Le lundi 14 mars 2022 à 16:33 - MAJ mardi 15 mars 2022 à 11:13
Une traque était engagée lundi à New York et Washington pour retrouver un homme accusé d'une série d'attaques nocturnes sur des sans-abri endormis, dont deux ont été tués et trois blessés par ses balles. "Un tueur impitoyable est en liberté, mais nous allons l'arrêter et le mettre en prison", ont déclaré les maires démocrates des deux métropoles dans un communiqué commun.
"C'est urgent : il ne doit pas blesser ni tuer qui que ce soit d'autre", ont poursuivi les édiles de New York, Eric Adams, et Washington, Muriel Bowser qui, fait rare, ont participé lundi soir à une conférence de presse conjointe. A l'unisson, ils ont appelé les sans domicile fixe de leurs villes à se mettre à l'abri dans des refuges en attendant que le tueur soit mis hors d'état de nuire.
Présentant de nombreuses images du suspect, un homme barbu, mince et plutôt jeune, au crâne rasé, ils ont promis jusqu'à 70 000 dollars de récompenses pour toute information permettant de l'identifier. Il est, selon les autorités, responsable d'au moins cinq attaques perpétrées "de sang froid" avec le "même mode opératoire" contre des hommes qui dormaient dans la rue.
Pour s'assurer qu'il n'a pas fait d'autres victimes, les enquêteurs ont contacté leurs homologues dans tout le pays, a précisé la cheffe de la police de New York, Keechant Sewell. Les SDF "se battent déjà au quotidien pour survivre", a-t-elle relevé, en promettant d'arrêter "rapidement" leur bourreau.
Sac de couchage
Les deux premières attaques ont eu lieu les 3 et 8 mars dans le nord-est de la capitale américaine. Les victimes, blessées par balle, ont survécu. Mercredi 9, toujours à Washington, les secours sont intervenus parce que la tente d'un SDF était en feu. A l'intérieur, ils ont trouvé le corps d'un homme décédé. L'autopsie a montré qu'il avait succombé à plusieurs coups de feu et de poignard. Selon les enquêteurs, le tueur s'est ensuite rendu à New York, à environ 400 km au nord.
Samedi, au petit matin, un homme de 38 ans a été retrouvé blessé par balle mais vivant, dans le sud de Manhattan. En fin d'après-midi, les policiers ont retrouvé un autre homme dans le même quartier, cette fois sans vie, avec des blessures à la tête et au cou. D'après des images de vidéosurveillance, le suspect lui a tiré dessus vers 6H00 du matin, peu de temps après l'attaque précédente.
Ces images montrent un homme habillé en noir, la tête recouverte d'une capuche et les mains de gants bleus. Il tourne autour d'un homme emmitouflé dans un sac de couchage jaune, lui donne de petits coups de pied pour vérifier qu'il dort, jette un œil aux alentours, avant de tirer.
D'après Robert Contee, le chef de la police de Washington, c'est en voyant ces images qu'un de ses enquêteurs a fait le lien entre les deux séries d'attaques, une avancée "énorme" selon lui.
"En danger"
Des milliers de personnes dorment dans les rues de New York chaque nuit et le maire démocrate a annoncé en février un plan pour déloger ceux qui s'installent dans le gigantesque réseau souterrain de métro. Eric Adams réagissait alors à une série d'actes criminels qui avaient fait la Une, dont la mort d'une femme poussée sur les rails du métro par un sans-abri atteint de troubles psychiques.
Hostiles à ce projet, les associations de défense des sans-abri lui ont imputé une part de responsabilité dans les récents drames. Les SDF "ont bien plus de chance d'être des victimes de crimes que leurs auteurs", a notamment réagi la Coalition pour les sans-abri, en appelant le maire "à reconnaître que ses politiques les mettent en danger". Ce dernier a refusé d'entrer dans la polémique, se bornant à déclarer qu'"il n'y a rien de digne à dormir sur des quais de métro".
A Washington, le nombre de sans-abri a également augmenté depuis le début de la pandémie et les associations accusent les autorités d'avoir démantelé plusieurs campements, installés parfois à quelques encablures de la Maison Blanche.
Croisé par l'AFP dans un refuge près du Congrès, Troi, un Afro-Américain de 53 ans qui a vécu cinq ans à la rue, se disait affecté par cette vague de crimes mais pas surpris : "Ça fait mal quand c'est proche de vous", mais "tellement de choses négatives arrivent aux sans-abri..."