Le vendredi 18 novembre 2022 à 10:57 - MAJ vendredi 18 novembre 2022 à 11:35
Les policiers de la brigade anticriminalité (BAC) du commissariat du Centre ont repéré puis interpellé ce mercredi peu après 14 heures, au niveau de la station de métro Réaumur-Sébastopol (IIe), un homme très connu des services de police. Cet Algérien de 43 ans était recherché pour une douzaine de vols commis ces dernières semaines dans des hôtels de luxe et restaurants parisiens, au préjudice de clients. Il a été placé en garde à vue et les fonctionnaires ont découvert qu'il venait tout juste de faire trois nouvelles victimes, en subtilisant discrètement trois sacs dans des lieux différents de la capitale, avant d'utiliser frauduleusement les cartes bancaires des victimes qui ont pu être rapidement identifiées.
Le quadragénaire est déjà connu pour des dizaines de vols, ce qui a conduit les policiers du commissariat du Centre à monter un dossier pour regrouper tous les faits récents dont il est soupçonné, pour le présenter à la justice. "Il faisait l'objet d'une procédure spécifique depuis plusieurs mois afin qu'il n'échappe pas à ses responsabilités", confirme une source proche de l'affaire. Au total, une trentaine de vols pourraient lui être attribués. Car celui qui se fait passer pour un Israélien nommé David B., auprès des services de police, et qui utilise des alias (des fausses identités, ndlr), est loin d'être un débutant. "Je suis le meilleur et je serai libre demain", se réjouit-il régulièrement auprès des policiers lorsqu'il est interpellé en flagrant délit. Un aplomb qu'il utilise aussi lors de ses méfaits, qu'il commet avec un air très naturel et qui lui permet de ne pas attirer l'attention.
Le vol d'un ordinateur de l'OTAN
Ce multi-récidiviste est cette fois poursuivi pour de multiples vols sur le Centre de Paris, le VIIIe et le Xe arrondissements, notamment. "Une enquête est aussi en cours dans les Hauts-de-Seine le concernant. Il aurait aussi agi en Espagne", souligne notre source. Présenté comme le "voleur le plus actif à Paris" ces derniers mois par des sources policières, il avait déjà fait parler de lui le 15 juillet dernier en mettant la main sur un ordinateur portable contenant des données sensibles, appartenant à une militaire allemande, lors d’une réunion de l’OTAN au Cercle National des Armées (VIIIe). Un vol qui avait provoqué des tensions diplomatiques, la France étant pointée du doigt pour son manque de sécurité, en pleine guerre en Ukraine.
Les faits s'étaient produits durant un séminaire sur la défense antimissile en mer. Des gradés de toutes les armées de l'OTAN étaient présents afin d'aborder longuement le sujet. En exploitant les vidéosurveillances, les gendarmes de la section de recherches (SR) de Paris - chargés de cette délicate enquête - découvrent qu'un inconnu s'est faufilé au milieu d'un groupe de militaires à l'entrée, laissant penser qu'il était avec eux. Les agents de sécurité n'ont, eux, rien remarqué. Le voleur en a profité pour accéder à une salle de conférence avant de dérober l'ordinateur et de quitter les lieux aussi tranquillement qu'il est arrivé. Les enquêteurs ont constaté qu'il avait commis peu après un second vol dans une brasserie située à proximité, ce qui a eu pour effet d'écarter la piste d'un espion... et de faire retomber la pression. Car un espion ne serait pas resté dans le coin et aurait rapidement disparu. Le quadragénaire algérien et son complice présumé ont été interpellés quelques jours plus tard et doivent être jugés en mars 2023 dans cette affaire.
La préfète de police des Bouches-du-Rhône parmi les victimes
Parmi les vols reprochés à ce voleur en série, dans le cadre de cette épaisse procédure, un vol de bijoux appartenant à une touriste - estimés à 70 000 euros - dans un hôtel du XIVe arrondissement, le 10 septembre dernier ; ou encore le vol du sac à main de la préfète de police des Bouches-du-Rhône, Frédérique Camilleri, le même jour, alors qu'elle était attablée dans un restaurant du VIIe arrondissement. L'auteur du larcin a utilisé frauduleusement sa carte bancaire pour effectuer quelques achats sans contact, selon nos informations.
Durant le mois d'octobre dernier, ce ressortissant algérien a aussi été interpellé et placé en garde à vue à plusieurs reprises pour des vols simples. Sur le XVIIe arrondissement où il a été pris la main dans le sac par sa victime, avant qu'une bagarre éclate. Le 7 octobre, il a aussi été interpellé dans la gare du Nord (Xe) alors qu'il venait de voler un bagage. Même chose le 21 septembre pour un énième vol. "Quand vous êtes poursuivi pour un unique vol simple, même en récidive, ce n'est pas la même chose que pour quinze ou vingt-cinq vols avec d'importants préjudices, devant la justice", expose une source judiciaire. "Cette fois, le dossier est composé de nombreux faits qui pourraient le conduire directement derrière les barreaux". "C'est un voleur qui connait bien les ficèles du système judiciaire et qui n'hésite pas à tout mettre en œuvre pour se retrouver à l'hôpital et éviter d'être interrogé trop longtemps par les policiers", ajoute un gradé de la préfecture de police.
8650 euros en liquide, un saxophone à 7000 euros
Les policiers de la BAC et du service de l'accueil et de l'investigation de proximité (SAIP) du Centre ont procédé à la perquisition du logement du suspect ce mercredi, dans le XIe arrondissement, juste après son interpellation. Ils ont découvert de nombreux objets volés. "Un saxophone d'une valeur d'environ 7000 euros a été retrouvé, ainsi que près de 8650 euros en numéraire et une dizaine de sacs à main", ajoute la même source.
Le suspect doit être déféré ce vendredi et pourrait être jugé en comparution immédiate. Le parquet de Paris, que nous avons sollicité au sujet de cette affaire, n'a pas donné suite.