Jonathan Meijer, le «Superdonneur» à l'origine de 550 enfants, condamné à ne plus donner son sperme

L'affaire Jonathan Meijer, surnommé le "Superdonneur", a révélé les failles du système de don de sperme et soulevé des questions éthiques et morales. Condamné pour abus de confiance et pour avoir dépassé la limite légale de naissances issues de ses dons, Jonathan Meijer a engendré une prise de conscience internationale sur la nécessité de réguler et encadrer cette pratique.
Jonathan Meijer, le «Superdonneur» à l'origine de 550 enfants, condamné à ne plus donner son sperme
Jonathan Meijer dans une vidéo YouTube en février 2023. (capture écran)
Par La Rédaction
Le lundi 1 mai 2023 à 19:25

Le tribunal de La Haye (Pays-Bas) a condamné Jonathan Meijer, surnommé le "Superdonneur", à ne plus donner son sperme après avoir engendré au moins 550 à 600 enfants grâce à ses dons rapportent les médias locaux. Cette décision fait suite à une plainte déposée par la Fondation Donorkind et des parents concernés. En cas de non-respect de l'interdiction, Jonathan Meijer devra payer une amende de 100 000 euros pour chaque nouvel enfant conçu.

Jonathan Meijer, 41 ans, a enfreint la législation néerlandaise qui fixe une limite maximale de 25 enfants par donneur. En 2017, il avait déjà été interdit de dons par la Société nationale d'obstétrique et de gynécologie après avoir favorisé la naissance d'une centaine de bébés. Malgré cela, il a continué à proposer ses services en ligne et à des cliniques étrangères, ce qui a conduit les autorités à estimer qu'il pourrait être à l'origine de près de mille naissances sur plusieurs continents.

Lors du procès, l'avocat des plaignants, Maître Mark de Hek, a déploré que de nombreux parents aient été entraînés, à leur insu, dans "une expérimentation sociale étrange" par un homme qui leur avait menti délibérément sur le nombre de naissances qu'il avait favorisées. Les plaignants ont également soulevé les risques de consanguinité et de problèmes psychologiques pour les enfants nés de ces dons.

Il affirme être en contact avec plusieurs des enfants

Jonathan Meijer, qui se présente comme un homme issu d'une famille nombreuse, a évoqué sa volonté d'aider des couples stériles et le droit de chacun à donner la vie. Lui-même et son avocat, Richard van der Zwan, ont qualifié la demande des plaignants de "castration juridique". Jonathan Meijer a affirmé qu'il n'offrait plus son sperme qu'à des familles comptant déjà un ou plusieurs enfants de lui et a assuré qu'il était en contact avec bon nombre de ces enfants, favorisant les relations entre eux.

Le profil de Jonathan Meijer intrigue, notamment en raison de ses opinions complotistes et anti-médecine. Il a publié sur YouTube des vidéos où il parle du pouvoir des pierres, de son régime alimentaire à base de produits crus, et affirme ne pas croire en la théorie de l'évolution, mais "en Dieu et en la nature".

Les dons de sperme de Jonathan Meijer remontent à 2007. Malgré les restrictions légales aux Pays-Bas, il a réussi à contourner les règles en utilisant de fausses identités et en faisant des dons à l'étranger, notamment en Allemagne, en France et en Belgique. Les autorités ont été lentes à réagir, en partie à cause de l'absence d'un registre national des donneurs de sperme.

Les experts appellent à la mise en place d'une base de données

La condamnation de Jonathan Meijer a suscité un débat sur la nécessité de renforcer les régulations en matière de don de sperme et de coopération internationale pour prévenir les abus. Les experts appellent à la mise en place d'une base de données centralisée et à des protocoles d'échange d'informations entre les pays afin de suivre et contrôler les donneurs. Ils estiment que des normes plus strictes devraient être appliquées pour limiter le nombre de naissances par donneur, afin de minimiser les risques de consanguinité et d'autres problèmes potentiels.

Les associations de donneurs et de parents concernés plaident également pour une plus grande transparence et un meilleur encadrement du don de sperme. Ils demandent que les donneurs de sperme soient soumis à un suivi médical et psychologique régulier et que les informations sur le nombre de naissances par donneur soient mises à disposition du public.

Le cas de Jonathan Meijer a attiré l'attention des médias et a suscité des inquiétudes sur les pratiques peu réglementées du don de sperme, qui peuvent conduire à des situations comme celle-ci. Certains pays, comme la Suède et le Royaume-Uni, ont déjà mis en place des registres nationaux des donneurs de sperme pour mieux suivre les donneurs et les naissances issues de ces dons. Il est possible que d'autres pays suivent cet exemple à la lumière de cette affaire.

Quant à Jonathan Meijer, sa condamnation a été accueillie avec soulagement par les plaignants et les associations de donneurs, qui considèrent cette décision comme une avancée significative dans la protection des droits des parents et des enfants nés de dons de sperme. Ils espèrent que cela servira d'exemple pour empêcher d'autres donneurs de profiter des failles dans le système.

Le "Superdonneur" reste toutefois un personnage controversé. Son histoire soulève des questions éthiques et morales sur la responsabilité des donneurs de sperme, la régulation du don de sperme et les droits des enfants issus de ces dons.