Tuerie au Texas : La police reconnait avoir pris une «mauvaise décision» en différant son intervention

Dix-neuf policiers ont préféré attendre une unité d’intervention de la police aux frontières durant environ une heure, avant de neutraliser le tueur. "C'était la mauvaise décision" a finalement reconnu ce vendredi Steven McCraw, un responsable de la police.
Tuerie au Texas : La police reconnait avoir pris une «mauvaise décision» en différant son intervention
Steven McCraw, directeur du département de la sécurité publique du Texas, lors d'une conférence de presse, le 27 mai à Uvalde, au Texas. (AFP)
Par Actu17 avec AFP
Le samedi 28 mai 2022 à 00:13

La police a pris une "mauvaise décision" en n'entrant pas rapidement dans l'école d'Uvalde où s'était retranché dans une classe un tireur qui y a commis un massacre, a reconnu vendredi un haut responsable texan. "Avec le recul, maintenant, bien sûr que ce n'était pas la bonne décision. C'était la mauvaise décision, point final", a déclaré Steven McCraw, directeur du département de la sécurité publique du Texas, lors d'une conférence de presse tendue. "Si je pensais que ça pouvait aider, je m'excuserais", a-t-il dit, très ému.

Dix-neuf agents sur place ont attendu une unité d'intervention de la police aux frontières, environ une heure après que le tireur, Salvador Ramos, se fut introduit mardi dans le bâtiment. L'adolescent d'à peine 18 ans a tué 19 enfants et deux enseignantes. Pressé par les journalistes d'expliquer ce délai d'intervention très critiqué, le responsable a affirmé que les forces de l'ordre pensaient "qu'il n'y avait peut-être plus de survivant".

La police a néanmoins reçu de nombreux appels de plusieurs personnes se trouvant dans les deux salles de classe touchées, dont un d'une enfant à 12h16, plus d'une demi-heure avant l'intervention de la police à 12h50, prévenant que "huit à neuf élèves étaient vivants", a déclaré M. McCraw. Lors de l'un de ses appels, cette élève, qui avait prévenu qu'il y avait plusieurs morts, a demandé : "s'il vous plaît, envoyez la police maintenant".

Lors d'une autre conférence de presse vendredi après-midi, le gouverneur du Texas Greg Abbott a dit avoir été "induit en erreur" sur la réponse policière par des informations initiales inexactes. "Cela me rend livide", a-t-il dit.

Trump attendu à Houston

A quelques heures de route de là, le premier lobby américain des armes, la National Rifle Association (NRA), a lancé sa convention annuelle à Houston, secouée par une polémique due au timing de l'événement, ce qui a poussé des politiciens et des stars de la musique country à annuler leur venue. "Ces tragédies nous tordent l'estomac", a déclaré vendredi Wayne LaPierre, le dirigeant de la NRA, en ouverture de la conférence. Mais "restreindre les droits humains les plus basiques permettant aux Américains de se défendre n'est pas la solution, et ne l'a jamais été", a-t-il ajouté.

L'ancien président Donald Trump et le sénateur conservateur Ted Cruz devaient prendre la parole à sa suite. Signe du malaise autour de cette convention, plusieurs stars de la country ont aussi choisi de ne pas venir. Parmi elles, le chanteur Don McLean, connu pour sa chanson "American Pie", qui a jugé qu'il serait "irrespectueux" pour lui de s'y produire. Autre absent notable, le fabricant du fusil semi-automatique AR-15 utilisé par l'auteur de la fusillade.

Dans les allées du vaste palais des congrès rempli de stands de fabricants, des milliers d'amateurs d'armes déambulaient, examinaient des fusils et rejetaient de nouvelles restrictions. "Personnellement, je pense qu'il faudrait davantage d'éducation sur les armes", a expliqué à l'AFP Lisy, 31 ans, une ancienne militaire qui cherche à trouver un nouveau pistolet à glisser sous sa jupe, car "il fait trop chaud pour les pantalons au Texas".

La NRA, qui revendique 5 millions de membres, a précisé que pour assurer la sécurité de M. Trump - à qui l'organisation a donné des dizaines de millions de dollars lors de ses deux campagnes présidentielles - les armes à feu seraient interdites dans la salle.

«Nouveau Sandy Hook»

A l'extérieur du bâtiment, des manifestants se sont rassemblés avec des pancartes appelant à l'interdiction des fusils d'assaut ou demandant "arrêtez de tuer des enfants". Sur une scène bondée, le démocrate Beto O'Rourke, qui affrontera Greg Abbott aux élections pour le poste de gouverneur en novembre, a appelé à la mi-journée la foule à l'"action" contre les armes à feu. "La vie de nos enfants est réellement en jeu dans l'isoloir", a-t-il lancé.

Dans une scène inhabituelle, signe de la tension grandissante sur la question des armes, il avait interrompu le gouverneur mercredi, en pleine conférence de presse, l'accusant d'être responsable du drame. La fusillade, qualifiée de "nouveau Sandy Hook" dans la presse américaine, en référence à l'effroyable massacre dans une école primaire du Connecticut en 2012, a réveillé les traumatismes de l'Amérique.

Les visages des très jeunes victimes, âgées de 11, 10 et 9 ans, diffusés en boucle à la télévision, et les témoignages de leurs proches effondrés ont ému le pays, relançant une vague d'appels à mieux réguler les armes à feu. Ce mouvement a peu de chances de se traduire en actes, étant donné l'absence d'espoir d'une adoption par le Congrès d'une loi nationale ambitieuse sur la question.