Le jeudi 16 juin 2022 à 21:18
Un juge fédéral a demandé jeudi au gouvernement de Joe Biden de dire rapidement s'il compte requérir la peine capitale contre le jeune suprémaciste blanc qui a tué dix Afro-Américains le 14 mai dans un supermarché de Buffalo.
Inculpé la veille de "crime raciste" par la justice fédérale, Payton Gendron, 18 ans, a comparu jeudi pour la première fois devant le juge Kenneth Schroeder dans un tribunal fédéral de Buffalo, près de la frontière avec le Canada.
Lors de cette audience de procédure, il a assuré être sans emploi et n'avoir que 16 dollars sur son compte bancaire et a demandé à bénéficier d'une aide juridictionnelle. Le magistrat lui a accordé les services d'un avocat commis d'office et a souligné que son dossier risquait de coûter cher aux contribuables. "Quand la peine de mort est possible, les avocats de la défense ont une responsabilité encore plus grande" et réclament rapidement des expertises notamment psychiatriques ou numériques, a-t-il expliqué.
"J'espère que le ministère de la Justice prendra une décision rapide sur ce point, afin que nous sachions aussi vite que possible s'il compte réclamer la peine capitale et quel budget allouer", a poursuivi le juge Schroeder. Un procureur fédéral a répondu que la décision serait prise par le ministre de la Justice Merrick Garland "après un processus rigoureux, équitable et aussi rapide que possible". La veille, le ministre avait laissé la porte ouverte à cette option et précisé qu'il consulterait "les familles des victimes" avant de se prononcer.
Le président démocrate Joe Biden a pourtant promis pendant sa campagne de travailler pour abolir la peine de mort au niveau fédéral et son ministre de la Justice avait décrété peu après l'élection un moratoire sur les exécutions fédérales. Payton Gendron fait par ailleurs l'objet de poursuites pour "terrorisme intérieur" et "assassinats" devant la justice de l’État de New York, qui a aboli la peine de mort en 2004.
«Tuer autant de Noirs que possible»
Le 14 mai, après des mois de préparatifs, le jeune homme s'était rendu dans un supermarché de Buffalo en tenue de combat, armé d'un fusil semi-automatique de type AR-15 et d'une caméra diffusant ses actes en direct sur internet. Il avait progressé méthodiquement sur le parking puis dans le magasin, tirant sur les clients et les employés. Il avait fait dix morts et trois blessés, presque tous noirs.
Selon des documents judiciaires, il avait effectué des repérages sur place et couché son plan dans un "manifeste" raciste et complotiste. Son but, avait-il écrit, était de "tuer autant de Noirs que possible". Les États-Unis sont encore sous le choc de cette tuerie et du massacre au fusil semi-automatique dans une école d'Uvalde au Texas de 19 enfants et deux enseignantes ont été tués le 24 mai par un autre jeune de 18 ans avant qu'il ne soit abattu par la police.