Paris : Interpellé pour violences, il aurait craché du sang au visage du policier, affirmant avoir le sida

Une vidéo amateur montrant Clément F., 20 ans, interpellé au cours de la manifestation des Gilets jaunes à Paris ce samedi, a été largement partagée ces dernières heures sur les réseaux sociaux. L'homme venait d'être arrêté pour des faits de violences volontaires sur personnes dépositaires de l'autorité publique.
Paris : Interpellé pour violences, il aurait craché du sang au visage du policier, affirmant avoir le sida
Une vidéo montrant les suites de l'interpellation de Clément F. a été diffusée sur les réseaux sociaux. (captures écran vidéo Pat Ricia/Facebook)
Par Actu17
Le lundi 20 janvier 2020 à 14:33 - MAJ lundi 20 janvier 2020 à 15:07

Les images ont déclenché une double enquête mais également une polémique. L'Inspection générale de la police nationale (IGPN) a été chargée de mener une enquête judiciaire ouverte par le parquet de Paris et une enquête administrative a été confiée par la préfecture de police « au service d’évaluation et de contrôle ».

Sur cette vidéo de 40 secondes, il est possible d'apercevoir un jeune homme allongé sur le dos, au milieu d'un périmètre de sécurité mis en place par les forces de l'ordre. Ce dernier qui a le visage ensanglanté, semble cracher sur le policier accroupi devant lui. La séquence montre ensuite le policier de dos, qui porte deux coups au jeune homme.

Clément F. âgé de 20 ans et originaire de l'Ille-et-Vilaine, était déjà interpellé au moment de cette vidéo, pour le motif de violences volontaires sur plusieurs membres des forces de l'ordre nous indiquent des sources policières.

Des jets de projectiles et une charge

Peu avant son arrestation, le cortège des Gilets jaunes venait d'arriver rue du Faubourg Saint-Martin, à proximité de la gare de l'Est (Xe). Le dispositif de police a alors constaté qu'un groupe d'individus qui se trouvait dans le cortège, essayait de s'en écarter pour partir dans une autre direction.

Craignant une "manifestation sauvage" dans un climat qui était déjà très tendu, des CRS ont été placés en barrage fixe afin d'empêcher le groupe de s'engager dans une autre rue selon ces mêmes sources.

Le positionnement de ces policiers a empêché ces personnes de quitter le cortège. C'est alors que les CRS ont reçu de nombreux projectiles, dont des bouteilles en verre et des pavés. Une charge a été ordonnée afin de disperser le groupe hostile et violent. Clément F. qui avait déjà été repéré par les forces de l'ordre puisqu'il dissimulait son visage, a alors profité de la charge policière pour jeter une bouteille pleine en verre sur un policier. Le fonctionnaire a été blessé à l'épaule.

Il frappe un policier en arrivant dans son dos

Le mis en cause a ensuite tenté de se dissimuler, puis de prendre la fuite en courant, mais il a été suivi par les forces de l'ordre selon leur récit, malgré l'importante foule. Le jeune homme s'en est ensuite pris à un officier de police de la Compagnie de sécurisation et d'intervention (CSI) de Paris qui venait d'interpeller un individu, et l'a frappé à coups de poing dans le dos et au niveau de la tête, mais également à coups de pied.

Plusieurs policiers de la CSI sont arrivés à sa hauteur et l'ont maîtrisé puis interpellé. Clément F. s'est rebellé, hurlant pour attirer l'attention des personnes autour de lui, puis s'est jeté au sol. "Il a essayé d'échapper à son interpellation en sollicitant ses amis et en hurlant qu'il était victime de violences alors que le climat était déjà très tendu. Les policiers étaient encerclés et pris à partie par la foule à chacune de leurs interventions", nous précise une source proche de l'enquête.

C'est au cours de son interpellation qu'il se serait blessé au cuir chevelu, provoquant des saignements. Un périmètre de sécurité a ensuite été mis en place pour que les interpellés, dont Clément F., puissent être isolés du reste des manifestants. Ce dernier est resté allongé sur le dos sans être menotté, en attendant l'arrivée des pompiers suite à ses saignements.

"J'ai le sida, tu vas crever"

Un policier de la CSI explique dans son rapport qu'il s'est approché du jeune homme de 20 ans afin de déterminer l'origine de ses blessures. C'est à ce moment-là que Clément F. a raclé sa gorge puis lui a craché du sang au visage.

 

Le fonctionnaire qui était équipé d'un cougar et d'un équipement complet de maintien de l'ordre a indiqué qu'il avait porté un coup avec sa main ouverte, au mis en cause, qui était de nouveau entrain de racler sa gorge.

Ce dernier lui a alors déclaré, selon le policier : "J'ai le sida, tu vas crever". Clément F. aurait de nouveau craché sur ce même policier qui venait de demander de l'aide à ses collègues. Le fonctionnaire raconte lui avoir porté un second coup, craignant que l'interpellé ne continue à cracher du sang.

Clément F. a ensuite été placé sur le ventre et a eu les mains attachées avec un serflex, il s'agit d'un collier de serrage en plastique qui peut se substituer aux menottes, plus lourdes et plus encombrantes. Le jeune interpellé a été ensuite pris en charge par les pompiers puis placé en garde à vue.

Quatre plaintes

Selon nos informations, quatre policiers ont déposé plainte contre Clément F., pour violences ainsi que pour rébellion. Face aux enquêteurs, le mis en cause a jusqu'ici gardé le silence, refusant de s'exprimer. Il a également refusé d'être soumis à une prise de sang.

Les policiers ont décrit un individu visiblement "habitué" aux débordements et aux violences durant les manifestations et qui a agi méthodiquement lorsqu'il caillassait les policiers, se dissimulant derrière des personnes ou des panneaux publicitaires lorsqu'il passait à l'acte. L'homme n'est toutefois pas "fiché" comme étant proche de la mouvance black bloc.

A l'hôpital, 4 jours d'Incapacité totale de travail lui ont été délivrés. Deux des policiers ont quant à eux reçu un jour d'ITT chacun, celui qui a reçu la bouteille pleine sur l'épaule, et l'officier frappé par le mis en cause.

Le policier sous trithérapie

Le fonctionnaire de la CSI qui a reçu les deux crachats de Clément F. a été pris en charge par l'hôpital d'instruction des armées Bégin. Il suit désormais une trithérapie et ne sait toujours pas si l'interpellé est porteur d'une maladie ou du virus du sida comme il l'a affirmé.

L'enquête judiciaire de l'IGPN devra déterminer si le policier visé par ces crachats a agi dans le cadre de la loi et donc avec une force légitime. Clément F. doit être déféré au parquet ce lundi après-midi.