Manche : Un homme de 82 ans tué à son domicile, trois suspects écroués cinq ans plus tard

EXCLUSIF ACTU17. La victime avait été étranglée dans sa maison. Quatre suspects ont été mis en examen, en juin dernier. Parmi eux figurent le meurtrier et le commanditaire présumés.
Manche : Un homme de 82 ans tué à son domicile, trois suspects écroués cinq ans plus tard
Illustration. (Guillaume Bonnefont/IP3 Press/Maxppp)
Par Actu17
Le mardi 10 octobre 2023 à 10:35

C'est une affaire que le réalisateur Claude Chabrol, passé maître dans l’art de mettre en scène les turpitudes de la bourgeoisie de province, aurait pu porter à l’écran. Selon les informations d'Actu17, quatre personnes, soupçonnées d’avoir pris part au meurtre d'un habitant d'une petite commune de la Manche, ont été mises en examen, à la fin du mois de juin dernier, pour "homicide volontaire" et "complicité d’homicide volontaire". Trois d’entre elles ont été placées en détention provisoire. Le quatrième suspect a été placé sous contrôle judiciaire.

Le meurtre remonte au 18 juillet 2018 dans la commune d'Agneaux, limitrophe avec Saint-Lô. Les enquêteurs du service de police judiciaire de Caen n’ont pas ménagé leurs efforts pour parvenir à identifier le commanditaire et ses exécutants présumés. Un travail de longue haleine qui a fini par payer.

La victime, Elie D., 82 ans, née à Tlemcen en Algérie, avait été découverte dans son pavillon, le 19 juillet, vers 12h30 par les pompiers appelés par des proches qui n’avaient plus de nouvelles de lui depuis la veille. Les premiers policiers intervenants avaient constaté un grand désordre à l’intérieur du domicile de cet octogénaire, juriste de profession. Ces derniers avaient également relevé une puissante odeur de gaz lacrymogène en pénétrant dans les lieux.

Un prêt de 700 000 euros

Saisis des investigations, les enquêteurs de la PJ de Caen avaient rapidement appris que Elie D., décrit comme "très discret", avait prêté 700 000 € à un entrepreneur de la région. Mais ce dernier n’avait remboursé qu’une partie de sa dette. Après de multiples recherches et analyses, notamment sur des empreintes génétiques prélevées sur la scène de crime, les limiers de la PJ identifient un numéro de téléphone attribué à l’emprunteur de la victime, mais utilisé par un autre homme.

Interpellé, ce dernier est placé en garde à vue, le 21 juin. Son ADN correspond à celui retrouvé sur le corps de Elie D. Ce suspect passe aussitôt aux aveux : il explique qu’il a été "recruté" par l’entrepreneur-emprunteur afin de s’en prendre à la victime et, surtout, de récupérer les documents liés à cette dette de 700 000 €. Le même aurait également précisé s’être présenté chez Elie D., grimé avec une perruque de couleur rouge, et accompagné d’un complice.

La victime frappée et étouffée

"Face au retraité, il a indiqué l’avoir aspergé de gaz lacrymogène avant de lui porter un violent coup au niveau du cou", confie une source judiciaire. "Toujours selon ses déclarations, son complice se serait jeté sur la victime, tombée au sol, avant de l’étouffer. Les deux comparses se seraient ensuite emparé des documents liés à cet emprunt de 700 000 €".

D'après nos informations, le commanditaire de ce meurtre, Charles L., 61 ans, se serait rendu sur place afin de constater que Elie D. était mort. L’instigateur présumé, son épouse et le second complice présent sur les lieux du crime ont été interpellés, le 26 juin, avant d’être entendus par la PJ de Caen. Les trois auraient nié leur participation aux faits.

Charles L. n’est pas un inconnu dans la région. Dirigeant de nombreuses sociétés, - qui ont toutes périclité -, dans des secteurs aussi divers que variés, allant de la boulangerie à la location de logements, il a également investi dans le domaine hippique en devenant propriétaire d’un cheval de course. Contacté, l’entraîneur de son cheval, engagé dans plusieurs courses depuis le mois de septembre, confie qu’il "le connaissait juste en tant que propriétaire". "Je sais qu'il avait des appartements", ajoute-t-il. "Mais je ne sais pas ce qu’il s’est passé. Je ne connais pas l'affaire".