Chasseur décapité dans l'Allier : 27 ans après les faits, sa veuve mise en examen

Un cold case est-il en passe d'être résolu ? 27 ans après la mort d'un chasseur qui a été décapité, sa veuve a été mise en examen ce jeudi et a été placée en détention provisoire. Cette femme de 56 ans n'a néanmoins pas reconnu les faits à ce stade.
Chasseur décapité dans l'Allier : 27 ans après les faits, sa veuve mise en examen
Le palais de Justice de Nice. (Illustration/photo David Franklin/shutterstock)
Par Actu17 avec AFP
Le vendredi 1 juillet 2022 à 13:44

Un meurtre élucidé 27 ans après ? L'épouse d'un chasseur dont le corps avait été retrouvé décapité à Busset dans l'Allier en 1995 a été mise en examen jeudi pour meurtre, sans avoir reconnu les faits.

Cette femme âgée de 56 ans "encourt une peine de 30 ans de réclusion criminelle", a déclaré le procureur de la République de Cusset Eric Neveu lors d'une conférence de presse. "Des indices graves et concordants" mettent "en évidence sa participation dans le meurtre de Christophe Doire" mais "les circonstances précises de ce passage à l'acte nécessitent la poursuite des investigations", selon lui.

Un «manque d'explications crédibles»

Lors de sa garde à vue qui avait débuté mardi, elle n'a "ni infirmé ni confirmé" les faits, a expliqué le magistrat, relevant "son manque d'explications crédibles" voire "son déni, notamment sur la situation de son couple".

Elle "nie les relations conflictuelles avec son mari" qui pourtant "ressortent des témoignages et ont été mises en évidence", a-t-il précisé. Il a aussi pointé "sa froideur et son manque d'émotion" à l'annonce de sa mise en examen et de son placement en détention. Certains "éléments permettent aujourd'hui de considérer" que la meurtrière présumée "n'était pas seule sur tout le processus" et "il pourrait y avoir d'autres interpellations", selon lui.

Le 25 décembre 1995, le corps sans tête de Christophe Doire, employé des abattoirs de Vichy âgé de 28 ans, avait été retrouvé dans un fossé par des chasseurs. L'homme, qui avait pu être identifié grâce à ses papiers et ses vêtements, avait disparu le 16 décembre précédent.

Ce soir-là, une dispute l'avait opposé à son épouse au sujet de la chute d'un sèche-cheveu en fonctionnement dans la baignoire où il se trouvait. Il avait ensuite passé la soirée chez son frère et était rentré à son domicile vers 23h30, après quoi il n'avait plus été revu. Son épouse avait signalé sa disparition deux jours plus tard, le 18 décembre, alors que des amis chasseurs s'inquiétaient de ne pas l'avoir vu.

«Regard neuf»

Une première information judiciaire, ouverte à l'époque des faits, avait abouti à un non-lieu en 2000. Une deuxième information judiciaire ouverte en 2002 avait également débouché sur un non-lieu en 2007. La piste d'un conflit dans le milieu des chasseurs avait un temps été envisagée, avant d'être écartée.

En mai 2020, l'enquête jamais résolue avait été relancée par le parquet de Cusset à la lecture du dossier, et de nouvelles investigations avaient abouti à l'ouverture d'une information judiciaire pour "homicide volontaire" en novembre 2021.

Une cellule d'une quinzaine d'enquêteurs, notamment de la section de recherche de Clermont-Ferrand, a été constituée et a procédé à de nouvelles auditions et analyses scientifiques. "Toutes les hypothèses de travail ont été envisagées : l'épouse, la famille, le milieu des chasseurs, l'affaire crapuleuse, les liaisons amoureuses de la victime", a détaillé Eric Neveu. "Nous avons apporté un regard neuf et travaillé comme si nous venions de découvrir la scène de crime (...), comme si le crime venait de se commettre", a-t-il ajouté.

Les deux juges d'instruction du parquet de Cusset en charge de l'enquête avaient procédé mi-avril à l'exhumation du corps de la victime pour effectuer de nouvelles analyses comparatives, notamment sur les vêtements susceptibles d'avoir été portés par la victime le soir de sa disparition.

Des prélèvements ont été effectués sur certaines personnes de son entourage, des dizaines de personnes ont été auditionnées et de "nombreuses investigations techniques" ont été menées, selon le procureur. "Sur une analyse criminelle, il faut être très humble : parfois on a de la chance, parfois on en a moins mais il est plus facile d'enquêter avec les moyens qui sont les nôtres en 2022 qu'en 1995", a-t-il conclu.