Féminicide à Oberhoffen-sur-Moder : «J'ai eu le temps de voir ma mère se prendre le dernier coup de couteau»

Sylvia Walter, une femme de 40 ans, a été tuée à coups de couteau par son mari à Oberhoffen-sur-Moder (Bas-Rhin), ce dimanche soir. La fille de la victime, Stella, raconte avoir assisté aux derniers moments de sa mère.
Féminicide à Oberhoffen-sur-Moder : «J'ai eu le temps de voir ma mère se prendre le dernier coup de couteau»
Illustration. (pixabay)
Par Actu17
Le mardi 12 novembre 2019 à 11:39

Il s'agirait du 131ème féminicide en France depuis le début de l'année. Sylvia Walter a reçu plusieurs coups de couteau ce dimanche soir alors qu'elle se trouvait au domicile familial. Elle est décédée dans les bras de sa fille venue à son secours.

L'auteur présumé des faits qui est le mari de la victime, a été interpellé alors qu'il tentait de mettre fin à ses jours. Jacqui Walter, 58 ans, a été placé en garde à vue et pourrait être mis en examen ce mardi.

Il y a deux mois, Sylvia Walter avait déposé une main courante, ainsi qu’une plainte un mois plus tard, pour des faits de violences. Son compagnon devait être entendu par les gendarmes suite à ses dépositions, en décembre prochain. Selon Les Dernières Nouvelles d'Alsace, elle avait également déposé plainte pour des menaces de mort et son mari devait être entendu par les gendarmes au mois de décembre prochain.

"Cela fait trois, quatre ans qu'elle est rouée de coups"

Stella a témoigné auprès de France Bleu et raconte avoir vu sa mère "se prendre le dernier coup de couteau dans la carotide". "Cela fait trois, quatre ans qu'ils étaient ensemble. Cela fait trois, quatre ans qu'elle est rouée de coups, qu'elle n'a jamais voulu en parler par peur pour elle et pour le défendre. On voit où ça mène aujourd'hui", explique-t-elle.

Il était 23 heures lorsque sa mère l'a appelée en lui disant "à l'aide" car son mari avait "de nouveau caché un couteau". "J'ai entendu crier, je suis partie dans ma voiture, j'ai mis trois minutes à venir de Bischwiller. Les gendarmes de Bischwiller, qu'on a appelés avant de partir, ont mis une demi-heure à arriver", confie la jeune femme encore sous le choc.

"Elle s'est relevée, est venue vers moi et c'était fini"

Stella explique qu'elle a fracturé la porte pour entrer rapidement : "J'ai eu le temps d'escalader le portail, de fracturer la porte pour essayer d'entrer, pour voir ma mère prendre le dernier coup de couteau dans la carotide. Elle s'est relevée, est venue vers moi et c'était fini".

"C'est bien beau de porter plainte, mais ça n'aide pas"

Elle dénonce également l'absence de réaction des pouvoirs publics malgré un dépôt de plainte que sa mère avait fait. "Personne n'a voulu nous écouter, personne n'a voulu nous aider. A part des "portez plainte madame". « C'est bien beau de porter plainte, mais ça n'aide pas. On lui dit, 'madame il faut que vous partiez' ». "Mais elle leur répond "je suis chez moi aussi, j'ai mon chien, j'ai ma vie ici, je ne peux pas partir".

"Alors on la raccompagne sur le canapé et on lui dit bonne nuit madame. Le lendemain, on n'est même pas sûr qu'elle se réveille. C'est ce qui est arrivé cette nuit", poursuit Stella.

Selon le collectif « Féminicides par compagnons ou ex », il s’agit du 131e féminicide en France depuis le début de l’année. Stella souhaite organiser une marche blanche en hommage à sa mère, à Oberhoffen-sur-Moder, dans les prochains jours précise France Bleu.