Le mercredi 19 avril 2023 à 13:28
Après cinq années d'instruction, deux policiers, l'un moniteur et l'autre chef de bord de la brigade fluviale de Paris, sont renvoyés devant le tribunal correctionnel pour "homicide involontaire" suite à la noyade d'Amandine Giraud, une jeune gardienne de la paix de 27 ans, lors d'un exercice de plongée le 5 janvier 2018, a-t-on appris de source judiciaire, confirmant une information du Parisien.
Le jour du drame, les conditions météorologiques étaient défavorables avec une Seine en crue et un courant très fort. Sous le pont d'Austerlitz, le débit du fleuve atteignait 959 m3 par seconde, soit le double de son débit normal. Un exercice de nage prévu par la brigade fluviale avait été annulé en raison des conditions météorologiques, pourtant l'exercice de plongée a été maintenu.
Elle avait récemment été habilitée
L'exercice a eu lieu au niveau du Petit-Pont, sur l'île de la Cité, en plein cœur de Paris, l'endroit où la Seine affiche ses courants les plus forts et les plus dangereux. Amandine Giraud, volontaire et récemment habilitée comme plongeuse, participait à cet exercice en compagnie d'un moniteur, un chef de bord et une autre jeune recrue.
Après une première puis une deuxième plongée dans l'eau à faible visibilité, Amandine Giraud a donné un signe d'appel au secours. Le temps de réaction de l'encadrement a été long et ni le moniteur ni le chef de bord ne portaient leur équipement de plongée. L'autre jeune recrue a tenté de secourir Amandine sans succès. La corde de sécurité reliant Amandine au bateau a été détachée alors que le bateau restait amarré, une manœuvre qualifiée de "totalement contre-indiquée dans un tel cas" par le juge d'instruction. Amandine a ensuite disparu et son corps a été retrouvé près de quatre mois plus tard, le 29 avril 2018.
Comme envoyer «une jeune alpiniste s’attaquer à l’Everest»
L'enquête a révélé une série de dysfonctionnements et d'erreurs, notamment le choix de maintenir l'exercice malgré les conditions dangereuses et le lieu de plongée le plus difficile de Paris. Un instructeur de la brigade, interrogé par nos confrères, a comparé la situation à envoyer "une jeune alpiniste s’attaquer à l’Everest avec une météo qui se dégrade et un matériel d’escalade réduit à sa portion congrue".
Me Antoine Vey, l'avocat de la famille d'Amandine Giraud, a souligné, au Parisien, que l'enquête avait "établi des responsabilités" et "révélé des dysfonctionnements majeurs", ajoutant que la famille souhaitait "aider la justice à faire la lumière" sur l'affaire pour tirer des enseignements et apporter "des améliorations réglementaires et fonctionnelles".
Les deux policiers mis en cause ont depuis quitté la brigade fluviale. L'un d'entre eux a même bénéficié d'une promotion avant sa mutation.