Bastia : Victime de harcèlement scolaire, un collégien de 13 ans menace de se suicider

Un collégien âgé de 13 ans a menacé de se suicider au cours du week-end, à Bastia. Il a été conduit à l'hôpital. L'enfant est victime de harcèlement scolaire et ses parents ont déposé plainte. Une enquête a été ouverte. Le rectorat de l'académie de Corse affirme de son côté que toutes les mesures nécessaires ont été prises face à cette situation.
Bastia : Victime de harcèlement scolaire, un collégien de 13 ans menace de se suicider
Le collège de Montesoro à Bastia. (Google view)
Par Stéphane Cazaux
Le mardi 6 juin 2023 à 19:00

Un adolescent de 13 ans scolarisé au collège de Montesoro à Bastia (Corse) a menacé de mettre fin à ses jours, dans la nuit de vendredi à samedi, en se jetant par la fenêtre du domicile familial situé au 3ème étage d'un immeuble, a appris Actu17, confirmant une information de Corse Matin. Le jeune garçon était à bout après avoir été victime de harcèlement scolaire.

Cette nuit-là, Gabriel* a envoyé un message à son père avec une photo, pour lui faire part de sa décision de mettre fin à ses jours. "Le petit est venu me dire qu'il souhaitait se jeter par la fenêtre pour en finir. Je ne souhaite à personne de vivre cela", a confié son père, à nos confrères. Le père est rapidement intervenu et a alerté les sapeurs-pompiers qui ont pris en charge son fils et l'ont conduit à l'hôpital de Bastia. Peu avant le drame, Gabriel aurait reçu un énième message, l'invitant à "se jeter dans le vide" selon nos informations. Le petit garçon, scolarisé en classe de 5e SEGPA (une classe adaptée, ndlr) a pu quitter le centre hospitalier samedi dans l'après-midi et fait l'objet d'un suivi médical.

La veille des faits, jeudi 1er juin, Gabriel et sa mère s'étaient présentés au commissariat pour déposer une plainte pour "harcèlement moral" et "menaces réitérées contre personne", visant quatre collégiens, toujours selon nos informations. A la suite de cette déposition, une enquête a été ouverte et confiée aux policiers de la sûreté départementale.

«Si tu commences à balancer, tu vas voir, les choses vont s'aggraver»

Les insultes et les menaces reçues par le petit garçon depuis le début de l'année, sont nombreuses. Par l'intermédiaire d'un groupe Snapchat dédié à l'aide aux devoirs, Gabriel est traité de "trisomique" et de "mongol", semble-t-il à cause du fait qu'il est scolarisé dans une classe SEGPA. "Je vais venir te taper, tu verras. Si tu commences à balancer, tu vas voir, les choses vont s'aggraver", lâche l'un des harceleurs, dans un message sonore destiné à la victime, rapporte Corse Matin. Les autres messages sont tout aussi violents. Il y a aussi des montages photos obscènes, où le visage de Gabriel a été inséré. Du harcèlement violent qui dure parfois plusieurs heures par jour.

"Du côté de la direction académique, on nous a proposé d'écrire une lettre pour que notre enfant change d'établissement. Mais ce n'est pas à nous d'abandonner face à ceux qui harcèlent", ont réagi les parents de Gabriel, auprès de nos confrères. Les enquêteurs de la sûreté départementale ont convoqué et interrogé les parents des collégiens soupçonnés de harcèlement au cours du week-end. Les policiers ont notamment pu récupérer certains messages et images envoyés au petit garçon selon une source proche de l'affaire.

Le rectorat de l'académie de Corse, que nous avons sollicité ce mardi concernant cette affaire, nous indique qu'"un élève de 5e scolarisé en SEGPA au collège de Montesoro à Bastia, a informé ses parents qu’il aurait fait l’objet de moqueries de la part de deux camarades de la classe dans laquelle il est inclus périodiquement". Le directeur adjoint de la SEGPA "a reçu les parents de l’élève puis ils ont été reçus également le 1er juin 2023 par le chef d’établissement".

Les parents «ont convenu du comportement inadmissible de leurs enfants»

Les élèves soupçonnés de harcèlement "ont été convoqués le 31 mai". "Ils n’ont pas reconnu la réitération des moqueries, sinon des invectives suite à un tir raté durant une partie de football en EPS (éducation physique et sportive, ndlr). Un troisième élève s’en serait pris verbalement au collégien, ne supportant pas la mise en cause de ses deux camarades", poursuit le rectorat. "Les parents de tous les élèves mis en cause ont été reçus par le chef d’établissement et ont convenu du comportement inadmissible de leurs enfants".

Le 2 juin, le rectorat explique avoir fait un signalement au procureur de la République de Bastia, sur le fondement de l’article 40 du Code de procédure pénale. Il assure également qu'il n'y a eu "aucune tentative de suicide" de la part de Gabriel. "L’élève aurait évoqué à ses parents la possibilité de mettre fin à ses jours", précise-t-on. "Dès que l’établissement et le rectorat ont été saisis des faits, l’affaire a été prise très au sérieux. Aucune forme de harcèlement, de menace, de violence, quelle qu’elle soit, ne saurait être tolérée dans les écoles et les établissements de l’Académie de Corse".

Les élèves vont passer devant le conseil de discipline

"La famille a de nouveau été reçue dans l'établissement le 5 juin 2023. Le Directeur académique des services de l’Éducation nationale de Haute-Corse s’est également entretenu avec elle par téléphone ce même jour. L’élève devrait regagner son établissement le lundi 12 juin 2023, car il est fondamental qu’il puisse être scolarisé dans un climat serein et apaisé. L’Académie de Corse y veille en toutes circonstances", ajoute le rectorat, qui précise que "les élèves soupçonnés de harcèlement passeront dans les jours à venir devant le conseil de discipline de l’établissement qui se prononcera sur les sanctions au regard des faits et de leur gravité".

"Chaque situation est prise en compte avec écoute, sérieux, proportionnalité et fermeté. Chaque cas de harcèlement est un cas de trop. L’académie de Corse est pleinement engagée dans la lutte contre le harcèlement", assure le rectorat.

Le parquet de Bastia, que nous avons sollicité concernant cette affaire, n'a pas donné suite.

Le sujet du harcèlement scolaire est de nouveau largement évoqué ces dernières semaines par le gouvernement et les élus, suite au suicide de la petite Lindsay, 13 ans, à Vendin-le-Vieil (Pas-de-Calais), le 12 mai dernier. Cette dernière a été victime de harcèlement durant de longs mois à son collège. Ses parents affirment que rien n'a été fait pour mettre fin à son calvaire, malgré de multiples alertes et une plainte. Quatre nouvelles plaintes ont été déposées suite à cette tragédie.

*le prénom a été modifié