Un policier se suicide à Dreux, son épouse accuse la hiérarchie de l'avoir harcelé et «broyé»

Le 16 octobre dernier, à Dreux, David, un policier de 47 ans, s'est suicidé, laissant derrière lui une famille en deuil et des questions sans réponses. Après avoir lutté contre un stress chronique et ce qu'il décrivait comme étant un harcèlement professionnel à Mayotte, il a conservé des séquelles malgré son retour en métropole. Son épouse souhaite que la vérité apparaisse.
Un policier se suicide à Dreux, son épouse accuse la hiérarchie de l'avoir harcelé et «broyé»
Illustration. (Arnaud Journois / PhotoPQR / Maxppp)
Par Actu17
Le mercredi 8 novembre 2023 à 14:11

Le suicide d'un policier à Dreux le mois dernier a révélé une lutte contre le stress et le harcèlement professionnel. Le drame s'est noué à Dreux (Eure-et-Loir) le 16 octobre. David, un policier de 47 ans, a été retrouvé sans vie, son arme de service à ses côtés, dans la soirée. Son décès est intervenu après une lutte de plusieurs années contre le stress professionnel, dont il avait fait état à plusieurs reprises à sa compagne, Sisowanna, qui s'est exprimée auprès du Parisien.

Le parcours de David a été marqué par une mutation à Mayotte qui, selon sa femme, l'a laissé "broyé" et métamorphosé. "Il est revenu en métropole complètement changé", partage-t-elle. Le fonctionnaire souffrait de "nœuds psychotraumatiques dans le dos", liés à l'anxiété. En dépit d'une vie nouvelle à Dreux, avec leurs trois garçons de 9, 14 et 17 ans, les séquelles du passé ne l'avaient pas quitté. Un ancien collègue de David à Mayotte, a évoqué à nos confrères des conditions de travail difficiles, témoignant d'un "harcèlement" dont il a lui aussi été victime, qui "nuit à la santé mentale". Ce fonctionnaire témoigne des conditions de travail délétères sur l'île hippocampe.

«Il n’y croyait plus, ni à son métier qu'il adorait, ni à la hiérarchie»

David avait déjà tenté de mettre fin à ses jours en janvier 2021, épuisé. Sa femme se remémore l'homme qu'il était devenu : "Il avait beaucoup maigri, il avait les yeux hagards et le visage émacié". Un an plus tard, il consulte un psychiatre et quitte son poste pour burn-out. Sisowanna décrit son mari comme ayant une "fêlure" malgré ce nouveau départ  professionnel à Rambouillet (Yvelines), où il avait trouvé un poste en mars 2023. "Il n’y croyait plus, ni à son métier qu'il adorait, ni à la hiérarchie", se remémore-t-elle.

Le soir de son suicide, David a préparé son sandwich pour sa journée de travail du lendemain. Mais quelques minutes plus tard, il a été retrouvé par sa femme et leurs enfants dans le garage, sans vie. La douleur et l'incompréhension dominent les propos de Sisowanna, qui, avec ses parents, a interpellé le président de la République dans une lettre empreinte de colère et de quête de vérité : "Je veux comprendre pourquoi on s’est acharné sur mon époux".

Une plainte à venir

L'avocat de la famille, Me Mourad Battikh, prépare une plainte pour faire la lumière sur ce suicide et envisage des poursuites contre les responsables. "Il apparaît clair que la responsabilité de l’État est engagée", selon lui, soulignant le harcèlement subi par David de la part de sa hiérarchie. Une enquête a été ouverte et confiée à l'Inspection générale de la police nationale (IGPN), qui précisé au Parisien n'avoir reçu aucun signalement de l'agent lorsqu'il travaillait à Mayotte.

Si vous ou l'un de vos proches êtes confronté à des pensées suicidaires, n'hésitez pas à contacter le 3114, le numéro national de prévention du suicide, où des professionnels sont disponibles 24h/24 et 7j/7 pour vous écouter et vous soutenir.