Le lundi 21 avril 2025 à 13:16
Plusieurs établissements pénitentiaires et agents ont été ciblés dans la nuit de dimanche à lundi, dans un contexte de recrudescence des attaques contre les personnels de l’administration pénitentiaire en France.
À Corbas (Rhône), deux véhicules ont été incendiés peu après minuit sur le parking sécurisé de la maison d’arrêt, tandis que deux autres ont été dégradés, selon le parquet de Lyon. Le syndicat FO Justice a confirmé ces éléments, précisant que "deux véhicules ont été incendiés sur le parking de la prison de Lyon-Corbas" et que le "logement d’un agent pénitentiaire" aurait été visé par "des tirs de mortier d’artifice et d’armes à feu".
Un mineur a été interpellé à proximité de l’établissement dans les heures qui ont suivi les faits et placé en garde à vue, selon le parquet. Il est soupçonné d’avoir voulu commettre un acte de malveillance, selon une source proche du dossier. Le parquet a précisé qu’"un lien n’est pas établi à ce stade".
[ALERTE – VIOLENCES INADMISSIBLES CONTRE NOS COLLÈGUES]
Cette nuit, une nouvelle étape a été franchie dans la violence à l’encontre des personnels pénitentiaires.
Deux véhicules ont été incendiés sur le parking de la prison de Lyon-Corbas.
Mais plus grave encore : le logement… pic.twitter.com/jcY9K8WJcq— FO JUSTICE (@SyndFoJustice) April 21, 2025
Un voisin ciblé par erreur
Dans la commune de Villefontaine (Isère), voisine de la prison de Saint-Quentin-Fallavier, des faits similaires ont été signalés. La porte d’un domicile a été incendiée et des impacts de tirs ont été retrouvés sur la façade. Une inscription "DDPF" a été taguée sur les lieux, selon des sources syndicales et de la gendarmerie. "Par erreur, les agresseurs ont en réalité ciblé le domicile d’un voisin, croyant viser notre collègue", a indiqué le syndicat FO Justice. Une deuxième maison a aussi été visée, mais aucun tag n’a été découvert sur les lieux.
À Villefranche-sur-Saône (Rhône), une voiture appartenant à un surveillant a été incendiée dans la nuit sur un parking proche du centre pénitentiaire. Deux surveillants avaient porté plainte mi-avril après la publication de messages sur TikTok révélant leur identité, selon le parquet de Villefranche.
Le ministre de la Justice Gérald Darmanin s’est exprimé sur les réseaux sociaux pour dénoncer ces actes : "Il n’y a pas eu de blessés mais ces faits constituent des intimidations contre la République au moment où nous remettons de l’autorité et de l’ordre dans nos prisons. C’est un moment difficile, mais indispensable pour l’État et ses agents". Il a également affirmé qu’il serait "au contact de ces agents toute cette journée", et déclaré pouvoir "compter sur la fermeté du ministère de l’Intérieur pour interpeller rapidement les auteurs et mettre fin à ces désordres".
Des agents pénitentiaires et des centres de détention ont de nouveau été pris pour cibles cette nuit. Je serai au contact de ces agents toute cette journée.
Il n’y a pas eu de blessés mais ces faits constituent des intimidations contre la République au moment où nous remettons…
— Gérald DARMANIN (@GDarmanin) April 21, 2025
Ces attaques interviennent dans un climat déjà tendu. Depuis mi-avril, plusieurs établissements pénitentiaires et surveillants ont été pris pour cible à travers le pays. Le sigle "DDPF", pour "défense des droits des prisonniers français", a été retrouvé dans plusieurs lieux. Le groupe se revendiquant de ce nom a diffusé des menaces et une vidéo sur la messagerie Telegram.
Le parquet national antiterroriste se saisit de l'enquête
Face à cette situation, le parquet national antiterroriste (PNAT) a annoncé, dans un communiqué diffusé en fin de matinée, se saisir de l’affaire. Les faits sont désormais qualifiés de "participation à une association de malfaiteurs terroriste en vue de crime contre les personnes", "tentative d’assassinat sur personne dépositaire de l’autorité publique en relation avec une entreprise terroriste" et "dégradation ou détérioration en bande organisée du bien d’autrui par un moyen dangereux pour les personnes en relation avec une entreprise terroriste".
Le PNAT, qui s'est saisi des enquêtes concernant les précédentes attaques, a indiqué qu’aucune piste n’était privilégiée à ce stade. La piste du narcobanditisme reste toutefois avancée par le gouvernement.