur soit administré. Au total, 84 de ces malades ont reçu de l'hydroxychloroquine chaque jour, contrairement aux autres.
Que les patients aient été traités ou non avec cette molécule, cela n'a rien changé, ni pour les transferts en réanimation (76% des malades traités à l'hydroxychloroquine étaient en réanimation au bout du 21ème jour, contre 75% dans l'autre groupe de patients), ni pour la mortalité (le taux de survie au 21ème jour était respectivement de 89% et 91%).
Les chercheurs de plusieurs hôpitaux de la région parisienne concluent ainsi leurs travaux : « L'hydroxychloroquine a reçu une attention planétaire comme traitement potentiel du Covid-19 après des résultats positifs de petites études. Cependant, les résultats de cette étude n'étayent pas son utilisation chez les patients admis à l'hôpital qui nécessitent de l'oxygène ».
Des risques d'effets indésirables accrus
La seconde étude a quant à elle été menée par une équipe chinoise. Elle indique que ce dérivé de l'antipaludéen chloroquine ne permet pas d'éliminer le virus plus rapidement que des traitements standards chez des malades hospitalisés avec une forme « légère » ou « modérée » de Covid-19. Elle souligne aussi que les effets secondaires sont plus importants.
Elle a été menée en Chine sur 150 patients adultes hospitalisés avec essentiellement des formes « légères » ou « modérées » du Covid-19. La moitié d'entre eux a reçu de l'hydroxychloroquine, l'autre non.
Le fait qu'ils aient été traités ou non avec cette molécule n'a pas eu d'effet sur l'élimination du virus par les patients au bout de quatre semaines. En outre, 30% de ceux qui s'étaient vu administrer de l'hydroxychloroquine ont souffert d'effets indésirables (le plus fréquent était la diarrhée) contre 9% chez les malades qui n'en avaient pas pris.
« Considérés dans leur ensemble, ces résultats ne plaident pas pour une utilisation de l'hydroxychloroquine comme un traitement de routine pour les patients atteints du Covid-19 », estime la revue médicale britannique BMJ qui a publié ces deux travaux.