Le mardi 7 avril 2020 à 10:16
Le fondateur du groupe de chimie SNF, basé à Andrézieux-Bouthéon (Loire), aurait fait importer d'Inde des lots de chloroquine pour fournir le médicament à ses salariés en cas de contamination au coronavirus.
« Covid-19 : SNF maintient la continuité de son activité à Andrézieux », peut-on lire sur le site de l'entreprise. René Pich, 79 ans, fondateur et directeur général délégué de SNF, affirme, quant à lui, avoir agi par humanisme, pour aider son prochain.
L'entrepreneur avait déjà commandé des masques de protection respiratoire et du gel hydroalcoolique durant les semaines précédentes. Cette fois, c'est de la chloroquine qu'il a importée d'Inde.
La diffusion d'une note interne
L'information a fuité après la diffusion d'une note à ce sujet le 18 mars, auprès des cadres de l'entreprise. L'écrit invite les cadres à faire une demande « auprès de la direction pour la délivrance du produit » au cas où un employé présente les symptômes du Covid-19, rapporte Le Parisien. La posologie à suivre y est même indiquée.
« Nous nous sommes informés en Chine dès la fin janvier et nous avons compris que ce produit était la solution. Aujourd'hui, Trump aux USA, en passant au-dessus de toutes les procédures médicales, a préconisé ce produit pour tous les cas graves. Ce produit est maintenant utilisé avec succès en Chine, Corée du Sud et Thaïlande », y indique le chef d'entreprise. Mis au fait de cet écrit, un syndicat a signalé les faits à l'inspection du travail de la Loire.
Garde à vue et perquisitions
L'entrepreneur a été interpellé et placé en garde à vue, ce lundi, par les gendarmes de la brigade de recherches de Montbrison, révèle Libération. Il est poursuivi pour « exercice illégal de la pharmacie et de la médecine ». L'enquête avait été ouverte le 2 avril dernier par le parquet de Saint-Etienne. Les gendarmes ont procédé aux perquisitions de son domicile et de son bureau au sein de SNF.
Pour la justice, ce médicament venu d'Inde présente des risques plus importants de contrefaçon, avec à la clé de possibles effets inconnus. Au total, René Pich a commandé une dizaine de boîtes, soit un millier de comprimés. « Il s'agit de produits non-validés par les autorités de santé et dont l'importation est interdite », a précisé le procureur de la République.
Une plainte de la CFDT
Avant son placement en garde à vue ce lundi, le dirigeant avait fait l'objet d'une audition libre vendredi. Il avait alors remis aux gendarmes 5 boîtes du médicament pour un total de quelques centaines de comprimés.
Ce jour-là, le syndicat CFDT de la chimie avait déposé plainte auprès du parquet de Saint-Etienne pour « mise en danger de la vie d'autrui, exercice illégal de la médecine et de la pharmacie et administration de substances vénéneuses ». À ce stade des investigations, les enquêteurs n'ont pas identifié de salariés ayant consommer de la chloroquine.
Leader mondial des polyacrylamides utilisés dans le traitement de l'eau, SNF, créé en 1978 à Saint-Etienne, a réalisé un chiffre d'affaires de 3,4 milliards d'euros l'année dernière. L'entreprise compte 6 000 salariés dont 1 350 sur le site d'Andrézieux-Bouthéon.