Concert perturbé à la Philharmonie de Paris : quatre gardes à vue après des troubles, ce que l'on sait

Le concert de l'Orchestre philharmonique d'Israël à la Philharmonie de Paris a été interrompu à plusieurs reprises par des spectateurs jeudi soir. Quatre personnes ont été placées en garde à vue après l'intervention des forces de l’ordre. Le point sur ce que l'on sait.
Concert perturbé à la Philharmonie de Paris : quatre gardes à vue après des troubles, ce que l'on sait
Des manifestants ont perturbé un concert de l'Orchestre philharmonique d'Israël ce jeudi soir à Paris. (captures écran / DR)
Par Actu17
Le vendredi 7 novembre 2025 à 18:01

Un concert de l'Orchestre philharmonique d'Israël a été perturbé ce jeudi soir à la Philharmonie de Paris, où plusieurs spectateurs ont tenté à plusieurs reprises d'interrompre la représentation. Quatre personnes – trois hommes et une femme – ont été placées en garde à vue à la suite de ces faits.

Selon le parquet de Paris, trois des personnes interpellées le sont pour "participation à un groupement en vue de commettre des violences ou dégradations", et la quatrième pour "organisation d'une manifestation non déclarée". Selon une source proche du dossier, l'un des hommes, âgé d'une vingtaine d'années, est "fiché S" pour ses liens avec la "mouvance contestataire".

La Philharmonie de Paris a annoncé avoir déposé plainte après ces troubles survenus dans la grande salle Pierre-Boulez, alors que l'orchestre israélien se produisait sous la direction de Lahav Shani avec le pianiste Sir András Schiff. "La Cité de la musique-Philharmonie de Paris déplore et condamne fermement les graves incidents survenus dans la grande salle Pierre-Boulez durant le concert donné par l'Israel Philharmonic Orchestra sous la direction de Lahav Shani avec le pianiste sir András Schiff", a déclaré l'établissement. "L'établissement a porté plainte", a-t-il ajouté.

«Des spectateurs se sont interposés et des affrontements ont eu lieu»

L'institution a détaillé le déroulement des faits : "À trois reprises, des spectateurs en possession d'un billet ont tenté de diverses manières d'interrompre le concert, dont deux fois avec l'usage de fumigènes. Des spectateurs se sont interposés et des affrontements ont eu lieu. Les fauteurs de troubles ont été évacués et le concert, qui avait dû s'interrompre, a repris et s'est achevé dans le calme".

Des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux montrent la confusion dans la salle Pierre-Boulez, où un spectateur brandit un fumigène avant d'être pris à partie par d'autres personnes. Présent dans la salle, l'ambassadeur d'Israël en France, Joshua Zarka, a relaté sur RTL : "Quelqu'un a sorti un fumigène et il s'est fait tabasser par des gens qui étaient venus apprécier de l'art et qui avaient été gênés par cette conduite".

«Une jeune femme a crié "Israël assassin" et a lancé des tracts»

Selon le président du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF), Yonathan Arfi, les perturbateurs étaient des militants pro-palestiniens. "Une jeune femme a crié 'Israël assassin' et a lancé des tracts", a-t-il rapporté. Il a ajouté qu'"il n'y avait pas de doutes sur le sens de ces interruptions car elles étaient annoncées d'une certaine manière par les mobilisations de ces derniers jours".

Dans un communiqué publié vendredi, la Philharmonie a insisté sur la gravité des faits : "Rien ne peut justifier les actes survenus jeudi soir. La Philharmonie a démontré qu'elle était à l'écoute en répondant aux diverses interpellations reçues ces derniers jours au sujet de ce concert. Mais la violence n'est pas un débat. Et la faire entrer dans une salle de concert est très grave".

Sur le réseau social X, le ministre de l'Intérieur, Laurent Nuñez, a également réagi : "Je remercie les effectifs de la préfecture de police qui ont permis l'interpellation rapide de plusieurs auteurs de troubles graves à l'intérieur de la salle et de contenir les manifestants à l'extérieur. Rien ne peut les justifier".

De son côté, la ministre de la Culture, Rachida Dati, a affirmé que "la violence n'a pas sa place dans une salle de concert. La liberté de programmation et de création est un droit fondamental de notre République !", condamnant "fermement les perturbations survenues à la Philharmonie lors du concert de l'Orchestre philharmonique d'Israël".

Aurore Bergé, ministre chargée de la lutte contre les discriminations, a pour sa part qualifié d'"indigne de notre pays" ce qu'"a subi" l'Orchestre philharmonique d'Israël. "L'antisémitisme, sous toutes ses formes, n'aura jamais sa place en France", a-t-elle ajouté.

Marine Le Pen a dénoncé sur X "les incidents provoqués hier soir par des activistes antisémites d'extrême gauche, encouragés par les appels à la violence du syndicat communiste de la CGT", estimant qu'ils "auraient pu tourner au drame" lors du concert. Elle a jugé ces actes "intolérables" et appelé à "une réponse judiciaire exemplaire pour leurs auteurs".

Interrogé vendredi sur ces faits, Jean-Luc Mélenchon a déclaré : "Ça a été un peu tendu. Bon, voilà. (…) Mais vous ne pouvez pas empêcher des gens d'exprimer une protestation contre un génocide". Le leader de La France insoumise (LFI) a ajouté qu'"on peut regretter [ces incidents]. Moi, je regrette surtout le génocide, plus que l'affaire de la Philharmonie. Mais voilà, c'est comme ça, il y a des conséquences à des actes sur le plan international".

L'Orchestre philharmonique d'Israël est dirigé par le chef israélien Lahav Shani, âgé de 36 ans. En septembre, l'Orchestre philharmonique de Munich avait été déprogrammé d'un festival belge où il devait se produire sous sa direction. Lahav Shani avait alors accusé la direction du festival d'avoir cédé "aux pressions politiques". "Elle a exigé que je fasse une déclaration politique malgré mon engagement de longue date et publiquement exprimé en faveur de la paix et de la réconciliation", avait-il détaillé.

Ces perturbations sont survenues dans un contexte de tensions autour de la tenue de ce concert : plusieurs organisations pro-palestiniennes en avaient réclamé l'annulation, et la CGT-Spectacle avait demandé à la Philharmonie de "rappeler à son public les accusations gravissimes qui pèsent contre les dirigeants" d'Israël.

Lundi, la Philharmonie de Paris avait indiqué espérer que le concert "puisse se tenir dans les meilleures conditions possibles", rappelant qu'elle accueillait "aussi bien des artistes israéliens que palestiniens" sans "jamais" exiger de prise de position politique.