Gilets jaunes : Un mois de prison avec sursis et 500 euros d'amende requis contre Eric Drouet.

Eric Drouet, figure connue des Gilets jaunes, était jugé ce vendredi matin au tribunal correctionnel de Paris pour "organisation de manifestations sans déclaration préalable".
Gilets jaunes : Un mois de prison avec sursis et 500 euros d'amende requis contre Eric Drouet.
Eric Drouet. (photo Facebook)
Par Actu17
Le vendredi 15 février 2019 à 12:15 - MAJ vendredi 15 février 2019 à 12:56

Le parquet a requis ce vendredi une peine d'un mois d'emprisonnement avec sursis et 500 euros d'amende. Le délibéré aura lieu le 29 mars prochain à 9 heures.

Le chauffeur routier de 33 ans, originaire de Seine-et-Marne, Eric Drouet, désormais connu pour être un des leaders du mouvement contestataire des Gilets jaunes, était jugé ce matin pour l'« organisation sans déclaration préalable » de deux manifestations, le 22 décembre - l'acte VI des Gilets jaunes lors duquel il avait déjà été interpellé - et le 2 janvier.

Des réquisitions "au-delà de toute réalité" pour l'avocat du prévenu, Me Khéops Lara.

A l'ouverture de l'audience, le parquet a demandé le renvoi du procès afin qu'Eric Drouet soit jugé pour l'ensemble des faits qui lui sont reprochés, le même jour, le 5 juin prochain. Le prévenu est en effet convoqué ce jour là devant la justice pour "port d'arme" par destination. Des faits datant là aussi du 22 décembre. "Il me parait curieux de scinder les faits du 22 décembre" a expliqué le procureur.

L'avocat d'Eric Drouet Me Lara s'est fermement opposé à ce renvoi. Le tribunal s'est retiré et a finalement décidé de jugé l'affaire ce vendredi.

"C'est de la folie cette affaire !"

Me Lara s'est rapidement exprimé, mettant en cause l'interpellation d'Eric Drouet le 2 janvier, rue Royale à Paris : "C'est sur instruction de l'État major de la police que sera procédé au parcage, au nassage d'Eric Drouet ce jour-là (...) Quel critère pénal délictueux a été retenu pour l'arrêter ? Il allait dans un restaurant et poser des bougies ! C'est de la folie cette affaire !". "Il n'y avait aucun trouble à l'ordre public. Il marchait avec une dizaine de personnes. Où est le comportement délictueux" a poursuivi Me Lara.

Face au tribunal, Me Khéops Lara a également fait référence à la perquisition avortée dans les locaux de Mediapart : "Je suis M. Drouet depuis le début, depuis 2 mois. J'avais évoqué une intimidation, quelque chose de nouveau. Je souris aujourd'hui car c'est repris de façon plus large, on fait des perquisitions dans les cabinets de presse, chez les journalistes". "Je vais vous demander d'annuler l'interpellation, elle ne repose sur rien" a-t-il conclu peu après.

"Le code pénal réprime le non-respect de l'obligation de déclaration de manifestation sur la voie publique (...) nous sommes dans une infraction commise en flagrance" lui a répondu le procureur.

"Il a été reçu pour instruction de procéder à l'interpellation de M. Drouet"

La présidente a ensuite lu les différents rapports de police sur cette affaire, qui indiquent que les policiers s'étaient positionnés dès 19 heures ce 2 janvier, près des Champs-Élysées suite au différents messages sur Facebook d'Eric Drouet. Un groupe d'individus s'était rassemblé d'abord devant le McDonald's de cette même avenue.

Les policiers avaient alors fait "plusieurs sommations", invitant le groupe d'individus a se disperser. "Les manifestants n'obtempèrent pas" lit la présidente, "instruction de procéder à des contrôles d'identité" poursuit-elle. "Eric Drouet tente de se dissimuler à nouveau, protégé par des individus" dit la présidente, poursuivant sa lecture des rapports de police.

"Il y avait une manifestation illégale de Gilets Jaunes (...) Il a été reçu pour instruction de procéder à l'interpellation de M. Drouet. La situation s'est tendue." a continué la magistrate.

"Je suis juste un relai" dit Eric Drouet

Interrogé sur les faits Eric Drouet s'est défendu : "On faisait pas partie du groupe de 70 personnes [sur les Champs-Élysées], on voulait juste aller au restaurant après être allés déposer des bougies".

La présidente a aussi évoqué les manifestations du mois de décembre, dont Eric Drouet aurait été parfois l'organisateur : "Et pour les évènements de décembre ?". "Je suis juste un relai" répond M. Drouet. "Un relai de qui ?" rétorque la présidente. "Des Gilets jaunes" lui répond le prévenu.

"Vous savez que vous incarnez une forme de représentation à l'échelle nationale de ce mouvement, n'avez-vous pas le sentiment que toute démarche de votre part est susceptible d'amener des personnes à se regrouper autour de vous et de susciter une manifestation publique ?" lui a ensuite demandé la présidente. "Dans ce cas là je ne sors plus de chez moi. Si je vais faire des courses et qu'il y a 100 personnes qui viennent... Je ne peux pas le savoir à l'avance !" s'est exclamé M. Drouet.

"Il y a eu des débordements ce jour là, 22 décembre, dans Paris" a déclaré le procureur à l'attention d'Eric Drouet. "Je ne suis pas responsable de tout Paris" lui a répondu le prévenu.

"Il n'y a pas d'autorisation de faire ces manifestations" a expliqué le procureur

"Monsieur Drouet a appelé à un rassemblement sur la voie publique, il n'y a pas d'ambiguïté. Il devait y avoir une déclaration préalable à la préfecture de police de Paris.P our qu'elle ne dise rien, ou qu'elle l'interdise. Il n'y a pas d'autorisation de faire ces manifestations" a rappelé le procureur.

"Je crois que tout le monde est un peu dépassé par ce mouvement des Gilets Jaunes"

"Ce procès est clairement politique. On vient juger Eric Drouet comme une figure pensante et on vous demande de le condamner pour cela. (...) Je crois que tout le monde est un peu dépassé par ce mouvement des Gilets Jaunes, un mouvement inédit. Il n'y a pas de chef, c'est horizontal" a ensuite plaidé Me Lara, après le réquisitoire du procureur.

"J'ai aucun rôle d'organisateur ou de meneur dans ce mouvement. Je suis juste un relai du mouvement des Gilets jaunes" a conclu Eric Drouet, qui devra attendre jusqu'au 29 mars pour connaître le délibéré.