Le samedi 20 juin 2020 à 13:52
La machine judiciaire toulousaine s'est mise en route pour retrouver les auteurs du vol d'un smartphone, commis jeudi 11 juin dernier, les enquêteurs multipliant les réquisitions et les recherches.
Et pour cause : il s'agissait du téléphone de permanence du parquet. L'appareil était utilisé par les magistrats pour rester en lien avec les policiers dans le cadre du suivi des procédures, mais aussi pour communiquer avec les journalistes, relate La Dépêche.
L'une des vice-procureures de permanence s'est rendu compte de la disparition du précieux appareil au retour de sa pause déjeuner, près du palais de justice. Le téléphone avait disparu de son sac à main, et il ne se trouvait pas non plus au restaurant.
Les voleurs repérés grâce aux caméras
Vu le caractère sensible des données qu'il contient, une enquête a été ouverte et les policiers se sont rapidement mis en quête de tous les éléments possibles pour identifier les voleurs. Ils ont notamment exploité les enregistrements de la vidéoprotection de la ville et ont pu voir ce qui s'était exactement produit.
La magistrate, qui ne s'est rendu compte de rien sur le moment, s'apprêtait à traverser sur l'allée Jules Guesde à Toulouse (Haute-Garonne) lorsque trois jeunes gens, capuches sur la tête, se sont approchés. Discrètement, l'un d'eux a plongé sa main dans le sac, avant que le trio ne prenne la fuite par le tramway.
Les enquêteurs ont obtenu les enregistrements des caméras de l'exploitant des transports en commun Tisséo, qui leur ont permis de suivre le trio à la trace. Dès le lendemain, les trois suspects ont été interpellés et placés en garde à vue. Ils n'étaient alors déjà plus en possession du téléphone qui avait été revendu à la hâte.
Des moyens « énormes » mis en œuvre, pour la défense
Ils ont ensuite été déférés au parquet, l'ironie de l'histoire étant qu'il s'agit aussi de la « victime » de ce vol. Le mineur de ce trio et un autre suspect ont été placés sous contrôle judiciaire, tandis que le troisième a été incarcéré. Les deux majeurs ont comparu devant le tribunal correctionnel de Toulouse, lundi.
Pour la défense, les moyens d'enquête mis en œuvre pour un « simple vol de portable » sont « énormes ». Le procureur de la République Thierry Pons a assuré que les importantes investigations déployées ont été les mêmes que pour n’importe quel autre vol à la tire. Il a toutefois requis des peines « exemplaires » de 13 mois et 16 mois de prison.
Mais les avocats des deux prévenus, Maîtres Katia Ouddiz-Nakache et Gil Machado-Torres, n'en démordent pas : « Il y a quand même un décalage entre de telles réquisitions 'exemplaires' et le discours qui consiste à dire 'On aurait fait cela pour M. Tout le monde' ». Ils ont précisé que leurs clients vivent dans une grande précarité et n'ont pas ou peu d'antécédents judiciaires.
Ils ont vraisemblablement été entendus, car l’un des prévenus a été totalement relaxé. Le second, qui a été vu la main dans le sac a écopé de 2 mois d’emprisonnement et un sursis de 4 mois a été révoqué. Il a été maintenu en détention. Le parquet, pour sa part, a dû se doter d'un nouveau smartphone et a récupéré son numéro.