Lyon : Traité de «sale blanc», un homme roué de coups dans la rue alors qu'il défend sa petite amie

Un homme a été passé à tabac par plusieurs individus en pleine rue dans le centre-ville de Lyon, vendredi soir. Il venait défendre sa petite amie, prise à partie et victime de harcèlement de rue, après avoir été insultée, notamment de "sale pute" selon son récit. Les auteurs ont également traité leur victime de "sale blanc".
Lyon : Traité de «sale blanc», un homme roué de coups dans la rue alors qu'il défend sa petite amie
Illustration. (Adobe Stock)
Par Actu17
Le lundi 4 octobre 2021 à 23:11

Le récit d'Emma, une jeune femme de 26 ans, est effrayant. Elle a été interrogée par actuLyon, suite à la violente agression qu'elle a subie avec son compagnon de 33 ans, Florian, qui a été roué de coups, sur la place des Terreaux à Lyon (Ier). Vendredi soir, le couple se trouvait avec deux amis. Emma a été abordée par deux inconnus, qu'elle qualifie "de racailles", qui se sont mis à la "draguer lourdement".

La jeune femme a rappelé aux deux hommes que le harcèlement de rue était puni à la loi. Elle a alors été traitée de "sale pute" raconte-t-elle. Son petit ami, Florian, s'est approché pour mettre un terme à cette situation. Un peu plus loin, dans la rue Constantine, les quatre amis ont constaté qu'ils étaient toujours suivis. Ce n'était malheureusement que le début d'une violente agression.

« Nique-lui bien sa mère à ce fils de pute de blanc ! », aurait hurlé l'un des agresseurs. Six autres individus ont ensuite rejoint le duo. Le groupe a agressé Florian qui a été roué de coups. « Mon mec s’est pris des coups de pied sur le corps et sur la tête. Certains le frappaient et je suis sûre qu’ils ne savaient même pas pourquoi. C’était un véritable effet de meute, un acharnement gratuit, on aurait dit qu’ils voulaient juste casser du blanc », affirme Emma à nos confrères. Les auteurs ont ensuite pris la fuite.

"Je ne me sens plus la bienvenue dans ma propre ville"

Emma raconte que les sapeurs-pompiers sont arrivés les premiers et qu'elle a rappelé les policiers qui n'étaient pas encore sur place. Les forces de l'ordre n'ont ensuite pas voulu que les victimes montent dans leur voiture pour tenter de retrouver les auteurs, d'après le récit de la jeune femme. "Ils m'ont dit qu'ils ne prenaient personne dans leur véhicule et ils se sont contentés d'une description. (...) J’ai l’impression, à les entendre, qu’il y avait une très grande lassitude chez eux. Les pompiers nous ont dit que ça arrivait quasiment tous les soirs".

Florian présentait des hématomes, un œil au beurre noir, une plaie à l'arcade et souffrait de maux de tête. "Quand je raconte que je ne me sens pas en sécurité dans ma ville, je me fais taxer d’extrême droite. Mais je ne fais pas de politique et je ne suis pas raciste", insiste Emma, auprès d'actuLyon. "Je ne me sens plus la bienvenue dans ma propre ville. (...) Il y a des quartiers de Lyon dans lesquels je m'interdis de mettre les pieds en soirée car je ne m'y sens plus en sécurité du tout".

"Aujourd’hui en France, quand on est une femme, on doit baisser les yeux face aux insultes"

La jeune femme de 26 ans est revenue sur ce qui lui est arrivé, dans un long message sur Facebook : "Aujourd’hui en France, la police est tellement en sous effectif qu’il leur faut 5 minutes pour répondre au téléphone. Aujourd’hui en France, il vaut mieux de pas réagir au harcèlement de rue pour éviter de se prendre des coups. Aujourd’hui en France, des lois existent, mais ne peuvent nous protéger tant on a peur de les faire valoir. Aujourd’hui en France, on m’a dit que je n’aurais pas dû réagir, pour éviter ce type de conséquence. Aujourd’hui en France, quand on est une femme, on doit baisser les yeux face aux insultes, parce que la police n’arrive jamais assez vite. Aujourd’hui en France, on se fait insulter parce qu’on est blanc. Aujourd’hui en France, on choisit la lâcheté. On préfère éviter et ignorer plutôt que de sanctionner".