Le vendredi 8 décembre 2023 à 19:21 - MAJ vendredi 8 décembre 2023 à 20:19
C'est le plus gros coup de filet jamais réalisé en France en matière de lutte contre le téléchargement et le partage de contenus pédocriminels, mené par la police nationale et la gendarmerie nationale, qui s'est déroulé en début de semaine. Selon les informations d'Actu17, les forces de l'ordre ont interpellé 80 suspects dans 53 départements, qui ont tous été placés en garde à vue.
Cinq des 80 suspects, qui ont déjà des antécédents judiciaires pour des faits similaires, ont été placés en garde à vue dans les locaux de l'office des mineurs (OFMIN), qui a été créé en septembre dernier, et qui est à l'origine de ce coup de filet historique pour sa première opération d'ampleur. "L'OFMIN a initié chaque procédure et fourni des éléments aux différents services d'enquête à travers la France", détaille une source proche du dossier. Toujours selon nos informations, 51 des suspects ont été déférés au terme de leur garde à vue, au cours de la semaine. 13 ont été placés en détention provisoire ou écroués à la suite d'une condamnation lors d'un jugement en comparution immédiate. Les 38 autres ont été placés sous contrôle judiciaire avec une obligation de soins.
Deux des mis en cause qui ont été interrogés par les enquêteurs de l'OFMIN sont des professeurs des écoles. L'un est soupçonné d'avoir agressé sexuellement l'une de ses anciennes élèves. "De très nombreuses images d'enfants, dont il avait la charge, ont été découvertes sur ses supports numériques", précise la même source. "L'homme avait également téléchargé des contenus pédocriminels. Il est l'un des treize suspects qui a été écroué". Le second professeur a quant à lui été remis en liberté sous contrôle judiciaire.
L'un des suspects avait changé d'identité
Le troisième suspect entendu par les policiers de l'OFMIN, qui est rattaché à la direction nationale de la police judiciaire (DNPJ), est un surveillant qui s'occupait d'enfants en situation de handicap. Il est déjà connu des services de police pour des faits d'agressions sexuelles. "Il avait été interdit par la justice de travailler au contact des mineurs, mais a changé d'identité et a ensuite pu obtenir ce travail", poursuit notre source. Cet homme fait lui aussi parti des mis en cause qui ont été envoyés derrière les barreaux.
Le quatrième suspect qui a été conduit dans les locaux de l'OFMIN est un élu local qui est soupçonné d'avoir consulté et partagé plus de 100 000 contenus pédocriminels. Il a été remis en liberté sous contrôle judiciaire et doit être jugé en février prochain. Quant au cinquième homme, déjà connu pour des services de police pour un viol incestueux, il a lui aussi été incarcéré.
Six suspects au profil «particulièrement inquiétants»
24 autres suspects ont été remis en liberté alors que les investigations se poursuivent dans le cadre d'une enquête préliminaire. L'un des suspects, qui avait été placé en garde à vue dans les locaux de la brigade de recherche d'Argentan (Orne), s'est donné la mort dans la nuit de mardi à mercredi, alors qu'il avait été laissé libre, toujours selon les informations d'Actu17. Cinq autres suspects sont convoqués devant la justice prochainement.
En outre, dix des suspects ont vu leurs poursuites élargies à des faits de "viols sur mineurs de 15 ans", "agressions sexuelles sur mineurs de 15 ans", "corruption de mineurs" ou encore "atteintes à l'intimité de la vie privée". "Six des 52 suspects ont un profil particulièrement inquiétant", souligne une autre source proche de l'affaire. "Des enfants ont sans aucun doute été 'sauvés' par l'intervention des policiers".