Le jeudi 1 juin 2023 à 13:26
C'est lors d'une conférence de presse ce jeudi matin que la famille de Lindsay, une adolescente de 13 ans qui s'est suicidée le 12 mai dernier après avoir longtemps subi du harcèlement scolaire, a évoqué sa lutte et sa déception face à l'inaction des différentes instances. Ils étaient accompagnés de leur avocat, Me Pierre Debuisson.
Lindsay était scolarisée au collège Bracke-Desrousseau de Vendin-le-Vieil (Pas-de-Calais). Sa mort a profondément choqué ses proches, ses amis, jusque partout en France. Betty, sa mère, est revenue sur la situation insupportable qu'elle a traversée, avant ce geste fatal. "Elle était vraiment en détresse, personne ne l’a aidée". "On n'a pas été aidés", a-t-elle insisté, parlant des multiples fois où Lindsay a subi des "insultes, menaces, moqueries, tags abominables" au collège. Elle affirme que plusieurs alertes ont été données au sein de l'établissement et que deux plaintes avaient été déposées par la famille, en vain.
"J’ai tout essayé, on n’a pas été aidés, on a été lâchés par tout le monde", a poursuivi Betty, avant de s'effondrer en larmes. Elle a également exprimé sa conviction que si la famille avait reçu le soutien nécessaire, Lindsay serait encore en vie. "On n'a été aidés ni avant, ni pendant, ni après", a-t-elle martelé, dénonçant l'inaction du collège et de la police.
«Nous irons pisser sur sa tombe»
Quatre plaintes ont été déposées par la famille de Lindsay contre le directeur du collège de Vendin-le-Veil, contre l'Académie de Lille, contre les policiers qui ont recueilli les plaintes, et contre Instagram et Facebook France. L'avocat de la famille, Me Pierre Debuisson, a précisé que ces plaintes étaient déposées "pour non-assistance à personne en péril". "Après la mort de Lindsay, des insultes ont continué et continuent de circuler" sur Instagram, a-t-il souligné. Il reproche aux réseaux sociaux de ne pas avoir censuré ces messages haineux, dont certains disaient "Lindsay est enfin morte" et "nous irons pisser sur sa tombe". L'adolescente est également traitée de "pute".
"J'ai tout essayé, on a été lâchés"
La mère de Lindsay, victime de harcèlement au collège, témoigne pic.twitter.com/oT3qUOPsgn
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«Si vous lisez cette lettre, c’est que je ne suis peut-être plus là»
La conférence de presse a également été l'occasion de lire une lettre d'adieu que Lindsay avait écrite quelques mois avant son suicide. L'avocat de la famille a lu ces mots déchirants : "Si vous lisez cette lettre, c’est que je ne suis peut-être plus là. Je n'en pouvais plus des insultes, moqueries et menaces. Rien ne les arrêtera, elles me voudront toujours du mal (...) Pardon maman. (...) J’espère que ce que j’ai fait servira à quelque chose, elles penseront qu’elles ont gagné et elles arrêteront. Faites attention à Maëlys, à vous, au revoir".
"Je n'en peux plus et j'ai envie d'en finir"
La lettre écrite par Lindsay quelques mois avant son suicide lue par l'avocat de sa famille pic.twitter.com/SVzH7tgYTK
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Lindsay a mis fin à ses jours le 12 mai dernier après un long combat contre le harcèlement scolaire et en ligne. Ses parents ont signalé à plusieurs reprises l'intimidation à la direction de son établissement, qui a notamment répondu en suggérant de lui retirer son téléphone portable. "Lindsay était au collège et elle demandait de l’aide au directeur, qui lui a clairement dit : 'tu m’embêtes avec tes bêtises, ça reste entre vous, on a autre chose à faire'", affirme sa mère.
L'académie de Lille avait reconnu une "première situation de harcèlement" qui avait été "traitée par l'établissement". La famille et l'avocat de Lindsay ont rappelé que les mesures prises ont été insuffisantes et que le harcèlement a continué.
Le 20 mai, près d'une semaine après le suicide de Lindsay, une information judiciaire a été ouverte a annoncé le parquet de Béthune. Cinq jours plus tard, quatre mineurs ont été mis en examen pour "harcèlement scolaire ayant conduit au suicide" et une personne majeure pour "menaces de mort". Le rectorat de l'académie de Lille a de son côté annoncé le 26 mai l'ouverture d'une enquête administrative.