Le mardi 23 août 2022 à 11:21
Un homme présenté comme un journaliste a été assassiné lundi au Mexique, où une douzaine de photographes, informateurs ou commentateurs de la vie locale dénonçant la collusion des élus avec le crime organisé ont été tués depuis le début de l'année.
Fredid Roman a été tué par balle à Chilpancingo dans l’État du Guerrero (sud-ouest), a indiqué le parquet local en annonçant l'ouverture d'une enquête. Quelques heures avant son assassinat, M. Roman avait publié sur Facebook un texte intitulé "crime d’État sans inculper le chef".
Il revenait sur le récent rapport du gouvernement qualifiant de "crime d’État" la disparition des 43 étudiants d'Ayotzinapa (Guerrero) en septembre 2014.
Citant un "témoin protégé", M. Roman mentionnait une réunion présumée entre quatre responsables de l'époque, dont l'ex-procureur général Jesus Murillo Karam, en détention provisoire pour "disparition forcée" depuis la publication du rapport la semaine dernière, et l'ex-gouverneur du Guerrero. Il citait également le chef de la police fédérale de l'époque dans le Guerrero, Omar Garcia Harfurch, actuel chef de la police de Mexico, et un fugitif en Israël dont le Mexique demande l'extradition.
Au moins quinze journalistes tués depuis le début de l'année selon la presse
Douze journalistes ont été tués au Mexique depuis le début de l'année, d'après le gouvernement. L'ONG Reporters sans frontières (RSF) n'en recense que neuf. Des médias avancent le chiffre de quinze ou seize. Les victimes sont souvent des journalistes en situation précaire, qui exercent d'autres activités pour vivre. Il peut s'agir aussi de commentateurs de la vie politique locale qui dénoncent la collusion entre les élus et le crime organisé.
La plupart des assassinats de journalistes restent impunis et surviennent dans des zones affectées par le narcotrafic.
"La collusion entre les autorités et le crime organisé constitue une grave menace pour la sécurité des journalistes", selon RSF. "Le président López Obrador n’a toujours pas entrepris les réformes nécessaires pour endiguer cette violence et l’impunité qui l’entoure", a déploré l'ONG.
Avec 150 journalistes tués depuis 2000, d'après RSF, le Mexique est considéré comme l'un des pays en paix les plus dangereux pour la presse.